« Ce sont plus que des mémoires… » Malgré la maladie de Charcot, Charles Bietry publie à 81 ans ce qui y ressemble fortement. Il n’y est certes pas seulement question du récit de son immense carrière de journaliste, notamment à Canal+, dont il fut l’emblématique patron des sports (1984-1998), mais également de celui de sa lutte contre la maladie. « J’avais toujours refusé d’écrire mes mémoires parce que je pensais que ça n’avait pas d’intérêt. Et puis est survenue la maladie qui a du mal à sortir de l’indifférence et à recueillir des dons », a-t-il expliqué à L’Equipe alors que les droits d’auteur seront reversés à l’Association pour la recherche sur la SLA – la maladie de Charcot – et à l’Institut du cerveau.
« Comme il me fallait un objectif pour surtout ne pas rester inactif, j’ai décidé d’écrire ces 350 pages. Ce n’était pas une mince affaire sans l’usage de la parole. Il m’a fallu près de six mois tout en prévoyant l’avenir », a-t-il ajouté. « La dernière vague », qui sort ce mercredi aux éditions Flammarion, est l’occasion de certaines révélations édifiantes, notamment sur les mœurs en pratique dans le football.
« Un montage financier que je ne pouvais pas refuser »
En témoigne ce récit au sujet d’un match remporté par l’OM à l’extérieur (0-1) qu’il commentait pour Canal+ et plus précisément du coup de téléphone reçu après la rencontre de la part d’un joueur de l’équipe battue par les Phocéens. « Charly, je viens de regarder l’enregistrement de notre match, tu as été d’une incroyable gentillesse avec moi, mais je ne la mérite pas. J’ai triché. Tu as admiré mes dribbles, mes centres, mes ouvertures mais tout était faux. Après un dribble je revenais toujours en arrière, mes centres arrivaient au deuxième poteau quand mon attaquant était au premier, je centrais en retrait quand il était en pointe et les trois tirs que j’ai tentés n’étaient pas cadrés », lui avait-il glissé.
« Je suis désolé, Charly, mais tu connais ma situation familiale. On m’a proposé un montage financier que je ne pouvais pas refuser », lui avait-il ajouté tandis que Charles Bietry ajoute: « Rentré à Paris, j’ai revisionné le match et… c’était vrai, ce qui m’a profondément attristé. » Difficile de ne pas y voir la réminiscence des pratiques qui avaient cours alors que Bernard Tapie dirigeait le club…