Et si on tenait enfin notre comédie romantique française ? Irrésistible débarque sur Disney+ et cette série avec Camélia Jordana l’est en tout point.
C’est quoi Irrésistible ? Adèle (Camélia Jordana), créatrice d’un podcast à succès, a un coup de foudre réciproque pour Arthur (Théo Navarro-Mussy), mathématicien. Mais dès qu’elle est en sa présence, elle fait des crises de panique et risque même le malaise. Le diagnostic est simple : Adèle est atteinte d’un syndrome de stress post-traumatique, conséquence directe de sa précédente histoire d’amour qui s’est mal terminée. Adèle n’a alors pas d’autre choix que de se tenir éloignée d’Arthur. Mais l’attraction est trop forte…
L’essentiel
La comédie romantique ou “romcom” est un genre casse gueule. Quiconque décide de s’y lancer doit répondre à un double impératif presque impossible à satisfaire : offrir les passages obligés posés par ces illustres modèles anglo-saxons, tout en y apportant une identité française. Et on est d’accord que ces modèles – qu’on adore à tous les points de vue – sont sacrément encombrants car on pense qu’on fera difficile mieux que Love Actually ou Notting Hill pour ne citer qu’eux. C’est pourtant le défi que s’est lancée la créatrice de la série Clémence Madeleine-Perdrillat (Nona et ses filles, En thérapie saison 2) : imposer en 6 épisodes une histoire, un postulat de départ qui “sépare” deux êtres que tout prédestine à s’aimer et les voir tout faire pour y arriver. Ces deux êtres sont Adèle et Arthur (joués par Camélia Jordana et Théo Navarro-Mussy), malmenés pendant 6 épisodes par les auteurs de la série et dont l’histoire est mise en image par Antony Cordier et Laure De Butler.
On aime
Pourrait-on tomber amoureux de l’héroïne ? A-t-on envie d’être ami avec le héros ? C’est un peu “notre” baromètre pour juger la réussite d’une comédie romantique. Une proximité avec les deux héros est nécessaire. Et si en plus la série (ou le film) donne envie d’être amoureux, alors c’est le bingo. Irrésistible coche toutes les cases.
Dès le début, l’écriture est soignée, maîtrisée pour qu’on accroche au postulat de départ qui, au passage, n’est vraiment possible qu’avec un vrai et sincère coup de foudre ce qui renforce la beauté de l’histoire à laquelle on assiste. Cet obstacle à traverser et qui parcourt toute la série, est démultiplié par des petits trouvailles sur chaque épisode pour garantir la faisabilité de la série (et la récurrence en épisode). Et chacune de ces trouvailles est comme un petit bonbon que l’on déguste délicieusement. Comme quand Adèle édicte ses règles pour que l’enregistrement du podcast avec Arthur se passe bien : “Si on s’y tient ça devrait marcher … faut juste attendre que mes papillons dans le ventre redescendent” … Et Arthur de découvrir les règles qui rajoutent du piquant à l’histoire comme : “Toujours couvrir les avant-bras … Oui car tu as des avant-bras très sexy“…
A l’image du sentiment amoureux qui nous fait rire de tout ce que l’autre fait ou dit, le spectateur, amoureux de l’histoire, se surprend à se réjouir de la moindre attention de ce type… Les auteurs assument totalement de glisser dans chaque épisode ses petits moments jolis, tendres, ceux qui, comme Dina dans l’épisode 3, nous feraient pencher la tête de côté, un mélange “oh qu’est ce que c’est mignon” et de “oh qu’est ce que c’est mielleux“. Et il n’y a rien de plus agréable quand on regarde une comédie romantique.
Mais les auteurs n’oublient jamais la dramaturgie qui alimentent le récit, et notamment ces accidents de parcours que sont souvent les cliffhangers de fin d’épisode. Tout en étant assez archétypaux, ils sont tous parfaitement réussis. La comédie permet aussi de désamorcer ces codes du genre et qui pourraient rendre l’instant trop “mielleux” justement. Dans Irrésistible, il neige (comme dans toute bonne comédie romantique) et ça permet à nos héros de se regarder langoureusement … avant que ça ne déclenche chez Adèle une nouvelle crise de panique. Idem face à un arc en ciel. Romantique par excellence, notamment pour Adèle qui ne manque pas pour autant de s’étouffer et lance un “Faut que j’y aille” qui coupe court à tout échange à venir.
Irrésistible joue aussi parfaitement sur les codes du genre de la romcom, on l’a dit, ils y sont. Mais elle les détourne aussi brillamment pour mieux donner cette “patte” française à la série et à l’histoire. Notamment tout le travail fait sur la musique. Dès qu’on pense comédie romantique, de nombreuses chansons viennent en tête et elles sont toutes très souvent en anglais. Prendre des standards de la variété française (c’est à dire la chanson française populaire) et les plonger dans une histoire moderne à laquelle on croit, à laquelle on adhère, permet de rendre à ces chansons leur caractère iconique et d’en faire des standards du genre. Ainsi, sans jamais se moquer d’elles, les auteurs utilisent de sublimes chansons qui, ailleurs, n’auraient jamais été utilisées (pas assez classes). Ici, “La maladie d’amour” de Sardou trouve tout son sens et comment ne pas craquer face à cet échange de regards entre Adèle et Arthur. Quant à “Ma préférence” de Julien Clerc, elle nous permet d’assister à un bouleversant échange entre un père et ses filles. De la même manière, en glissant dans une simple scène de patinoire l’éclairage d’une boule à facettes et en arrière une musique extraite de La Boum, les auteurs font de ce Paris très moderne et contemporain, un archétype de la ville où une grande histoire d’amour de télévision peut se jouer.
Enfin, l’ultime réussite de cette série (mais sans laquelle le reste n’aurait que peu d’intérêt), c’est le casting. Camélia Jordana et Théo Navarro-Mussy sont juste parfaits non seulement dans leur rôle mais dans ce type de rôle. Lui est le genre de garçon auquel on pourra tous s’identifier, pas le séducteur gauche tout le temps mais pas non plus le professionnel de la drague qui réussit tout, tout le temps. Quant à Camélia Jordana, on n’aurait pas pu imaginer mieux pour camper Adèle. Jeune femme moderne qui a envie d’aimer et d’être aimer, mais pas n’importe comment, elle est tout à la fois sublime et intense, se donne à fond et est Adèle tout le temps. On la savait très bonne comédienne mais en girl next door redoutable, elle devient avec ce rôle, un modèle d’héroïne de romcom. Et c’est plutôt une très belle réussite.
Irrésistible réussit-elle aussi sa sortie ? Si l’épisode 5 est le moins “bon” sur un niveau très haut, il doit être davantage vu comme un passage vers la résolution. Il y a de très beaux moments à l’image de cette confrontation générale et nécessaire. Puis le 6ème épisode renoue avec ce qu’on aime le plus de la série, ce qui nous fait regretter que ça s’arrête déjà. Notamment car l’épisode bénéficie d’un rythme soutenu qui nous ferait dire qu’on aurait sans peine pu se faire à l’idée de deux épisodes de plus. L’épisode 6 possède en revanche de vrais moment purement remarquables à l’image de cet enregistrement de podcast bouleversant. Et un final en apothéose, où l’histoire trouve une résolution comme on l’aime et où la réalisation est purement virevoltante, imprégnée de références et d’hommages assumés au cinéma jusqu’à un ultime plan d’une poésie incroyable.
A la minute où Irrésistible se termine, on sait qu’elle appartient déjà à ces comédies romantiques qu’on aimera voir et revoir encore et encore, et qui est déjà une référence du genre.
Irrésistible
6×30 minutes
Dès le 20 septembre sur Disney+
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