Les étudiants qui louent des appartements du Crous en Île-de-France devront faire face à une situation difficile lors des Jeux Olympiques de Paris-2024. Le Crous a annoncé que ces étudiants devraient libérer leur logement pendant la période des Jeux afin de loger des volontaires et des partenaires mobilisés pour l’événement. Cette décision a suscité de vives réactions parmi les étudiants concernés.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent un événement d’exception pour la France. Dans cette perspective, les Crous d’Île-de-France, notamment le Crous de l’académie de Versailles (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), se mobilisent afin de contribuer à la réussite de cette manifestation sportive de grande envergure. Clément Cadoret, le directeur général délégué du Cnous (Centre national des Œuvres Universitaires et Scolaires), invité sur BFMTV le 12 mai, a déclaré qu’une dizaine de résidences était concernée sur les 150 d’Île-de-France (soit environ 7% des résidences), ce qui pouvait impacter près de 3000 étudiants. David Martinez, responsable de la mission de la communication au Cnous, a souligné que durant l’été, période sans cours, de nombreux logements publics gérés par les Crous ne sont pas occupés (30% des logements vacants à cette période). Or, pour les mois de juillet et août 2024, les besoins en logement seront exceptionnellement élevés.
Des étudiants, logés dans les résidences du Crous, ont doncété informés par mail :
« Nous vous informons que le comité d’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques nous demande de mettre à disposition la résidence Crous où vous êtes actuellement logé pendant les mois de juillet et aout 2024 pour l’accueil des volontaires et partenaires mobilisés pour l’évènement […] La résidence devra être vide de tout occupant au 1er Juillet 2024 ».
Contestation des étudiants, résidents du Crous, délogéspendant les Jeux Olympiques de Paris-2024
Cette réquisition des logements passe mal auprès des étudiants. Krista Haro, étudiante en sciences politiques à l’université Paris-Nanterre, exprime sa préoccupation quant à cette situation :
« Je vais me retrouver dans une situation très difficile. Je vais devoir déménager, faire de nouvelles visites et laisser mon appartement pour les besoins d’une compétition qui ne sert aucunement aux étudiants ».
Youness, étudiant dans la même situation, a déclaré :
« J’ai mis des mois à trouver un logement en résidence universitaire sur Paris. Je ne pense pas qu’ils puissent promener de logements en logements des étudiants sans qu’il y ait des problèmes ne serait-ce que pour ceux qui travaillent avec des horaires compliqués et qui ne peuvent pas se permettre de déménager ».
Des solutions de relogement pour les étudiants : l’accompagnement individuel proposé par le Crous
Le Crous a tenté de calmer les inquiétudes des étudiants en indiquant que ceux qui souhaitent rester en Île-de-France pendant cette période seront relogés temporairement dans une autre résidence. De plus, les étudiants dont le logement est renouvelé, sont assurés de le retrouver à la rentrée de septembre 2024, sans avoir à payer de loyer pendant la période estivale. Toujours sur BFMTV, le 12 mai dernier, Clément Cadoret, le directeur général délégué du Cnous, asouligné que « les inquiétudes qu’ont exprimées les étudiants sont évidemment légitimes », mais il a affirmé que l’organisme accompagnera individuellement les étudiants qui souhaitent rester dans un logement à proximité pendant l’été.Il n’y aura « aucun surcoût pour les étudiants et tous les étudiants seront évidemment accompagnés » a-t-il indiqué.
Réaction des syndicats étudiants face à l’obligation de quitter les logements du Crous
Cette réponse du Crous n’a pas apaisé les critiques. Iman Ouelhadj, présidente de l’UNEF, déplore le fait que de jeunes étudiants soient contraints de quitter leur lieu de vie. Elle estime que cette décision est « ubuesque », d’autant plus que de nombreux étudiants travaillent pendant l’été et ont besoin de leur logement. Selon elle, si le gouvernement souhaite utiliser des logements du Crous, il devrait le faire sur des habitations vacantes. Les étudiants ne devraient pas être pénalisés ni utilisés comme une variable d’ajustement pour les Jeux Olympiques.
Les syndicats étudiants dénoncent le stress et les difficultés causés par l’obligation de déménager pour les Jeux Olympiques de Paris-2024. Adrien Liénard, trésorier national de l’UNEF, souligne que cette annonce ajoute un stress injuste aux personnes souvent précaires, en particulier à Paris. Il estime que les véritables problèmes des étudiants devraient être résolus avant de leur imposer les frais d’un événement qui ne les concerne pas directement.
Il exprime également des doutes quant à la capacité du Crous à fournir un accompagnement individuel adapté à chaque étudiant. En cause notamment, les délais de traitement des dossiers de logement, où des étudiants en attente se retrouvent sans solution de logement. Selon lui, il est inévitable que certains étudiants se retrouvent ballotés et confrontés à des difficultés lors du déménagement et du réemménagement. Il remet en question la capacité du Crous, en sous-effectif, à gérer de manière appropriée les dossiers de logement étudiant.Et il met en lumière le manque de moyens humains et matériels fournis par l’État pour gérer efficacement les dossiers de logement étudiant. Il estime que malgré les intentions louables du Crous d’aider les étudiants concernés, les ressources nécessaires ne sont pas mises à disposition :
« Nous avons de sérieux doutes quant à la mise en œuvre d’un accompagnement au cas par cas quand on voit les délais pour le traitement de certains dossiers de logement où des étudiants en attente sont à la rue. Il y aura forcément des étudiants ballotés qui vont galérer. »
Les propos d’Adrien Liénard reflètent les préoccupations des syndicats étudiants quant aux conséquences de cette décision sur les étudiants déjà confrontés à des difficultés financières et de logement. Ils appellent à une attention accrue aux problèmes réels des étudiants et à une meilleure allocation des ressources pour répondre à leurs besoins en matière de logement.
Une pétition a été mise en ligne pour dire « Non à l’expulsion des étudiants de leurs logements du Crous » : « C’est scandaleux. On va expulser des personnes en situation précaire pour pouvoir en loger d’autres qui ont les moyens ! » peut-on lire. Ou encore : « Mobilisez-vous sur cette pétition pour dire non à cette aberration ! ». À ce jour, la pétition recueille 16 447 signatures.
Une réquisition des logements également dénoncée dans un tweet, par Sandrine Rousseau, députée EELV : « L’organisation des Jeux olympiques et paralympiques ne doit pas se faire sur le dos des plus précaires ».
A lire aussi : Résidence étudiante: le Crous annonce un gel des loyers
Cet article JO 2024 : des étudiants vont-ils vraiment être chassés du Crous ? est apparu en premier sur VL Média.