Basée sur des faits réels, A spy among friends revient sur la relation entre Nick Eliott et son ami Kim Philby, un agent MI-6 qui a trahi son pays.
C’est quoi, A spy among friends ? En 1963, l’agent du MI-6 Nick Elliot (Damian Lewis) découvre avec stupeur que son collègue et ami Kim Philby (Guy Pearce) est un traître : depuis des décennies, il travaille pour l’URSS. Elliot insiste pour se rendre à Beyrouth où Philby a été localisé afin de lui soutirer des informations, l’empêcher de faire défection vers Moscou et aussi comprendre comment son ami a pu le trahir ainsi. Mais il échoue dans sa mission et Philby prend la fuite. De retour à Londres, Elliot est soumis à un interrogatoire mené par l’enquêtrice Lily Thomas (Anna Maxwell Martin) : a-t-il aidé son ami à s’échapper, était-il lui-même un agent double ou a-t-il été abusé, comme les autres ?
Mini-série britannique produite par ITV, A spy among friends raconte une affaire d’espionnage incroyable mais vraie, survenue dans les années 1960. En pleine guerre froide, on apprend que plusieurs personnalités au plus haut niveau des services secrets britanniques travaillent pour l’URSS, parfois depuis des décennies. Parmi eux, rien moins que le directeur du contre-espionnage Kim Philby qui, depuis les années 1930 et malgré de nombreux soupçons, fournit des informations aux soviétiques et donne de faux renseignements à ses propres services et à la CIA.
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D’après le livre de Ben Macintyre (auteur de Rogue Heroes, récemment adaptée à la télévision), la série reprend cette histoire dans six épisodes de près d’une heure. Elle n’est pas la première à traiter cette affaire : on pense à la mini-série Cambridge Spies de Steven Moffat ou à The company. La première tentait de cerner les raisons ayant poussé quatre Anglais de l’élite aristocratique à trahir leur patrie tandis que, tirée du roman de Robert Little, la seconde abordait l’affaire dans un récit plus large couvrant toute la guerre froide. A spy among friends adopte un angle totalement différent : elle choisit de s’intéresser au plus tristement célèbre de ces espions britanniques et à sa relation avec un de ses collègues qui est aussi un ami proche. Soit Kim Philby d’un côté, Nick Elliot de l’autre.
La structure de la série est simple à expliquer, plus difficile à appréhender. Ce sont en fait trois arcs narratifs principaux qui se mêlent tout au long des épisodes. D’abord à Beyrouth en 1963, la rencontre entre Nick Elliot et Kim Philby, enregistrée et surveillée par le MI6 et le KGB. Ensuite, l’enquête interne à Londres quelques jours plus tard, lorsque Lily Thomas du MI-5 (seul personnage fictif de la série) passe Elliot sur le gril en l’interrogeant sur sa relation avec Philby et en disséquant la discussion de Beyrouth pour tenter de déterminer si les deux hommes étaient complices, si Elliot a obtenu des informations de Philby, s’il l’a aidé à fuir ou s’il a été abusé comme les autres. Enfin, la série se penche sur la vie du transfuge après sa défection, ses difficultés pour s’adapter à sa nouvelle vie en URSS ainsi que son débriefing par le KGB qui soupçonne qu’il a pu être « retourné » ou soit un agent double voire triple.
Des années 1930 aux années 1960, de la rencontre des deux protagonistes à Cambridge jusqu’à la fuite de Philby, de Londres à Moscou via Beyrouth, Istanbul ou Vienne, on fait des allers-retours incessants dans le temps et l’espace. C’est ce qui rend la série passionnante lorsqu’elle montre la confusion d’un Elliott qui revisite sa relation avec Philby au fil des souvenirs, plus troublé qu’il ne le laisse paraître derrière son flegme et son détachement so britanniques ; c’est aussi ce qui rend le récit difficile à suivre. Mieux vaut ne pas décrocher un seul instant, sous peine d’être perdu dans la chronologie.
En outre, ce n’est pas une série d’espionnage comme Homeland ou Jack Ryan ; plutôt une série d’espionnage « de salon ». Pas de scène d’action ébouriffante mais de longs dialogues, des enregistrements, des interrogatoires, des filatures, des débriefings… faits de mensonges et de non-dits, dans une ambiance prégnante de paranoïa. Avec ce rythme lent, la série est un peu irrégulière, des scènes passionnantes côtoyant des longueurs. A fortiori parce que l’ensemble est volontairement redondant, reprend le même moment sous diverses perspectives, et on a parfois l’impression que le récit s’enroule sur lui-même en spirale, au lieu d’opter pour une direction linéaire claire.
Heureusement, le plaisir de voir Damian Lewis et Guy Pearce, ensemble à de nombreuses reprises, est largement suffisant pour avoir envie de s’accrocher. Portée par la performance remarquable des deux acteurs, A spy among friends atteint alors le but qu’elle sous-entend dans son titre : aborder l’affaire moins dans ses répercussions diplomatiques ou internationales (même si elles y sont, notamment vis-à-vis de la CIA) que dans sa dimension humaine. C’est l’histoire d’une « amitié » qui émerge, avec les regrets peut-être de Philby, et surtout les questions et doutes qui submergent Elliot. Depuis combien de temps Philby lui mentait-il ? A-t-il trahi par conviction, par appât du gain ? Pourquoi n’a-t-il rien vu ? Y a-t-il jamais eu quelque chose de sincère dans leur amitié ? Philby a peut-être trahi son pays, mais il a aussi trahi sa famille et son meilleur ami, un homme qu’il connaissait et côtoyait depuis 23 ans. Et si c’était celle-là, la trahison la plus terrible ?
L’affaire Philby est l’une des affaires d’espionnage les plus célèbres du siècle dernier, et A spy among friends a choisi de raconter cette histoire en se focalisant sur la relation entre le fameux Philby et son collègue et ami Nick Elliot. C’est une série qu’on trouvera certainement bavarde et même ennuyeuse si on cherche une histoire d’espionnage pleine d’action et de rebondissement… ou au contraire passionnante et troublante si on se laisse porter par les dialogues intenses, les souvenirs et l’introspection amère de ses deux personnages principaux.
A spy among friends
6 épisodes de 60′ environ.
Disponible sur OCS.
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