Le créateur de Peaky Blinders revient sur la création du S.A.S. dans Rogue Heroes, une série délicieusement punk, drôle… et vraie.
C’est quoi, S.A.S. : Rogue heroes ? Afrique du Nord, 1941. Au Caire, le capitaine écossais David Stirling (Connor Swindells) ne supporte plus l’incompétence de ses supérieurs et il soigne sa frustration à coups de litres de whisky. Nord-irlandais aussi prompt à réciter des poèmes qu’à casser du nazi, Paddy Mayne (Jack O’Connell) s’évade de la prison militaire où il est détenu. Enfin, le lieutenant gallois Jock Lewes (Alfie Allen) commande un petit contingent qui défend désespérément Tobrouk. Ensemble, ils ont une idée complètement folle : rassembler des camarades aussi cinglés qu’eux afin de constituer un régiment informel de parachutistes pour… foutre le bordel derrière les lignes ennemies. Coûte que coûte, nos héros sont déterminés à la gagner, cette foutue guerre.
Il y a des histoires tellement folles qu’on a du mal à y croire ; S.A.S. : Rogue Heroes en fait partie. Basée sur le livre éponyme de l’historien Ben Macintyre, la série raconte l’histoire improbable mais vraie de la création des Special Air Service, unité des forces spéciales de l’armée britannique. Histoire vraie… ou en grande partie car plane autour d’elle une aura de mystère et de légende urbaine et chaque épisode débute par une mise en garde : le récit est « principalement vrai », et en particulier les choses qui semblent les plus extravagantes. D’ailleurs, le créateur de la série Steven Knight (Peaky Blinders) s’est soigneusement documenté, en recueillant notamment des anecdotes de la bouche du dernier survivant du groupe initial, Mark Sadler, âgé de 102 ans, et en prenant conseil auprès des S.A.S actuels pour plus de réalisme.
Nous sommes en 1941, à un moment charnière de la deuxième guerre mondiale : l’armée britannique est de plus en plus acculée en Afrique du Nord par les soldats italiens et surtout par les Allemands du général Rommel ; le port de Tobrouk qui sert de porte d’entrée au Canal de Suez est menacé. Pour renverser la situation, trois soldats britanniques qui ont déjà combattu ensemble – Stirling, Mayne et Lewes – comprennent qu’il faut changer de stratégie et décident de rassembler un groupe de têtes brûlées, qui seraient parachutées dans le désert afin d’attaquer les troupes ennemies et saboter leurs installations. Une sorte de Suicide Squad.
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On dirait le début d’une bonne blague : un Écossais, un Gallois et un Irlandais entrent dans un bar. La série relate les débuts des S.A.S de façon chronologique. D’abord, la création ex nihilo de ce commando à l’initiative de Stirling, Mayne et Lewes et l’échec d’une première tentative lancée sans aucune approbation qui, étonnamment, leur permet d’obtenir le feu vert du commandement grâce à l’appui des services de renseignement britanniques et français. Ensuite, le recrutement des soldats et leur formation aussi sauvage que pittoresque en plein désert ; les premières missions menées simultanément à plusieurs endroits dans le nord de la Libye et leur succès à la surprise générale. Et enfin l’incorporation à part entière de ce régiment dans la stratégie militaire britannique, avec l’attribution des missions plus importantes qui s’avéreront décisives.
L’une des grandes réussites de la série, c’est son casting et en particulier les trois acteurs interprétant brillamment les rôles principaux. A savoir Connor Swindells (Sex Education) dans la peau du capitaine Stirling, à la fois désabusé et furieux face à l’incompétence de ses supérieurs ; Jack O’Connell qui joue Paddy Mayne, un chien fou réfractaire à toute autorité, qui philosophe entre deux bagarres ; enfin Alfie Allen (Game of Thrones), initiateur de l’idée des S.A.S et qui attend de retourner au Pays de Galles auprès de sa fiancée. Trois personnages charismatiques et inénarrables qui n’ont aucune limite et se définissent eux-mêmes comme des hommes « déjà morts qui n’attendent qu’une confirmation ». A leurs côtés, citons également Sofía Boutella dans le seul rôle féminin de la série (une femme fatale, espionne pour l’ambassade de France au Caire) et le grand Dominic West qui incarne le, hum, extravagant lieutenant-colonel Dudley Clarke, chef du renseignement britannique au Caire.
Rogue Heroes est donc une série de guerre, mais elle est loin d’être classique. Oubliez le drama, les traumatismes ou la dureté de la guerre – ils sont présents mais presque de façon anecdotique. La série préfère adopter le ton du divertissement et du pur spectacle. Le résultat, c’est plus Inglorious Bastards que Saving Private Ryan ou plus MASH que Frères d’armes. En outre, Rogue Heroes porte indéniablement la griffe de Steven Knight avec les notes d’humour, les dialogues acérés, la mise en scène explosive et l’utilisation de l’anachronisme esthétique (la présentation des personnages sous forme de graffitis) ou musical (mélange des classiques des années 1940 et de tubes de AC/DC, The Clash ou Black Sabbath). Le tout dans des décors impressionnants qui donnent la sensation d’être véritablement immergé en zone de guerre, et avec des effets visuels très réussis dans les scènes de combats.
Car si vous voulez de l’action, vous allez être servis ! Concentré de testostérone pure, scènes-chocs, raids express derrière les lignes ennemies… La série ne nous laisse aucun répit, frappe fort à chaque seconde – et n’hésite jamais à faire des choix percutants avec des cliffhangers qui vous obligent à lancer directement l’épisode suivant. Elle n’hésite pas non plus à enchaîner des séquences hilarantes, des scènes marquantes (le monologue de Stirling dans le premier épisode est un bijou) à des moments dramatiques, soulignant toutes ces contradictions et absurdités propres à toutes les guerres. Elle est à l’image de ses trois héros : imprévisible, décomplexée, extravagante et déjantée.
Avec la création des S.A.S, Steven Knight a trouvé le sujet parfait pour nous raconter une histoire passionnante, improbable et même hallucinante, en y insufflant son style et sa patte. Scènes d’action magistrales, personnages bigger than life, humour aussi dévastateur que les explosions, anachronismes réjouissants… Une histoire incroyable mais vraie passée à travers un filtre moderne, qui vous tient en haleine de la première à la dernière seconde.
S.A.S. : Rogue Heroes.
6 épisodes de 60′ environ.
Le 1er décembre sur Canal+.
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