Dans Les incandescentes, une révérende et sa fille au passé compliqué se retrouvent malgré elles au cœur d’événements terrifiants, dans un sombre village anglais.
C’est quoi, Les incandescentes ? La révérende Jacqueline ‘Jack’ Brooks (Samantha Morton) et sa fille Flo (Ruby Stokes) arrivent à Chapel Croft, une petite localité au cœur de la campagne anglaise, afin de prendre un nouveau départ et laisser derrière elle un passé douloureux. Mais ce petit village a lui aussi une histoire sombre et mouvementée : deux petites filles protestantes ont été brûlées vives pour sorcellerie en place publique au XVIème siècle, deux adolescentes inséparables ont mystérieusement disparu sans laisser de trace il y a 30 ans ; et si le poste est vacant, c’est parce que le révérend de l’église locale vient de se suicider. Autant de tragédies qui rendent les habitants méfiants envers les nouveaux venus, et autant de mystères ponctués de sinistres apparitions, auxquels vont être confrontées la mère et la fille.
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Difficile d’imaginer Halloween sans son cortège de fantômes, de vampires… et de sorcières. Et ce sont elles qui sont en quelque sorte au cœur de Les Incandescentes (The burning girls en v.o.), mini-série en six épisodes tirée d’un roman de C.J. Tudor, disponible depuis le 19 Octobre sur Paramount+. Avec en vedette Samantha Norton (The serpent queen) et Ruby Stokes (La chronique des Bridgerton, Lockwood & co.), le récit navigue entre surnaturel, thriller psychologique, intrigue criminelle et en arrière-plan, le thème du féminisme et de la religion à travers les siècles.
L’histoire est centrée sur Jack Brooks, une femme au passé obscur et apparemment douloureux, qui reprend la fonction de révérend dans le petit village anglais de Chapel Croft, après le suicide de son prédécesseur qui s’est pendu dans l’église. Avec sa fille Flo, elle espère commencer une nouvelle vie et laisser derrière elle un incident mystérieux qui a coûté la vie à son mari. Très vite, elle comprend toutefois que Chapel Croft n’est pas l’endroit paisible qu’elle pensait. Les habitants restent surtout marqués par plusieurs tragédies : deux petites filles ont été brûlées vives en 1556 parce que protestantes et accusées de sorcellerie, et deux adolescentes amies intimes sont portées disparues depuis une trentaine d’années. Une histoire mouvementée, encore vivace dans les esprits. Et Jack et sa fille sont rapidement témoins de phénomènes étranges – dont l’apparition des fantômes des deux petites filles, dévorées par les flammes…
La série créée par Hans Rosenfeldt reprend tous les classiques du genre, autant dans les éléments surnaturels qu’elle présente que dans le déroulement de son intrigue et dans ses rebondissements. Il y a des secrets qui devront être révélés, un exorcisme, des corbeaux, des pierres tombales, des hallucinations ou des apparitions, des disparitions mystérieuses, des personnages hostiles et étranges (dont celui incarnés par Rupert Graves – le Lestrade de Sherlock), une malédiction (quiconque voit les fantômes des petites filles est voué à une fin tragique), des messages menaçants anonymes, un village inquiétant perdu au milieu de nulle part et presque anachronique. Même si elle ne brille pas par son originalité et met peut-être trop d’intrigues en jeu, la série parvient néanmoins à créer une atmosphère inquiétante et pleine de mystère, avec une photographie volontairement sombre et crépusculaire qui distille vraiment une ambiance pesante particulièrement réussie.
Au-delà du surnaturel et de l’horreur, le véritable thème autour duquel s’articule la série se dessine assez rapidement : elle utilise l’histoire pour parler de la place des femmes, dans un contexte rétrograde et traditionaliste (en lien avec la religion, mais pas seulement), dans une société qui a changé de visage et de méthodes au fil des siècles, mais pas de mentalité. À Chapel Croft, il semble y avoir une croyance établie, selon laquelle une femme désireuse d’exprimer son opinion, d’affirmer son identité, de se rebeller contre des dogmes imposés ou de s’écarter de ce qu’on attend d’elle représente le Mal et doit donc être punie. Après la chasse aux sorcières du XVIème siècle, les deux adolescentes disparues et considérés comme subversives ont subi des violences physiques et psychologiques y compris de la part de leurs familles ; de nos jours, la communauté est choquée de découvrir que « Jack » n’est pas un homme, on ne lui fait pas confiance ; Flo est victime de l’hostilité des autres adolescents et adolescentes, et la révérend et sa fille vont avoir bien du mal à être acceptée. D’autant que même la jeune génération – en particulier les filles – semble accepter et même avoir intériorisé l’attitude misogyne dominante à Chapel Croft, finissant par devenir victimes d’elles-mêmes et par alimenter les abus et la violence qui leur sont infligées.
Portée par l’excellente interprétation de Samantha Morton (diamétralement opposée à celles qu’elle nous a offertes avec Alpha dans The walking Dead ou Catherine de Médicis dans The Serpent Queen), Les incandescentes joue donc avec le registre de la folk horror à la Midsommar, tout en inclinant davantage vers l’intrigue criminelle dans la deuxième moitié de la saison. Riches en thèmes, avec une esthétique remarquable, elle se perd parfois dans des intrigues secondaires trop nombreuses et une narration qui en devient un peu confuse ; elle s’appuie aussi un peu trop sur les tropes et les images traditionnelles de ce genre d’histoires. Pour autant, on est tenu en haleine jusqu’au bout et on se laisse facilement emporter par son atmosphère gothique inquiétante. De quoi passer quelques soirées subtilement effrayantes – à Halloween ou à un autre moment.
Si elle ne brille pas par son originalité, Les incandescentes reste une série intéressante et solide, qui fait ce qu’on attend d’elle – et même un peu plus. En s’appuyant sur le roman de l’écrivaine C.J. Tudor, elle nous offre une histoire pleine de mystères entre surnaturel, religion et intrigue criminelle ; une atmosphère sombre prégnante, un excellent casting et une métaphore féministe certes classique mais toujours pertinente. Car après tout : we are the daughters of the witches you couldn’t burn.
Les incandescentes.
6 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Paramount+
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