La voile n’est pas un monde de stars. A part les spécialistes, qui peut citer le nom du dernier vainqueur du Vendée Globe ? Pour le grand public, pas sûr que le nom de Yannick Bestaven soit souvent évoqué par tout le monde. En revanche, Jean Le Cam a réussi à devenir un visage connu de l’épreuve.
Il y a quatre ans, il avait signé une très belle quatrième place, embellie par son sauvetage de Kevin Escoffier, qui lui avait valu un coup de téléphone personnel d’Emmanuel Macron. Mais sur cette édition, à part son bref passage en tête lorsqu’il avait pris une route à l’est dans l’Atlantique, Le Cam navigue dans un certain anonymat.
Alors qu’il a toujours terminé entre la 2e et la 6e place lors de ses cinq premières participations, sauf la fois où il a abandonné, Le Cam bataille cette fois… pour la 18e place. Et pour ce qui risque d’être son dernier Vendée Globe, c’est assez difficile à vivre. « Mais la déception de voir les bateaux à foils (ces appendices qui permettent de voler) dominer à ce point son Imoca à dérives devait aussi lui peser. Pour le marin-constructeur, c’est l’illustration d’un pari perdu, lancé après l’arrivée du Vendée 2020-2021 », écrivait ce week-end la Tribune Dimanche au sujet du « Roi Jean. »
Le Cam premier des bateaux à dérives, mais…
Alors qu’il rivalisait avec les foilers il y a quatre ans, Le Cam doit simplement se satisfaire d’être le premier des bateaux à dérives, ce qui lui sert de lot de consolation. « Bien sûr que je tiens à cette place, assurait-il début décembre, après un mois de course. On est un petit groupe sympa, on est dans notre Vendée Globe à nous. »
Malheureusement, cette subtilité technique peut échapper à ceux qui ne suivent que d’assez loin ce Vendée Globe. « La différenciation foiler vs dérive est un truc de spécialiste. Le grand public s’en fout, les spécialistes n’ont pas besoin d’un classement, on le fait nous-mêmes », a ainsi jugé sur Twitter le très respecté Michel Desjoyaux, seul double vainqueur de l’histoire du Vendée Globe.
Pour autant, que Le Cam soit en tête de ce classement secondaire, ce n’est pas non plus un exploit, car son Tout commence en Finistère – Armor-Lux, s’il reste basé sur un modèle à l’ancienne (sans foils), est tout de même un bateau neuf, mis à l’eau en 2023 pour ce Vendée Globe. Ce qui amène cette réflexion à Desjoyaux: « Ben c’est la moindre des choses, qu’il soit devant ! Il est face à des bateaux qui ont 15 ans de plus ! »