A la fin des années 70, une journaliste et un éditeur de magazines érotiques s’associent pour créer Minx, une revue avec des articles féministes. Et des pénis.
C’est quoi, Minx ? Dans les années 1970 en Californie, Joyce (Olivia Lovibond) est une jeune journaliste qui démarche les éditeurs afin de publier un magazine féministe élitiste. Mais aucun patron de presse masculin ne s’intéresse à son projet… excepté Doug Renetti (Jake Johnson), qui publie des revues érotiques pour hommes. Son idée ? Mélanger articles sociétaux féministes et photos d’hommes nus. La militante et l’éditeur de magazines de charme vont collaborer pour créer Minx et son contenu : articles sur la libération sexuelle, le plafond de verre, le sexisme, le droit à l’avortement… et Apollon à poils sur une moto, pompiers sexy, et pénis XXL.
Peut-on combattre le patriarcat tout en fantasmant sur un pompier torse nu ? C’est grosso modo la question que se pose Minx, sur OCS à partir du 21 Mars prochain. Une comédie créée par Ellen Rapoport qui s’est inspirée des vrais magazines féminins des années 1970 comme PlayGirl ou Viva mêlant articles militants et photos d’hommes nus, comme une sorte de réponse féministe à Playboy ou Penthouse. C’est à partir de là qu’elle a imaginé l’histoire de la création et du développement d’un magazine érotique fictif destiné aux femmes – Minx.
Bienvenue dans les années 1970 en Californie. Journaliste diplômée d’une prestigieuse université, Joyce veut publier une revue aux antipodes des magazines féminins de l’époque. Pas de recettes de cuisine ni de conseils pour tenir son foyer, mais des articles sur l’égalité salariale, le droit à l’avortement et la lutte contre le patriarcat. Confrontée au refus systématique des grands éditeurs (masculins), elle accepte à contre-coeur l’offre de Doug Renetti, qui publie des magazines érotiques pour hommes. Il y voit l’occasion de conquérir un nouveau marché, en ciblant un public féminin avec des photos d’hommes nus… Ce que Joyce, prude et coincée, est bien obligée d’accepter en l’absence d’alternative.
Commence alors une collaboration difficile entre la féministe rigide et l’éditeur aux airs de proxénète de quartier. Petit à petit, grâce à leur entourage et à l’influence qu’ils exercent l’un sur l’autre, tous les deux vont évoluer et trouver un moyen de dépasser leurs contradictions. D’un épisode à l’autre, on suit ainsi la création de Minx, qui rassemble les articles de fond écrits par Joyce et les photos de charme voulues par Doug, depuis le début du partenariat jusqu’à la mise en vente en passant par le casting des modèles, la sélection des sujets et l’opposition virulente des associations puritaines… et de certains groupes féministes radicaux.
Érotisme et féminisme : ce sont les deux piliers sur lesquels se construit Minx – le magazine et la série. D’un côté, on parle sex-toys, tailles et formes des pénis, mecs à poils et plaisir féminin ; de l’autre, changement social, égalité salariale, droit à l’avortement, patriarcat et harcèlement sexuel. Soit un thème potentiellement racoleur et où on pourrait basculer dans la vulgarité, et des thèmes beaucoup plus sérieux et importants. Et côté érotisme, on ne nous cache rien ! Au point que dans le premier épisode, vous verrez plus de pénis que dans tout Euphoria.
Pourtant, le premier adjectif qui vient en tête si l’on veut qualifier Minx, c’est le mot « charmant », et ça peut paraître saugrenu vu ce qu’on vient de vous dire. Or, la série évite habilement tous les écueils et notamment la vulgarité et le racolage facile, en restant toujours dans la comédie légère. Chaque épisode d’une durée de trente minutes traite avec brio de la conception de cette revue avec un cocktail d’humour, d’érotisme, de féminisme et justement d’érotisme féministe. C’est ce qui permet à Minx d’aborder tous ses sujets sans tabou ni complexe, avec malice mais aussi avec intelligence et finesse, sans en avoir l’air.
Plus naïve que réaliste, Minx retrace l’époque des années 1970 avec les luttes féministes, la libération sexuelle et les préjugés de l’époque à travers la conception de la revue, mais surtout en s’appuyant sur ses personnages. Tous sont extrêmement bien écrits, même les seconds rôles ont leur place dans l’histoire et ils ne sont jamais anecdotiques. Citons Tina (Idara Victor), le bras droit de Doug ; Bambi (Jessica Lowe), mannequin qui veut arrêter de poser nue pour prouver qu’elle est capable d’autre chose ; Richie (Oscar Montoya), un photographe gay ravi de photographier des hommes; la sœur de Joyce, Shelly (Lennon Parham), mère au foyer qui appartient clairement à une génération pré-féministe mais qui est justement la cible du magazine Minx.
Reste que le duo Joyce / Doug occupe le devant de la scène. Deux personnages formidablement interprétés par Olivia Lovibond et Jake Johnson, à partir desquels Minx joue complètement avec les préjugés. Doug n’est pas le macho borné qu’on pourrait imaginer, c’est un type plein de nuances ; Joyce est une féministe convaincue mais coincée, plus motivée par les combats sociaux que par la libération sexuelle (Elle avoue au début de la série avoir vu « deux pénis et demi, et dans le noir » dans sa vie.) Et tandis que Doug va se découvrir féministe à sa manière, Joyce va voir sa libido se réveiller et remettre en question certaines de ses idées sur ce que le féminisme pourrait être. A savoir, un combat déterminé mais joyeux, où les droits des femmes incluent aussi la masturbation devant un pompier dénudé et sa grosse lance à incendie…
Annulée par HBO MAX lors de la restructuration des plates-formes du groupe HBO, Minx a finalement été sauvée par Starz aux États-Unis et la diffusion de la deuxième saison déjà tournée a même été confirmée. En attendant, c’est sur OCS que l’on va pouvoir découvrir cette comédie étonnante, transgressive à sa manière, qui pose la question du féminisme au cœur des années 70 mais aussi à notre époque. Un éditeur de magazines érotiques apprend à être féministe, une féministe découvre l’érotisme… entre militantisme et érotisme au féminin, questions sociales prégnantes et biker nu sur sa moto.
Minx
10 épisodes de 30′ environ.
Le 21 Mars sur OCS.
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