C’est un triste fait divers qui trouvera tout de même un écho particulier auprès des passionnés de ballon rond. Figure de l’arbitrage en France, incontournable de 1971 à 1991 avec deux événements majeurs à son crédit – la finale de l’Euro 1988 entre les Pays-Bas et l’URSS) et la demi-finale de la Coupe du monde 1990 entre Italie et l’Argentine – Michel Vautrot a été agressé mercredi.
Aujourd’hui âgé de 79 ans, l’homme en noir a été détroussé en pleine rue tandis qu’il sortait d’un restaurant à Saint-Vit, dans le Doubs. Un individu alors a fait mine de lui serrer la main avant de s’emparer de sa chaîne en or. Mais aussi et surtout du pendentif en forme de sifflet qu’il portait autour du cou.
« Il m’a fait une sorte de prise de judo, il a tiré sur la chaîne, ça a craqué et il est parti en courant, relate auprès de l’Est Républicain celui qui détient encore à ce jour le record de finales de Coupe de France pour un officiel (cinq). C’est traumatisant, forcément, mais j’éprouve aussi un sentiment de culpabilité. Comment j’ai fait pour me laisser avoir comme ça ? »
Le porte-bonheur de Michel Vautrot
De la culpabilité, et un grand vide puisque le bijou en question lui avait été offert par sa mère alors qu’il avait 17 ans seulement. « C’était mon talisman, mon porte-bonheur. Cela faisait 62 ans que je l’enlevais tous les soirs avant d’aller me coucher. La chaîne, je m’en fous, mais ce sifflet… C’est ma mère qui me l’avait offert quand j’étais adolescent et que je commençais à arbitrer. Elle m’avait dit: « Je te l’offre pour que ça te porte chance ». »
Encore sous le choc, Michel Vautrot est d’autant plus contrarié que son voleur a bien failli être appréhendé. Cela grâce à deux automobilistes. « Ils ont poursuivi le gars en voiture, ils l’ont pisté et l’ont retrouvé près de la gare. Les gendarmes ont été prévenus, mais au moment où ces derniers allaient l’arrêter, il a réussi à se dégager et à s’enfuir… »
Michel Vautrot (au centre) avec son pendentif autour du cou lors de la finale de la Coupe de France 1979 entre Nantes et Auxerre.
Et de conclure, amer: « Je ne me fais pas d’illusion, pour mon médaillon, c’est foutu. Il y a plus grave dans la vie, bien sûr, mais je me sens orphelin. Je suis allé dans le monde entier avec ce sifflet, dans des coins réputés dangereux, et il a fallu que ça m’arrive à Saint-Vit… »