L’heure était au bilan ce mercredi pour les sénateurs Laurent Lafon et Michel Savin, respectivement président de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport et rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football français. « Notre constat est sévère et sans concession, mais objectif », dixit le premier en guise d’introduction.
Au cœur du débat, évidemment, la gestion de la Ligue de football professionnel et les deux derniers deals conclus: avec le fonds d’investissement CVC (13% des recettes de la LFP à vie contre 1,5 milliard d’euros) d’une part ; DAZN et beIN Sports pour les droits TV de la L1 sur la période 2024-2029 (contre 500 millions d’euros à peine) d’autre part. « Des erreurs ont été commises dans la gestion du football français. Pire encore, aucun enseignement n’a été tiré des erreurs. On le voit encore dans l’attribution récente des droits audiovisuels. Ces erreurs placent les clubs dans des situations très délicates », martèle Laurent Lafon.
Le salaire de Labrune plafonné ?
Dans leurs conclusions et préconisations, les sénateurs ciblent particulièrement le président de la LFP Vincent Labrune, fraîchement réélu le 10 septembre dernier et un temps flanqué d’une augmentation salariale record – de 420 000 à 1,2 million d’euros par an – depuis rabotée de 30%. « Est-ce que c’est normal que le président de la LFP gagne deux fois plus que le président de la SNCF, de la RATP ou d’EDF ? », s’interroge le sénateur centriste du Val-de-Marne susmentionné.
Aussi la commission sénatoriale se prononce-t-elle en faveur d’un « plafond des rémunérations des présidents de ligues professionnelles, semblable à celui existant pour les entreprises publiques (450 000 €) », tout en « limitant le montant de leurs indemnités de départ à six mois de salaire hors primes ». Et de militer pour que « la fonction de président de la filiale commerciale d’une ligue professionnelle n’est pas rémunérée lorsqu’elle est exercée par un représentant de la Ligue ». Précisément la subtilité qui avait permis à Vincent Labrune de profiter d’une telle revalorisation salariale.
Al-Khelaïfi, un conflit d’intérêt pointé du doigt
Autre personnalité visée par le Sénat, bien que non citée: le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi, accessoirement patron de beIN Media Group. La commission préconisant « d’introduire une incompatibilité entre la fonction de membre du conseil d’administration d’une ligue professionnelle ou de sa société commerciale et la détention d’intérêts ou l’exercice de fonctions au sein d’une entreprise de diffusion audiovisuelle ».
Entre autres recommandations (35 au total), le Sénat préconise un encadrement plus strict de la masse salariale des clubs professionnels, et une limitation à 30 joueurs sous contrat par club de L1 ou de L2. Dans le souci de préserver les joueurs, Laurent Lafon et Michel Savin prônent du reste la limitation « du nombre de compétitions, en s’opposant au projet de coupe du monde des clubs de la Fifa et en limitant le nombre annuel de matches par joueur professionnel. »