La série Django revisite le film-culte de Sergio Corbucci, entre références classiques et thèmes en phase avec notre époque.
C’est quoi, Django ? Texas, 1872. Un certain Django (Matthias Schoenaerts), dont toute la famille a été massacrée huit ans plus tôt , s’accroche à l’espoir que sa fille Sarah (Lisa Vicari) ait survécu . Il la retrouve à New Babylon, une communauté libre sans maîtres ni esclaves qui accueille tout le monde à bras ouverts. Mais âgée de vingt ans, Sarah s’apprête à épouser Ellis, l’esclave affranchi fondateur de la ville, et ne veut rien avoir à faire avec son père. Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, la ville voisine de Elmdale City est chauffée à blanc par Lady Elizabeth (Noomi Rapace), une fanatique religieuse qui entend bien éradiquer cette nouvelle Babylone et la corruption morale qui y règne…
Le titre de la nouvelle série de Canal + vous évoque sans doute quelques chose : Django est en effet l’adaptation (assez libre) du film éponyme réalisé en 1966 par Sergio Corbucci. Un grand classique du western spaghetti qui a déjà fait l’objet d’un remake en 1987 et dont Quentin Tarantino nous a offert une relecture en 2013 avec Django Unchained. Coproduite avec les italiens de Sky Original, la série nous raconte à son tour cette histoire de vengeance et d’affrontements sanglants, en dix épisodes d’un peu moins d’une heure (dont nous avons vu les quatre premiers).
New Babylon est une communauté utopique, récemment fondée dans le Texas de l’après-guerre civile ; pour peu qu’ils acceptent de déposer les armes, on y accepte tous ceux qui veulent y entrer, y compris les esclaves en fuite, les affranchis, les prostituées – bref, tous ceux qui sont considérés comme des parias. C’est ici que surgit un beau jour Django, étranger tourmenté et laconique digne d’un Clint Eastwood chez Sergio Leone. Cet homme mystérieux est à la recherche de sa fille Sarah, s’accrochant à l’espoir qu’elle ait pu survivre au massacre dont a été victime sa famille des années plus tôt. Son arrivée est le point de départ du récit, à partir duquel vont se développer à la fois les relations entre le père et sa fille qui lui demande de repartir, mais aussi l’affrontement entre les habitants de New Babylon et ceux de la ville voisine de Elmdale City, imprégnée de fondamentalisme religieux.
Comment adapter un western spaghetti des années 1960, un film-culte qui a en outre fait l’objet de plusieurs remakes et hommages ? C’est certainement le principal défi auquel est confrontée Django – la série. Et pour se faire, sa créatrice Francesca Comencini (Gomorra) et son équipe ont globalement repris des éléments traditionnels sur la forme tout en adoptant une approche plus moderne sur le fond.
Côté classique, Django rappelle d’autres films ou séries qui ont imposé leur marque dans l’univers du western ou s’en sont approprié les codes plus récemment. Cadre, mise en scène, costumes, musique, grands archétypes, violence brutale… Tout concourt à restituer l’ambiance propre au genre en général. La série emprunte donc aux classiques du western et évidemment en premier lieu au film original de 1966 dont elle reprend des éléments marquants, parfois à sa manière – un bon exemple, le cercueil que traîne Django derrière lui…
Mais avec dix épisodes d’un peu moins d’une heure, Django peut développer son récit en suivant plusieurs ramifications et approfondir ses personnages. La caméra s’attarde longuement sur les regards, les expressions et les souvenirs en flash-back des personnages, suggérant des liens qui seront expliqués ultérieurement. Chacun tente de survivre dans ce monde cruel et brutal, malgré un lourd passé qui a laissé des séquelles profondes (des cicatrices visibles et d’autres, psychologiques mais au moins aussi violentes), et tôt ou tard chacun devra affronter ses démons personnels – Sarah, Ellis et son fils John, Elizabeth et bien sûr Django.
Ce qui est intéressant, c’est aussi la manière dont Django reprend un aspect du film éponyme – à savoir la mise en exergue de personnages traditionnellement au second plan dans les westerns. Les péons, les affranchis, les esclaves et prostituées en fuite, les orphelins, les francs-tireurs, les fondamentalistes… apparaissent sur le devant de la scène, ce qui permet à la série d’aborder des thèmes intemporels ou actuels comme le racisme, l’extrémisme religieux ou l’indépendance des femmes.
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Chez Corbucci, le racisme s’exprimait surtout envers les Mexicains ; dans notre Django, on est sur la ligne de Tarantino, la série se focalisant sur l’esclavage (tout juste aboli) et donc sur les conditions des Afro-Américains. Côté personnages féminins, on lorgne du côté de la série Godless : elles sont courageuses, fortes, résilientes à l’image de Sarah ou cruelles et sans pitié dans le cas de Lady Elizabeth. Bien plus que Django ou Ellis, ce sont elles qui attisent l’affrontement idéologique entre la tolérance libérale humaniste de New Babylon et le fanatisme de Elmdale.
Django souffre parfois de longueurs et d’un manque de rythme. Bien qu’il y ait des scènes fortes émotionnellement et des séquences crues et violentes, l’ensemble est parfois un peu lent – du moins dans les premiers épisodes. Mais la question qui finit par se poser, c’est surtout : pourquoi une adaptation de Django ? Car la narration fragmentée en plusieurs arcs narratifs nous détourne de l’intrigue du film, crée un récit choral et met le personnage éponyme presque au second plan. C’est tout le paradoxe de la série qui emprunte à Django pour créer quelque chose d’autre, un quelque chose toutefois globalement réussi qui offre finalement une autre perspective.
Comme beaucoup d’autres séries récentes, Django s’empare des éléments caractéristiques du western pour nous offrir sa propre version d’un film-culte des années 1960, tout en y apportant son propre regard et en faisant de Django moins le héros d’une histoire de vengeance que le témoin des événements autour de lui. Django – la série livre donc sa propre histoire et sa propre vision, comme une relecture sous un angle différent du film dont elle reprend le titre.
Django
10 épisodes de 55′ environ.
Le 13 Février sur Canal +.
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