Succès surprise de cet été aux États-Unis, la série The Bear arrive en France sur Disney +, avec sa recette à base de comédie et de drama.
C’est quoi, The bear ? Jeune chef talentueux, Carmen « Carmy » Berzatto (Jeremy Allen White) quitte pourtant le prestigieux restaurant de New York dont il dirigeait les cuisines : son frère qui vient de se suicider lui a légué son propre établissement, un modeste steak-house au bord de la faillite à Chicago. Sauver le snack s’annonce d’autant plus compliqué que le cousin Richie (Ebon Moss-Bachrach) et le reste du personnel – à l’exception de la nouvelle sous-chef Sidney (Ayo Edebiri) – renâclent à adopter ses méthodes et ses recettes gastronomiques. Dans le même temps, Carmy doit surmonter la mort de son frère, avec qui il entretenait des relations difficiles.
Lancée cet été en toute discrétion sur la plate-forme FX / Hulu aux États-Unis, The Bear aurait pu passer inaperçue. C’était compter sans le bouche-à-oreille, les immenses qualités de cette comédie lui ayant valu de se faire remarquer par les spectateurs, prompts à la recommander sur les réseaux sociaux. Cette pépite, portée par l’excellent Jeremy Allen White (le Lip de Shameless), arrive sur Disney + en Octobre.
Créée par Christopher Storer (Ramy, Dickinson), The Bear n’a rien à voir avec un ours : le titre renvoie au patronyme du héros, Carmen Berzatto. Surnommé Carmy, ce jeune chef brillant dirige les cuisines d’un prestigieux restaurant étoilé de New York. Mais lorsque son frère met fin à ses jours, il décide de retourner à Chicago pour reprendre le snack familial, un établissement au bord de la faillite où l’on sert des sandwiches aux ouvriers du quartier, bien loin de la haute gastronomie mitonnée par Carmy. Avec la jeune sous-chef Sidney qu’il vient d’engager, il décide de réorganiser la cuisine selon ses principes. Au grand dam de ses employés et du cousin Ritchie qui n’apprécient pas ces changements, de sa sœur qui veut fermer le restaurant, et malgré le scepticisme de Jimmy, un mafieux auprès duquel le restaurant est endetté. Un snack au bord du dépôt de bilan, des employés inexpérimentés et indisciplinés, des tensions familiales : Carmy a-t-il fait le bon choix ? Peut-il sauver le snack ? Et d’ailleurs, celui-ci mérite-t-il d’être sauvé ?
L’idée de départ de The Bear tient en quelques mots : un chef étoilé reprend le snack familial. Mais ce n’est qu’une infime partie de la série. Ce n’est pas vraiment une comédie, mais plutôt un drame beaucoup plus riche et complexe qui, tout en gardant toujours une touche d’humour, entrelace deux sujets : les difficultés de Carmy à gérer la cuisine et le personnel, et les tourments qui le hantent sur le plan personnel.
Dans The Bear, bien sûr, on cuisine beaucoup – et ça donne faim. Côté cuisine, la série a été saluée pour le réalisme avec lequel elle dépeint les coulisses de son restaurant. Des scènes oppressantes, bourrées d’adrénaline, où chacun est sous pression et où Carmy hurle sur tout le monde. Un chaos plein de stress et d’énergie, à la réalisation fiévreuse (mention spéciale au septième épisode, fait d’un seul plan séquence) avec plans serrés et caméra au plus près des personnages dans l’espace confiné de la cuisine, où cris et bruits se superposent à une bande-son détonante (REM, Radiohead, Wilco) rythmant le passage inexorable des minutes pendant le coup de feu. Paradoxalement, c’est aussi en cuisine que l’humour est le plus présent, avec le décalage entre Carmy et ses employés qui ne comprennent rien à son jargon de chef cuisinier, ses relations explosives avec Ritchie , les contrôles sanitaires qui tournent mal…
En parallèle, côté drama, les huit épisodes (d’une durée d’une demi-heure, à l’exception du dernier qui fait 50 minutes) mettent peu à peu Carmy à nu, en explorant ses ambitions, ses motivations, ses relations avec sa famille, la manière dont il est hanté par les non-dits et par la figure insaisissable de ce frère suicidé. Progressivement, la série développe aussi les autres personnages dont on découvre les angoisses et les fragilités, mais c’est Carmy qui occupe sans cesse le devant de la scène. Et Jeremy Allen White incarne à la perfection ce personnage fiévreux, bourrelé de doutes et de souffrance.
Son frère Michael (que l’on voit en flash-back sous les traits d’un acteur dont on taira le nom pour ménager la surprise) s’est suicidé sans laisser d’explication, et il lui a légué le steak-house – alors même qu’il n’avait jamais voulu qu’il y travaille. Un mystère plane autour de la mort de Michael, elle obsède Carmy qui tente de noyer son sentiment de culpabilité dans le travail, alors qu’il se débat avec des sentiments mitigés qui l’empêchent de trouver le sommeil. Lui qui a longtemps idolâtré son frère avant d’être rejeté, se rend compte qu’il ne l’a peut-être jamais vraiment connu.
Dans le mélange des genres, The Bear est une série aussi surprenante que réussie. Ce qui semblait être une petite comédie légère sur un chef étoilé obligé de reprendre le snack familial bifurque vite vers autre chose, de plus complexe et plus profond. Sans se départir de son humour, The Bear parle de la famille, de ce qu’elle nous pousse à faire (en bien comme en mal), des sentiments mitigés que l’on ressent, du poids de l’héritage et de la transmission. Une histoire douce-amère, aux multiples saveurs – mais croustillante et délicieuse. Bref, une série cinq étoiles.
Succès surprise aux États-Unis, The Bear équilibre parfaitement la comédie et le drama, avec en toile de fond les tensions et la pression constante régnant dans les cuisines de son petit restaurant. Avec son écriture soignée, ses excellents acteurs au premier rang desquels Jeremy Allen White et Ebon Moss-Bachrach, elle pose un regard dur et sans concession, mais aussi tendre et souvent drôle, sur ses personnages et en particulier sur son héros Carmy. Une série à déguster ou à dévorer avec gourmandise – tout en sachant qu’on aura droit à un deuxième service. Pardon, à une deuxième saison.
The Bear
8 épisodes (de 30 à 50′)
Sur Disney+ le 5 octobre.
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