Pistol, la série biographique de Danny Boyle dédiée aux Sex Pistols est une vraie réussite – que l’on soit fan ou non.
C’est quoi, Pistol ? Angleterre, 1975. Steve Jones (Toby Wallace), petit délinquant à la dérive, fait partie d’un groupe de rock avec une bande de potes. Un jour, pris en flagrant délit de vol dans la boutique SEX de la styliste Vivienne Westwood (Talulah Riley), il fait la connaissance d’un certain Malcolm McLaren (Thomas Brodie-Sangster). Celui-ci accepte de devenir le manager du groupe, qu’il va façonner à son idée. Il les renomme The Sex Pistols, leur construit une image et leur adjoint comme nouveau chanteur un marginal ingérable complètement cinglé : John Lydon, alias Johnny Rotten (Anson Boon). Les Sex Pistols sont nés, et l’Angleterre n’a encore aucune idée de la vague d’obscénités et de fureur qui va s’abattre sur elle. Shocking, indeed.
Anarchy chez Mickey ! C’est en effet sur la plate-forme Disney+ qu’arrive ce mois-ci la série Pistol, diffusée aux États-Unis sur Hulu. Basée sur les mémoires du guitariste Steve Jones, écrite par Craig Pearce (également scénariste du film Elvis) et réalisée par Danny Boyle (Trainspotting) , la mini-série raconte en six épisodes la naissance, la carrière fulgurante et l’explosion des Sex Pistols, groupe aussi mythique que sulfureux.
Tout commence avec Steve Jones : un gamin à l’enfance traumatique, un paumé dans l’Angleterre des années 70, un petit délinquant SDF à la gueule d’ange qui vole sans complexe le matos de David Bowie dans une salle de concert pour le refourguer à son propre groupe baptisé les Swankers. Le groupe se contente de reprises faute de composer ses propres chansons, se cherche un look, un son et une identité. Ce qui s’avère d’autant plus difficile que Steve est incapable d’aligner trois accords de gratte…
Tout change le jour où Steve se fait prendre la main dans le sac, lors d’une tentative maladroite de vol à la tire dans la boutique SEX, magasin avant-gardiste de la styliste Vivienne Westwood. Il y rencontre Malcolm McLaren, qui voit en lui le symbole d’une génération de paumés, d’une catégorie de marginaux méprisés et ignorés par la société. McLaren accepte de devenir le manager du groupe dont il veut faire le porte-parole d’un message anti-système, remodelant complètement la formation à son idée. Finis les Swankers, voici les Sex Pistols ! Et puisque Steve est encore pire au micro qu’avec une guitare à la main, Malcolm déniche un nouveau chanteur : un type incontrôlable qui gueule plus qu’il ne chante et qui semble sur le point de convulser entre deux fuck et deux crachats. Son nom : John Lydon – vite surnommé Johnny Rotten. Celui-ci va ramener dans la bande son ami, un certain Sid Vicious (Louis Partridge) – encore plus ingérable que lui…
Rencontre entre Jones et McLaren, formation du groupe avec ses membres définitifs, répétitions, premiers concerts, premières critiques assassines dans la presse, écriture des chansons mythiques comme Anarchy in the UK, God save the queen ou Pretty Vacant, disputes incessantes entre Matlock et Rotten, mainmise de McLaren, affirmation du look punk, provoc’ facile et revendication d’un nihilisme violent… Il y a tout cela dans Pistol, qui retrace le parcours du groupe jusqu’à son explosion tonitruante.
Au-delà de l’histoire de la formation, la série esquisse une image de la scène artistique de l’époque, où l’on croise par exemple la chanteuse Chrissie Hynde (Sydney Chandler, dont vous allez forcément tomber amoureux), Siouxsie Sioux ou l’inénarrable Pamela Jordan Rooke (Maisie Williams de Game of Thrones). En arrière-plan, c’est un peu le panorama d’une période de désenchantement pour toute une partie de la jeunesse britannique, frustrée et qui se sent abandonnée, invisible aux yeux des autres classes sociales et de l’establishment politique.
Pistol est une série extrêmement plaisante à suivre – ce qui aurait pu être un compliment à double tranchant. C’est-à-dire que, pour retracer l’histoire d’un groupe aussi sulfureux que les Sex Pistols, on aurait pu s’attendre à du malaise, de la provoc et de la rage. Or, si l’on sent dans la réalisation et dans l’écriture quelque chose de la colère et du mal-être de ces mecs qui ont vomi à la face de l’Angleterre leur sentiment de vide et d’inutilité, si l’on comprend le choc qu’à représenté pour une partie de la société la fureur désabusée du No future, Pistol évite l’écueil de la provocation gratuite. Elle va au-delà, creuse ses personnages pour s’écarter de la caricature.
Ce qui ne veut pas dire qu’on est chez les Small Faces ! Et qu’il n’y ait pas quelques séquences marquantes et même dérangeantes – shoots d’héroïne, bagarres ou la genèse de la chanson Bodies dont on ne ressort pas indemne. Et si l’esprit punk transparaît surtout dans la logorrhée et les théories énoncées par Malcolm McLaren, la série est quand même incroyablement réjouissante pour les fans de rock. A fortiori avec des acteurs vraiment excellents – en particulier Anson Boon et Louis Partridge.
Pas un épisode sans les tubes de Bowie, Alice Cooper ou les Stooges entre autres, sans références à la fois pointues et accessibles à tout un chacun, sans scène capable de produire son petit effet. Impossible de ne pas réprimer un frisson lorsque Rotten balance pour la première fois son I am an antichrist, lorsqu’il donne à son pote John Ritchie le surnom de Sid Vicious. Ou lorsque ce dernier croise la route de Nancy Spungen (Emma Appleton, vue dans The Witcher) – parce que pour ces deux-là, on sait que ce sera le No future définitif.
Pistol est incroyablement efficace et réjouissante. On prend un énorme plaisir à regarder la série de Danny Boyle. En gardant en tête qu’elle est basée sur les mémoires de Steve Jones, donc de son point de vue partial et partiel. Et que Johnny Rotten a quant à lui qualifié le série de – on cite – la « pire merde » qu’il ait jamais vue. Bref, un Great rock ‘n’ roll swindle… mais never mind the b*llocks !
Pistol
6 épisodes de 50′ environ.
Sur Disney+ le 6 Juillet.
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