Championne du monde de vitesse, deux fois championne d’Europe du keirin, Mathilde Gros (25 ans) faisait naturellement partie l’été dernier des principales chances de médaille de l’équipe de France lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Beaucoup de spécialistes l’imaginaient même être l’une des héroïnes de ces Jeux, les organisateurs ayant programmé les épreuves de cyclisme sur piste sur cette piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines que la Nordiste aime tant en compétition. « J’y ai vécu des moments incroyables ».
Malheureusement pour la cheffe de file des pistardes françaises, à l’image de ces JO qui ont tourné au fiasco pour les Bleus, l’événement a fait totalement pschitt. Car Gros, en lice en keirin puis en vitesse le lendemain, a échoué dans les deux spécialités. Au point d’avoir énormément de mal à s’en remettre après-coup. « C’était un peu la honte, la loose, de la déception, de la colère, de l’incompréhension », a avoué jeudi dernier la Nordiste sur le plateau de l’émission Sports Stream sur la chaîne Sport en France. Invitée de Lucien Jahan, l’héroïne des Mondiaux 2022 en France a toutefois assuré qu’elle était depuis passée à autre chose. Même si cela n’a pas été simple, à l’entendre.
Gros : « La déception a été très violente »
« La déception ensuite a été très violente, il y a eu ce temps un peu de deuil, mais le chemin de la guérison a été plus rapide », a confié la championne tricolore de 25 ans, sans cacher qu’elle attendait énormément de ces Jeux. « C’est sûr que j’étais triste, j’aurais aimé ramené une médaille, ça ne s’est pas passé comme je le voulais ». Dès le keirin, Gros avoue qu’elle a compris qu’elle pourrait difficilement briller. « Honnêtement, ça a été très dur. Je me sentais tellement bien que je n’ai pas compris, et j’étais vraiment énervée contre moi-même d’avoir fait cette erreur de rester derrière et de me laisser enfermée. Cela m’étais arrivé plusieurs fois dans la saison, mais je m’étais dit que ça ne m’arriverait pas aux Jeux (…) C’était horrible, j’ai pris un coup au moral à ce moment-là et ça m’a impacté pour la suite (…) J’avais dit que celle qui gagnerait serait celle qui serait la plus fraîche mentalement, et ça a été le cas. J’ai attaqué ces Jeux sans avoir toute l’énergie que je voulais ». Le ver était alors dans le fruit et la vitesse, vingt-quatre heures plus tard, avait également débouché sur une terrible désillusion.
Gros : « L’impression de me battre contre moi-même »
« Je ne me sentais pas bien sur la piste, je n’arrivais pas à trouver mes repères, à sentir mon pédalage. J’avais l’impression de me battre contre moi-même, c’était horrible (…) Je ne me suis pas reconnue ». Effondrée sur le moment, mais non sans avoir d’abord un gros moment d’absence, (« Je n’ai pas réalisé sur le moment, j’ai eu comme un black out »), la double championne d’Europe, qui avait déjà vécu une « catastrophe » à Tokyo, savoure aujourd’hui avec du recul d’avoir participé à ce rendez-vous inoubliable, elle qui rêvait d’emboîter le pas des « Braqueuses », pour avoir débuté dans le basket. « J’ai de la chance car je peux me dire que je les ai fait, c’était un rêve quand je faisait du basket déjà, et c’est devenu un objectif de carrière et l’un de mes objectifs de vie. C’est le plus beau truc qui puisse arriver en tant qu’athlète ». Gros, de retour de la Track Champions League (la Ligue des Champions pour les pistards) des ne désespère d’ailleurs pas que ces JO qui se refusent pour le moment à elle finissent par lui sourire. « Je veux ramener des médailles ».