Ozark s’achève sur un dénouement tragique et donc cohérent, dans une dernière ligne droite un peu en-deçà du reste mais néanmoins convaincante.
C’est quoi, Ozark (Saison 4 – partie 2) ? Déterminés à quitter Ozark pour retrouver une vie normale avec leurs deux enfants, Wendy (Laura Linney) et Marty (Jason Bateman) Byrde sont dans une situation précaire. Ils ont passé un accord avec le FBI pour faire tomber le cartel de Omar Navarro (Felix Solis), désormais en prison, et ils pensent enfin voir le bout du tunnel. Mais ils jouent un double jeu dangereux avec le cartel et son nouveau chef Javi (Alfonso Herrera). Sans compter que la fureur vengeresse de Ruth (Julia Garner) après la mort de Wyatt pourrait tout aussi bien anéantir tous leurs projets et tous leurs espoirs.
Ozark, c’est terminé. Disponibles sur Netflix, les sept derniers épisodes de la série souvent comparée à Breaking Bad concluent l’histoire des Byrde, débutée en 2017. Après une première partie qui montait constamment en tension, la seconde avait la lourde tâche de refermer toutes les intrigues, de nous dire comment Marty et Wendy allaient tenter d’échapper aux griffes du cartel pour revenir à leur vie d’avant (et s’ils allaient y parvenir) et d’offrir à l’ensemble des personnages le final qu’ils méritaient. Le pari est réussi… en partie. C’est-à-dire que les derniers épisodes apportent une conclusion logique, cohérente et fidèle à ce qu’a été la série tout au long de ses quatre saisons, bien qu’ils perdent de l’élan dramatique impulsé précédemment.
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Rappelons brièvement que Ozark raconte l’histoire de Marty Byrde, un conseiller financier contraint de déménager sur les rives du lac Ozark avec sa femme Wendy et leurs enfants ; alors qu’il blanchit l’argent de la drogue d’un cartel mexicain, il entraîne peu à peu sa famille dans le crime, dans des enjeux qui le dépassent et dans une situation toujours plus instable et dangereuse. Au terme de la première slave d’épisodes de cette ultime saison, nous avions laissé les Byrde entre deux feux : d’un côté, un accord avec le FBI et de l’autre, le cartel désormais dirigé par Javi. Celui-ci a tué de sang-froid Wyatt et sa cousine Ruth, dévastée, va chercher à venger sa mort quitte à entraver (une nouvelle fois) les plans des Byrde.
Les quatre saisons de Ozark fonctionnent selon le système des dominos : chaque action, même la plus anodine, entraîne des conséquences qui provoquent une autre action, aspirant ainsi les Byrde et les personnages autour d’eux dans un engrenage d’accords, de trahisons, de représailles et de meurtres. Marty et Wendy ont toujours pris ces décisions en évoquant un destin inéluctable ; la vérité, c’est qu’il y a longtemps qu’ils ont cessé d’être des victimes pour devenir les artisans de leur propre malheur. Et de celui de beaucoup d’autres. Ce qui a commencé comme la tentative désespérée d’un père pour sauver sa famille s’est progressivement muée en saga criminelle tragique et amère ; il est trop tard pour la rédemption, le seul enjeu qui reste, c’est la survie.
Pour aboutir à sa conclusion, Ozark reste fidèle à cette dynamique, acculant toujours davantage ses personnages en les mettant dans des situations impossibles. Et plus encore que précédemment, l’histoire est de toute évidence portée par Wendy et Ruth. La première est devenue au fil des saisons la force motrice de la famille, prenant presque toutes les décisions tandis que Marty ne fait que suivre, impuissant voire amorphe. Alors que son mari était moralement corrompu dès le départ, l’évolution de Wendy vers la noirceur est de plus en plus prégnante – jusqu’au point de non-retour.
Face à elle, Ruth a toujours été le personnage le plus emblématique, charismatique et intéressant de la série. Interprétée par une Julia Garner phénoménale du début à la fin, Ruth s’est même révélée une figure décisive : une dure à cuire dangereuse, sans pitié, redoutablement intelligente… mais cachant aussi une jeune femme perdue et brisée qui bascule dans la violence pour se défendre et défendre sa famille.
Il fallait bien choisir un dénouement, et on ne peut rien reprocher à Ozark sur ce point. En revanche, Ozark perd en force dans ces derniers épisodes en étirant l’histoire et en prolongeant certains arcs narratifs plus que nécessaire. Ainsi, la majeure partie de cette seconde moitié de saison répète certains ressorts scénaristiques ou rebondissements déjà montrés précédemment : une fois de plus, Marty et Wendy doivent négocier avec le FBI, regagner la confiance de leurs enfants, empêcher Ruth de ruiner leurs plans avec le cartel, affronter Javi, parlementer avec Omar, trouver un moyen de blanchir l’argent, gérer leur projet de casino… Or, l’une des grandes forces de Ozark, c’était précisément que l’on ne savait jamais ce qui allait venir contrecarrer les plans des Byrde ; c’est moins le cas cette fois-ci où les situations répétitives semblent orchestrées pour arriver à la fin souhaitée par les scénaristes.
Pour autant, Ozark reste indéniablement Ozark, avec tout ce que cela implique : réalisation fluide, filtre bleuté sur les paysages spectaculaires, intrigue dense, tension omniprésente, personnages noirs, rebondissements jusqu’à plus soif, trahisons et meurtres. Jusqu’à une conclusion qui livre toutes les réponses attendues – ou presque. Une fin complexe, satisfaisante d’un côté car c’était probablement la seule possible mais légèrement frustrante car sans rien dévoiler, Ozark a choisi une conclusion ouverte… ou du moins entrouverte, à sa manière. Ce qui est en général le meilleur moyen de diviser les spectateurs, et Ozark ne fait pas exception à la règle à en croire les réactions du public…
La fin de Ozark n’est peut-être pas celle que vous espériez et elle arrive au terme de sept épisodes plus convenus que ce à quoi la série nous a habitués. Malgré tout, c’est la conclusion logique du parcours criminel de la famille Byrde et elle convient parfaitement à ce récit de corruption, de manipulation, de trahison et de mensonges. Sans atteindre son apogée narrative, Ozark reste une indéniable réussite, une série intense et maîtrisée. En attendant un éventuel spin off, déjà évoqué par le showrunner Chris Mundy.
Ozark
Saison 4, partie 2 – 7 épisodes de 55′ environ.
Disponible sur Netflix.
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