Une série, 5040 possibilités : à vous de choisir dans quel ordre regarder les huit épisodes de Kaléidoscope disponible sur Netflix !
C’est quoi, Kaléidoscope ? Marié et père d’une petite fille, Leo (Giancarlo Esposito) est un cambrioleur de haut vol. Avec l’aide de son complice Roger Salas (Rufus Sewell), il force les coffres et démonte des pierres précieuses dans les endroits les plus sécurisés. Mais lorsqu’un cambriolage tourne au drame, Leo est arrêté. Des années plus tard, il décide de s’évader de prison pour monter un nouveau coup, afin de se venger… Avec une avocate peu regardante sur la loi (Paz Vega), son ex-codétenu Stan (Peter Mark Kendall), Judy (Rosaline Elbay) spécialisée dans les explosifs et le petit ami de celle-ci, Bob (Jay Courtney, il cible une société de haute sécurité où sont conservés des bons au trésor d’une valeur de 7 milliards de dollars.
Première série lancée cette année sur Netflix, Kaléidoscope est une histoire de braquage en apparence classique, vaguement inspirée d’un événement réel (la disparition de 70 milliards de dollars d’obligations d’un coffre-fort à Manhattan lors de l’ouragan Sandy en 2012) On y suit ses personnages avant, pendant et après un casse, sur une période de 25 ans. En termes de scénario, la série n’innove pas forcément et rappelle d’autres braquages de fiction, comme ceux de La casa de papel, Ocean’s eleven, The Italian Job… C’est toutefois une histoire divertissante, bien écrite et bien construite. Encore que : c’est justement la question de la construction de la série qui est au cœur de Kaléidoscope.
Chaque épisode a évidemment une place dans la chronologie : l’un d’eux a lieu six semaines avant le braquage, un autre sept ans avant, un autre encore le matin après le vol… et ainsi de suite. De l’un à l’autre, on découvre sur une période de vingt-cinq ans le passé des protagonistes, le recrutement de l’équipe du vol, l’organisation du plan, une évasion de prison, les conséquences du casse, l’enquête menée par l’agente du FBI Abassi (Niousha Noor). Dans quel ordre ? Et bien, ça dépend et c’est le but.
Car le showrunner Eric Garcia a voulu faire quelque chose de différent. En l’occurrence, les épisodes peuvent être vus dans l’ordre que l’on veut. Ils ne sont pas numérotés mais identifiés par une couleur. On commence obligatoirement par Noir qui explique le principe de base, et en théorie on termine par Blanc, qui raconte le braquage. Pour le reste, c’est open bar : vous faites comme vous voulez. On peut suivre l’ordre suggéré par l’algorithme (différent pour chaque utilisateur), prendre les épisodes au hasard, par ordre chronologique ou de préférences de couleur.
Au total, ce sont 5040 possibilités (40320 si on décide de ne pas obligatoirement finir par Blanc) et il y a donc de grandes chances que le récit ne soit pas linéaire. De sorte qu’il faut accorder une attention particulière à certains détails, qui expliquent les événements qui se sont produits ou qui se produiront. Il s’agit en quelque sorte d’assembler les pièces pendant qu’on regarde la série. Certains recommandent un ordre spécifique ; pas nous. Il vaut mieux se laisser porter et profiter de l’histoire dans l’ordre dans laquelle elle vous arrive.
On l’a dit, l’histoire en elle- même est plaisante et efficace, et c’est un élément essentiel. Car sans une bonne histoire, peu importe l’ordre dans lequel elle nous est présentée : ça n’aurait pas marché. Ici, on nous raconte le « avant » et le « après » d’un casse, avec toute une série de dynamiques secondaires, de relations entre les personnages (dont celle de Léo avec sa fille Hannah, jouée par Tatie Gabrielle à l’âge adulte), et d’événements de la vie des protagonistes qui éclairent leur motivations. C’est une histoire que l’on connaît déjà : le gang qui organise le braquage du siècle, les trahisons, les impondérables, les rivalités personnelles, la quête de vengeance / rédemption du héros (formidable Giancarlo Esposito, mais ce n’est pas une surprise), à quoi s’ajoutent l’évasion à la Prison Break et parfois une petite touche du ton de Fargo. Bref, des éléments déjà vus ailleurs – mais ça fonctionne extrêmement bien.
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La vraie question est donc celle de « l’expérience » : est-ce que ça apporte quelque chose, est-ce que ça marche ? En fait, tout dépend de l’attente du spectateur. Kaléidoscope n’est pas le casse-tête qu’elle promet, elle est moins complexe que ça. Oui, l’ordre de visionnage peut être modifié et influe sur la manière dont on appréhende l’histoire au cours du visionnage. Par exemple, si vous commencez par l’épisode Violet (25 ans avant le casse), vous obtiendrez dès le début beaucoup d’informations pertinentes sur le passé de Leo et les raisons qui le poussent à monter le casse. En revanche, si vous débutez par Rose (6 mois après le braquage), les événements ne vous impacteront pas de la même façon et vous percevrez différemment le personnage de Bob.
Mais tout bien considéré, chaque épisode n’est rien d ‘autre qu’un flash-back ou flash-forward, ou bien centré sur un personnage spécifique. Une fois la série terminée et toutes les pièces rassemblées, ou si l’on imagine à quoi aurait ressemblé le visionnage dans un autre ordre, on se dit que Kaleidoscope porte bien son titre : c’est une illusion d’optique. Et naturellement, la vue d’ensemble est au final la même. Ce n’est pas un Rubik’s cube complexe, c’est un puzzle amusant et intrigant. Et c’est déjà pas mal.
Kaleidoscope propose une histoire classique de braquage, efficace et prenante, divisée en flashback et flashforward. En reprenant des éléments traditionnels du genre pour tisser sa trame, la série concentre son ambition sur l’idée de « l’expérience » qui consiste à regarder les épisodes dans l’ordre que l’on veut. Le résultat est surprenant et fonctionne très bien – même s’il n’est pas aussi révolutionnaire ou déstabilisant que ce que l’on semblait nous promettre. Mais peu importe, car sur la forme, Kaleidoscope est suffisamment originale et amusante pour qu’on se prenne au jeu.
Kaléidoscope.
8 épisodes de 34′ à 56′ minutes.
Disponible sur Netflix.
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