Portée par le formidable duo formé par Sissy Spacek et JK Simmons, Night Sky nous plonge dans un drama sur fond de science-fiction.
C’est quoi, Night Sky ? Irene (Sissy Spacek) et Franklin York (JK Simmons) forment un vieux couple qui vit dans l’Illinois. Et ils ont un secret : sous leur abri de jardin, ils ont découvert une sorte d’ascenseur qui conduit à une pièce donnant sur ce qui ressemble à une autre planète. Ils n’osent pas s’y aventurer mais admirer ce paysage énigmatique apaise Irène, de sorte qu’elle et son mari viennent souvent s’asseoir devant la baie vitrée. Jusqu’au jour où l’apparition inexpliquée dans la fameuse pièce de Jude (Chai Hansen), un jeune homme blessé et amnésique, bouleverse toute leur existence.
On dirait bien que Prime video a des envies de science-fiction – mais de science-fiction atypique. Après la surprenante Tales from the loop en 2020 et la baroque Outer Range cette année, voici donc Night Sky, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la série avec Josh Brolin. Là encore, c’est un mélange de genres où la science-fiction sert de métaphore voire d’excuse pour parler d’autre chose. Cette fois, pas de cow-boys, de bison mystique ou de trou ; au lieu de ça, un couple de seniors, un ascenseur spatial… et des lamas.
Franklin est un vieux bonhomme grincheux au grand cœur ; sa femme Irene, douce et patiente, a du mal à se remettre d’une chute et se déplace en fauteuil roulant. Mariés depuis longtemps, ils s’aiment et se soutiennent face aux problèmes de santé mais aussi dans leur douleur commune depuis la mort de leur fils. Ils partagent aussi un secret : sous le hangar au fond de leur jardin, il existe une pièce dont la porte ouvre sur une autre planète. Par peur, Irene et Franklin n’ont jamais ouvert la porte en question mais ils viennent régulièrement contempler les étoiles et le paysage à travers la fenêtre. Tout bascule lorsque Irene découvre un mystérieux jeune homme, Jude, sur le sol de la chambre souterraine. Il est amnésique et mal en point, et Irene décide de le soigner et de le prendre sous son aile tandis que Franklin ne lui fait pas confiance et veut qu’il parte au plus vite.
A partir de là, l’intrigue de Night Sky se scinde en deux. Car pendant ce temps-là, quelque part en Argentine, Toni (Rocío Hernández), quinze ans, vit à l’écart du monde avec sa mère Estela (Julieta Zylberberg). Celle-ci élève des lamas (on vous avait dit qu’il y avait des lamas !) et refuse surtout tout contact avec l’extérieur, protégeant jalousement la chapelle qui se trouve sur sa propriété. Débarque alors un homme mystérieux (encore un !) qui est soit le protecteur d’une société secrète, soit un tueur à gages, soit les deux, soit ni l’un ni l’autre…
Oui, c’est compliqué. Pas tellement du point de vue de l’histoire en elle-même, mais parce que les scénaristes ne nous facilitent pas la tâche. La série construit de multiples intrigues secondaires (celle impliquant la petite-fille des York ou la présence d’un voisin trop curieux par exemple), on suit les deux axes narratifs principaux quasiment indépendamment et si tout finit naturellement par converger, ce n’est que dans l’avant-dernier épisode. Dans l’intervalle, on a souvent l’impression de regarder deux séries totalement différentes : l’histoire d’un vieux couple d’une part, un thriller de SF conspirationniste de l’autre. Le tout, avec un rythme volontairement lent, Night Sky distillant au compte-gouttes mystère sur mystère sans finalement trop en révéler. Au point qu’au terme de cette saison, on a quasiment la sensation d’avoir regardé un long prologue sans être entré dans le vif du sujet…
Bref, ce n’est pas une série pour les accros à l’adrénaline. Ni pour les fans de SF pure et dure, d’ailleurs. Car c’est finalement moins une série de science-fiction avec des éléments dramatiques qu’un drama avec des touches de science-fiction. Oui, il y a des aurores boréales (du reste sublimement filmées), des déplacements spatio-temporels, des portails dimensionnels, des objets étranges et des combinaisons spatiales ; toutefois, Night Sky s’appuie sur ces éléments pour construire de grandes allégories – plus ou moins évidentes, plus ou moins subtiles.
En outre, le récit étant très irrégulier, on a naturellement tendance à se concentrer sur l’aspect le plus intéressant : on regarde patiemment nos Argentins crapahuter dans la pampa, en attendant de retrouver Irene et Franklin. Transcendée par les performances magistrales de Spacek et Simmons qui rendent presque physiquement palpables la douleur, la peur mais aussi l’amour et la tendresse de leurs personnages, l’histoire de ce couple a quelque chose de touchant et même de profondément émouvant.
Irene et Franklin sont mariés depuis des décennies, ils ne se sont plus quittés depuis leur coup de foudre quand ils étaient jeunes ; ils ont vécu des moments de joie mais aussi la douleur immense de perdre un fils. Aujourd’hui, ils avancent ensemble dans les dernières années de leur vie, affrontant main dans la main le spectre de la déchéance physique et cognitive, de la dépendance, du deuil, de la solitude et de la mort. Bref, de la finitude inexorable de l’existence humaine. Sujet certes fort peu réjouissant mais qui nous concernera forcément un jour et qui est traité avec une douceur et une sensibilité qui dégagent davantage la mélancolie que la tristesse. Et c’est là que, par-delà les étoiles, Night Sky nous touche en plein cœur.
Mystérieuse, déroutante et poétique, Night Sky demande un certain engagement et de la patience. Avec son rythme lent, c’est certes une série de science-fiction mais où le genre a tendance à s’effacer au profit du drama et de l’émotion véhiculée par le couple formé par ses deux héros. C’est aussi, il faut bien le dire, une série parfois ennuyeuse car irrégulière et frustrante, car cette saison ne fait finalement qu’effleurer de nombreux mystères et laisse plusieurs questions en suspens. En attendant une éventuelle deuxième saison. Éventuelle étant le mot-clé…
Night Sky
8 épisodes de 52′ environ.
Disponible sur sur Prime Video
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