On a vu pour vous … Vortex, la nouvelle série avec Tomer Sisley et Camille Claris (France 2)

C’est pas si souvent que France 2 nous propose un peu de fantastique sur son antenne, ne boudons pas notre plaisir avec Vortex, la nouvelle série portée par Tomer Sisley et Camille Claris.

C’est quoi Vortex ? Il y a 27 ans, Ludovic, capitaine de police à Brest, a perdu sa femme Mélanie dans un accident. En revisitant une scène de crime reconstituée en réalité virtuelle, l’inimaginable arrive : une faille spatio-temporelle s’ouvre leur permettant de communiquer, Mélanie en 1998 et Ludo en 2025 ! Mélanie est censée mourir dans 11 jours… Mais si Ludo arrive à la sauver, que deviendront sa femme Parvana et leur fils Sam ?

Attendue dans quelques semaines sur France 2, Vortex fut l’un des événements du dernier Festival de la Fiction TV en septembre où les deux premiers épisodes ont été présentés et qui a remporté le prix de la Meilleure musique (Audrey Ismaël et Olivier Coursier). Ecrite par Camille Couasse et Sarah Farkas et réalisée par Slimane Baptiste Berhoun (Les Engagés), Vortex est la nouvelle production de Quad et de sa très occupée et talentueuse productrice Iris Bucher (Les Combattantes – TF1) qui entend combiner le traditionnel polar avec de la SF (notamment les paradoxes temporels) avec une grande et belle histoire d’amour. Comme nous le confiait la productrice durant le festival, « le but était dès le début de faire en sorte que la SF ne soit pas un prétexte pour servir du polar et que la conclusion de la série apporte ce que l’on voulait en la démarrant« . Vaste programme mais est-il réussit à l’issu des deux premiers épisodes ?

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Mettons de côté ce à quoi on ne croit pas. Comme dans J’ai menti (France 3) où plusieurs années séparent les deux « lignes temporelles », ici aussi il faudra un peu plus qu’une barbe et des cheveux allongés pour qu’on croit que Tomer Sisley ait pu prendre 25 ans. Pour le coup, ça ne fonctionne pas mais on finit par l’accepter plus par convention du genre que par adhésion totale. De même, on craignait un peu que l’aspect SF ne soit qu’un élément pour servir une série policière, genre très en forme sur France Télévisions.
Mais quand la série commence à devoir traiter les paradoxes temporels, elle devient très intéressante car elle « tord » son héros dans tous les sens, pris en étau entre des choix impossibles à faire. Et une nouvelle fois, choisir Tomer Sisley se révèle une excellente décision, tant le comédien habite littéralement ces héros torturés. A ses côtés, quel bonheur de retrouver l’incroyable Camille Claris (bien trop rare et qui « fête » cette année les 10 ans de sa participation sur France 2 à Clash), une « bulle d’émotion » qui illumine l’image et qui trouve ici un rôle à sa pleine mesure, où elle n’a aucun mal à être l’héroïne tragique de la partie « 1998 ». Autre excellent choix que de confier à Anaïs Parello (Ici tout commence) la rôle de « leur fille », adulte en 2020, elle est assurément l’un des nouveaux visages de la fiction à surveiller de très près.
Mais notre coup de cœur revient à Juliette Plumecocq-Mech, un visage qui commence à être familier de nos séries mais qui trouve ici un rôle qui lui va si bien, pince sans rire et bons mots au programme, auxquels on ajoute une classe naturelle et qui nous fait penser un peu à Annie Girardot quand on la voit, même si au final, son personnage n’est pas assez exploité tant elle aurait pu se révéler une alliée de choix dans la « traque » de Ludovic.

A l’issue de la série, la mécanique fonctionne mieux que l’intrigue policière en elle-même – assez classique – et l’on se doute que c’est plus la manière dont on peut arriver à une conclusion qui va nous intéresser que la simple résolution de « qui est responsable de ces drames? ». D’ailleurs, pour qui est un tant soit peu habitué à regarder du polar et ce genre d’histoires, il ne faudra pas très longtemps pour découvrir le ou la coupable, l’histoire insistant souvent trop lourdement sur les indices laissés ici et là. En revanche, quand la série fait un pas de côté sur le polar et rejoint le drama, Vortex est très puissante dans les émotions et les échanges entre les personnages. Le face à face entre mère et fille compte parmi les très belles réussites de la série, ainsi que l’ultime face à face entre Ludo et Mélanie. Il convient d’ailleurs de distinguer deux passages bien distincts dans la série : la résolution de l’intrigue (honnêtement très basique) avec la fin de la série qui replonge dans les conséquences de l’altération du temps par et sur les personnages (et qui a plus des allures de fin de saison que de fin de séries). Ce moment est d’ailleurs plus qu’intéressant pour le spectateur qui sent arriver ce qui va arriver et souhaite le savourer (même si pour la tension scénaristique, on aurait davantage souhaiter finir la série un poil plus tôt quand Ludovic comprend, avec sa fille, ce qui s’est passé) est parfaitement dosé. Reste après 6 épisodes une question : au-delà du confort scénaristique de garder Mélanie et Ludo proches du spectateur, pourquoi ils sont les seuls personnages à ne pas voir leur « mémoire » altérer par les changements qu’ils font ? Pourquoi seuls leur corps semble l’être ?

Vortex reste en tout cas une très agréable découverte qui sort des sentiers battus et propose une vraie bonne série à concept français comme on voudrait en voir plus et qui n’est pas sans nous rappeler la très belle curiosité américaine Awake (2012 – avec Jason Isaacs)

Vortex
6×52 minutes
Bientôt sur France 2

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