Il aura suffi d’une course, le 15 août 2004, pour que Laure Manaudou ne s’appartienne plus. En devenant championne olympique du 400 mètres à Athènes, la nageuse tricolore est en effet entrée dans une nouvelle dimension. « Je ne m’en rends pas compte car je suis encore l’ambiance des Jeux et je dois me reconcentrer sur le 800 nage libre et le 100 dos que je dois faire après. Mais quand je rentre en France, je me souviens qu’à la descente de l’avion, je me fais un peu agresser. C’est trop pour moi, trop de monde, trop de gens », raconte-t-elle dans le podcast Les Vagues du magazine ELLE.
Laure Manaudou se rend compte alors que sa vie a changé. « Je me suis dit ‘ Je n’ai pas envie de ça ‘ mais en même temps, je ne le maîtrise pas. Je l’ai mal vécu pendant de nombreuses années, mais c’est ce que j’ai appelé le revers de la médaille », poursuit-elle, regrettant de ne pas avoir été accompagnée lorsque la gloire lui est tombée dessus. Mais le pire était encore à venir pour la native de Villeurbanne.
« Ce sont des moments qu’on me prend, sans consentement »
En 2007, alors qu’elle semblait au sommet de sa gloire comme en témoignent ses cinq médailles décrochées aux Championnats du monde de Melbourne, Laure Manaudou décide de quitter Philippe Lucas pour suivre Lucas Marin, son amoureux de l’époque, en Italie. Le début d’une longue descente aux enfers qui fera les gros titres dans toute la presse. « J’avais l’impression que les journalistes se nourrissaient de tout ce qui était négatif dans ma vie », se souvient-elle.
La championne olympique doit ainsi composer avec la présence de nombreux journalistes à ses entraînements, mettant en place un stratagème pour leur donner le moins possible. « Je me sens toujours agressée. Ce ne sont pas des moments où j’ai décidé de donner quelque chose. Ce sont des moments qu’on me prend, sans consentement. Que ce soit à l’entraînement ou en compétition, il y avait des caméras, des photographes et je captais où ils étaient dans la piscine et étant donné qu’en crawl, on peut respirer des deux côtés, s’il y avait des caméras à droite, je respirais à gauche, explique-t-elle encore. C’était à moi de décider à quel moment je donnais quelque chose et on ne devait pas le prendre à mon insu, chose qui a été faite toute ma vie. Et c’était un cercle vicieux puisque vu qu’ils n’avaient pas ce qu’ils voulaient, ça continuait.»