Léon Marchand n’est pas une machine. Après avoir écrasé les Jeux Olympiques de Paris de toute sa classe puis brillé lors de la tournée asiatique en petit bassin, s’offrant même un nouveau record du monde, le nageur toulousain a en effet décidé de faire l’impasse sur les Mondiaux en petit bassin qui se dérouleront la semaine prochaine à Budapest.
« J’ai décidé de me retirer des Championnats du monde de Budapest. L’année 2024 était vraiment intense, a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. J’ai fait beaucoup de grandes compétitions et je suis épuisé. Il est temps pour moi de prendre du recul, de m’entraîner dur et de m’attaquer à des défis futurs. Je sais que vous comprendrez et je suis enthousiaste de ce qui m’attend. »
Si la décision du quadruple champion olympique a suscité de nombreuses réactions, Alain Bernard, champion olympique du 100 mètres à Pékin en 2008, n’est pas étonné par le choix de l’élève de Bob Bowman. « Une préparation olympique ne dure pas trois mois, ça dure au moins quatre ans. S’il a envie de durer, il faut qu’il se ménage un peu. Il a été tellement sursollicité avec les Jeux…, a-t-il confié dans les colonnes du Parisien. Il fait bien de prendre soin de lui. Il a dû mûrement réfléchir à cette décision. »
Des contrecoups à craindre pour Léon Marchand
Pour l’Antibois, tout Léon Marchand qu’il est, un danger guette le nageur tricolore: le surmenage. « Il s’est super bien exprimé en petit bassin malgré une coupure relativement longue après les Jeux. Est-ce qu’il ne risque pas de payer les contrecoups de cette coupure sur des Championnats du monde où le niveau sera plus dense qu’en Coupe du monde ? Je pense que ça fait partie de sa stratégie de se ménager pour arriver en forme l’été prochain sur son objectif principal de la saison, les Mondiaux de Singapour », a-t-il ainsi expliqué, ajoutant : « le risque, c’est que cette flamme s’éteigne. »
Et Alain Bernard parle en connaissance de cause. Il a lui-même eu des difficultés à digérer le titre olympique remporté en 2008. Il regrette d’ailleurs de ne pas avoir pris plus de temps après son sacre. « Peut-être couper un peu plus, moins m’exposer dans des compétitions de travail où ce n’était pas agréable de ne pas nager vite parce que je n’avais pas la forme espérée, a-t-il récemment expliqué dans les colonnes de L’Equipe. Je l’ai fait avec un an de décalage. Il ne faut pas partir au rupteur tout de suite. En quatre ans, il peut se passer beaucoup de choses et il faut savoir se ménager pour durer. »
« Dans ce sport très routinier, il faut sans cesse trouver un nouveau défi. On se remotive par la définition d’un nouvel objectif, a-t-il poursuivi. Moi je sentais que j’étais capable de nager plus vite qu’aux JO. C’était mon obsession depuis le début de ma carrière de progresser chronométriquement. Les médailles, c’était la cerise sur le gâteau. Ça faisait dix ans que je m’entraînais deux fois par jour, j’avais envie d’en profiter. Pour autant, on est repartis assez vite au charbon et c’est là où ça a commencé à se tendre un peu avec mon entraîneur. »