Les pilotes vont faire la grève de la parole

« We fucked up », soit « on a merdé » en français. Pour ne pas avoir assez surveillé son langage à l’arrivée d’une spéciale du rallye de Suède le mois dernier, Adrien Fourmaux a écopé d’une amende de 10 000 euros. A l’instar de ce qui se fait en Formule 1, les pilotes de rallye ne doivent plus utiliser de mots grossiers pour exprimer leur désarroi, et cela a provoqué leur colère. Dans une lettre à la Fédération internationale de l’automobile publiée le 24 février dernier, les pilotes WRC avaient demandé plus d’indulgence.

« Ces derniers mois, on a constaté une augmentation alarmante de la sévérité des sanctions imposées pour des manquements linguistiques mineurs, isolés et involontaires. Cette situation a atteint un niveau inacceptable. Le langage courant ne peut être considéré et jugé comme équivalent à une véritable insulte ou à un acte d’agression. Les locuteurs dont la langue n’est pas la langue maternelle peuvent utiliser ou répéter des termes sans avoir pleinement conscience de leur signification et de leur connotation. Quelques secondes après une poussée d’adrénaline extrême, il n’est pas réaliste d’espérer un contrôle parfait et systématique des émotions », écrivaient-ils notamment.

Les pilotes parleront dans leur langue maternelle

Et comme leur lettre est restée sans réponse, les pilotes ont décidé de protester lors du rallye du Kenya, qui se déroulera de ce jeudi à dimanche. Ainsi, ils ont décidé de s’exprimer seulement avant le début du rallye, et après la spéciale la plus longue en anglais, mais pour toutes les autres spéciales, ils parleront (s’ils décident de s’exprimer) dans leur langue maternelle, afin de bien mesurer leurs propos (même si cela n’est pas forcément gage de langage plus châtié). On entendra donc de l’estonien, du finlandais, du letton, du japonais et du français, voire du Gallois si Elfyn Evans décide de parler cette langue plutôt que l’anglais.

« On est évidemment déçus pour les spectateurs aussi, qui méritaient d’avoir plus de feedback, mais je suis sûr qu’ils sont de notre côté ce week-end et qu’ils nous soutiennent, a reconnu le champion du monde Thierry Neuville. On est déçus qu’il n’y ait pas eu plus de communication avec la FIA entre la Suède et ici, suite aux incidents avec Adrien. Cette nouvelle règle ne nous plaît pas aujourd’hui, dans le sens où on n’a jamais rien fait de mal, on n’est pas des gars qui insultent les gens. On n’utilise peut-être pas toujours les bons mots quand on a des situations où l’on est sous stress et sous pression. » La FIA entendra-t-elle le message ?