Une nouvelle fois, TF1 frappe fort avec sa nouvelle série Visions (avec Louane) en s’aventurant à contre-courant de là on aurait pu l’imaginer. Une série forte !
C’est quoi Visions ? Lily, 11 ans, disparaît lors de la fête d’anniversaire de sa mère. A la même soirée, un petit garçon, Diego, manifeste d’étranges visions liées au drame qui alertent le capitaine de gendarmerie, et surtout sa compagne, Sarah, une jeune psychologue. Un lien particulier va se créer entre Diego et la jeune femme d’autant que l’enfant semble aussi connecté à des éléments obscurs de son passé. Au-delà de l’enquête, cette série nous fait toucher du doigt l’univers fascinant de la médiumnité, et, à travers ce don, aborde aussi la différence. Car, à huit ans, on n’a pas du tout envie d’être différent, on a juste envie d’être un petit garçon comme les autres.
Si on était intrigué en lisant le pitch de Visions la nouvelle série de TF1, c’est parce qu’elle avait des allures de thriller surnaturel peu usuel sur la chaîne. Une des rares tentatives – Le secret d’Elise – s’était par ailleurs révélé très réussi. Intrigué donc mais a priori pas surpris. En accolant au projet le nom de Louane, on pouvait davantage penser à un coup de com’, certes très réussi, mais de la com’ comme on en voit souvent, où l’on pense que multiplier les “noms” dans un projet suffira à le vendre au public. Si il est bien question ici de “coup” c’est bien un coup à double impact : non seulement une nouvelle fois TF1 montre qu’elle aime et surtout qu’elle sait prendre des risques, mais en plus avec Visions, elle nous adresse un coup émotionnel fort auquel on ne s’attendait pas.
Evacuons d’abord ce qui est moins surprenant à savoir l’intrigue policière. Son traitement et ses retournements de situation sont assez classiques même s’ils n’en demeurent pas moins “efficaces”. L’enlèvement de la petite Lily n’est pas sans rappeler l’affaire Maylis (qui a débouché sur l’arrestation de Nordahl Lelandais). Intrigue classique donc mais dont le traitement très intimiste est déjà un contre-pied certains aux traditionnelles séries policières. Les effets et twists ne sont pas ménagés en fin de chaque épisode et donnent clairement envie de poursuivre.
Ce qui nous a largement plu c’est tout ce qui est autour. Le traitement intimiste des personnages et de leur évolution (y compris le coupable de la disparition de Lily) ; la relation forte et puissante, presque filiale qui se tisse entre Sarah et Diégo, sans fioriture avec ce qu’il faut de retenue pour y adhérer pleinement. En ça il convient de souligner la partition tout en pudeur de Louane, bouleversante du début à la fin car toujours “sur le fil”, mais aussi celle du petit Léon Durieux, incroyable révélation de cette série. Son jeu subtil où on le voit souffrir de son don n’est pas sans rappeler celui de Haley Joel Osment dans Sixième Sens. D’ailleurs, bien plus qu’une série policière, Visions est une série sur l’apprentissage de la différence. Comment être différent à un âge où l’on veut juste être comme les autres ? A ce titre, elle lorgne du côté des productions américaines comme Roswell où le fantastique est aussi un prétexte pour des thématiques similaires. Elle y répond sans jamais en dire ni en faire trop. C’est justement ce qui surprend, positivement, dans cette série. Il y a une vraie économie de mots dans une fiction française parfois trop bavarde. Economie de mot mais aussi un rythme qui prend son temps.
On ne court pas dans tous les sens pour soigner ses effets, on prend le temps de dire ce que l’on veut dire. En sortant la série des grandes villes (propres aux séries policières) pour l’amener dans cette petite, qui par bien des aspects n’est pas sans nous rappeler ces petites villes américaines où le charme cache les plus sombres secrets, Visions envoie un message fort : la série n’est pas celle que l’on croit et ce qu’elle propose n’est pas loin de la rapprocher par bien des aspects de séries du câble.
Pour que tous ces éléments prennent vie, il faut souligner la réalisation méticuleuse, soignée et digne d’Akim Isker qui donne une étoffe, une aura très forte à cette histoire signée Jeanne Le Guillou et Bruno Dega (qui signent ici sans doute leur meilleure série à date). Le réalisateur pose une atmosphère lourde, chargée même, sans jamais renier une pointe de “poésie”. En ça, la dernière scène du coupable dans le 6ème épisode est de toute beauté et nous rappelle par exemple “Le pré où je suis mort“, un très bel épisode de la saison 4 de X-Files. De même, les derniers instants entre Diego et Sarah sont tout en douceur et en justesse. Sans trop en dire, l’essentiel passe entre ces deux êtres qui se sont trouvés et se sont aidés, pour mieux emmener Sarah sans doute vers un autre destin. La maturité de jeu affichée par le jeune Léon est là encore toujours bluffante. Et comment ne pas mentionner pour accompagner le tout la sublime partition d’Eric Neveux (Un village français), sublime et bouleversante.
Ce que l’on retient de Visions
Une écriture soignée et une réalisation précise et classe
Un casting réussi, en tête duquel on souligne les prestations de Louane et Léon Durieux
Une série forte, tout en émotion, qui joue avec les codes du genre, mais aussi les codes de la télévision de grandes chaînes pour mieux s’en éloigner et proposer une “vision” de la télévision
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