Avec cette troisième saison de Barry qui reprend le mélange éprouvé de drama, suspense et comédie, Bill Hader frôle la perfection.
C’est quoi, Barry (Saison 3) ? Plusieurs mois se sont écoulés depuis les événements survenus à la fin de la saison dernière. Barry (Bill Hader) vit désormais avec sa petite amie Sally (Sarah Goldberg) dont la carrière décolle grâce à la série qu’elle a créée en s’inspirant de sa propre vie, dont elle est la showrunneuse et l’interprète principale. Quant à Barry, il est déterminé à laisser derrière lui sa vie de tueur à gages. Mais entre la police qui traque le coupable du massacre qu’il a perpétré, son ex prof de théâtre Gene Cousineau (Henry Winkler) qui sait désormais qu’il a tué sa petite amie, son ancien patron Fuches (Stephen Root) qui se cache en attendant de se venger, et la guerre des gangs entre Boliviens et Tchétchènes dans laquelle il est impliqué malgré lui, Barry va avoir bien du mal à raccrocher.
Avec Barry, Bill Hader nous a offert l’une des séries les plus improbables, fantasques et enthousiasmantes de ses dernières années. Pour raconter l’histoire extravagante de ce tueur à gages qui rêve de devenir acteur, le comédien / scénariste / réalisateur / producteur a construit une comédie dramatique au sens littéral du terme. Les deux premières saisons frôlaient l’excellence ; Hader se surpasse et flirte cette fois avec la perfection dans la troisième, disponible en US+24 sur OCS.
Dans les six épisodes que nous avons pu voir, la saison suit trois intrigues dont Barry est le dénominateur commun : le désir de vengeance de Cousineau, le tournage de la série de Sally et la guerre entre Tchétchènes et Boliviens qui implique notamment NoHo Hank (Anthony Carrigan) et Fuches (Stephen Root). Nous n’en dirons pas davantage sur l’histoire elle-même, HBO ayant demandé de ne rien révéler des éléments importants de l’intrigue avec de nombreuses restrictions spécifiques. La consigne est compréhensible mais nécessite de trouver une autre approche pour vous dire à quel point Barry est une série fantastique.
Une… ou des séries. Car d’une certaine manière, Barry contient plusieurs séries en une. C’est un thriller d’action où l’on suit un tueur à gages impliqué dans une lutte entre gangs pour le contrôle du trafic de drogue. C’est une comédie noire pleine de situations absurdes. C’est une satire féroce du monde du cinéma et des séries (en particulier des plate-formes de streaming et des algorithmes). C’est un drama qui n’épargne aucun de ses personnages. Toute la magie de Barry – et le talent de Hader et de son co-scénariste principal Alec Berg -, c’est que toutes ces séries non seulement fonctionnent, mais forment en outre et contre toute attente un ensemble cohérent. Il y a un équilibre extraordinaire entre la comédie foutraque, le drame intimiste, le suspense et les scènes d’action effrénées.
Dans la troisième saison, ce mélange s’intensifie et en rajoute dans tous les registres. Le parcours de protagonistes – Barry, surtout, mais aussi Sally, Cousineau ou NoHo – monte en puissance dans toutes les tonalités. L’humour est irrésistible (la scène liée à une application qui ne fonctionne pas est aussi délirante que hilarante), l’évolution des personnages de plus en plus prégnante et leurs traumatismes de plus en plus concrets ; les rebondissements inattendus et la tension palpable. Il y a des scènes où vous êtes sur des charbons ardents tout en riant aux éclats ; d’autres où la violence la plus sombre côtoie le surréalisme. ; d’autres encore où la satire se faufile dans les interstices de la prise de conscience émotionnelle (en particulier dans le cas de Sally, au cœur de l’intrigue méta avec sa série Joplin).
Tous les acteurs naviguent à la perfection entre les différentes tonalités et les différents registres, parfois dans une même scène. A l’image d’un Stephen Root à la fois drôle et terrifiant, de Winckler qui s’empare du côté plus dramatique d’un personnage jusque là cantonné à la comédie, ou de la fantastique Sarah Goldberg. Reste que, à l’avant-scène de cette galerie de personnages tous bien construits et bien écrits, c’est sur Barry que sont braqués les projecteurs. Plus encore que dans les saisons précédentes, Bill Hader est magistral : il met à l’épreuve l’empathie ou la sympathie que l’on peut ressentir à l’égard de cet anti-héros, qu’il emmène avec brio dans des zones d’ombre de plus en plus sinistres et surprenantes.
Ce qui est fascinant, c’est que contrairement à ce que l’on a pu croire au début, Barry est un peu l’antithèse de Dexter Morgan – avec lequel il partage plusieurs caractéristiques. Dexter assume ses pulsions meurtrières mais ment aux autres en faisant semblant d’être « normal », alors que Barry se ment à lui-même et tente de se persuader qu’il est « normal ». Tout au long de ces trois saisons, il essaye de se convaincre qu’il n’est pas un tueur impitoyable, qu’il peut prendre la décision de mener une autre vie, que ses actions ne sont pas si graves et qu’il lui suffit de s’excuser pour être absous.
Or cette saison, Barry commence à subir les conséquences de ses actes – les meurtres, mais pas seulement. S’il a éliminé certains facteurs extérieurs qui l’ont poussé à devenir un tueur à gages, d’autres forces sont sans doute en jeu et la racine de sa violence est peut-être en lui. Qu’est-ce qui, dans sa propre histoire ou son vécu, a fait de lui un tueur ? Barry peut changer d’endroit, de métier, de nom… mais peut-il changer de vie ? Probablement pas cette fois, puisqu’un quatrième saison est déjà en cours de développement.
Plus encore que dans les saisons précédents, cette troisième salve d’épisodes trouve l’équilibre parfait entre le drama, l’humour noir, le thriller, le suspense et la satire. Le fait qu’il s’agisse de l’une des fictions les plus drôles mais aussi l’une des plus touchantes, des plus haletantes, des plus complexes et des plus intelligentes de ces dernières années font de Barry une série aux multiples facettes, à ne manquer sous aucun prétexte.
Barry (Saison 3)
8 épisodes de 25′ environ.
Sur OCS en US+24.
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