On regarde ou pas ? Les papillons noirs (Arte)

Les papillons noirs, c’est la série de la rentrée sur Arte. Après avoir fait sensation à Séries Mania, la série va débarquer pour une rentrée sanglante.

C’est quoi Les papillons noirs ? Adrien (Nicolas Duvauchelle), auteur tourmenté d’un premier roman à succès, peine à accoucher du deuxième. En attendant, il écrit la vie d’illustres inconnus. Un vieil homme, Albert Desiderio (Niels Arestrup), l’appelle un jour pour lui raconter sa plus grande histoire d’amour, Solange, l’histoire d’une vie… Le récit d’Albert s’avère être en réalité les confessions d’un couple de serial killers unis à la vie à la mort. Entre fascination et répulsion, Adrien réalise que ce « roman » a tout pour être bon, pourquoi ne pas le reprendre à son compte ? C’est alors qu’il réalise que lui aussi a un rôle à jouer dans l’histoire d’Albert : il n’a pas été choisi par hasard…

L’essentiel

Le choc ! C’est le mot qui résume le mieux la sensation ressentie lors du visionnage de cette nouvelle série d’Arte.
A la lecture du pitch il y a quelques mois quand il fut annoncé par la chaîne, on devinait en coin que l’on tenait un projet différent, tant sur le fond que sur la forme. Aujourd’hui, on ne peut que confirmer cette première impression. Vibrant hommage au giallo des années 60-70, mais aussi à la une culture pop aimée par Tarantino, à Hitchcock, et même à David Lynch sans jamais les singer, Les papillons noirs distillent une ambiance oppressante dès les premières minutes à mesure que l’on se glisse dans les pas d’Adrien, parti à la rencontre du très “calme” Albert.

L’histoire d’amour qu’il nous raconte nous promène des années 60 au début des années 80 avec une reconstitution des plus réussies. On se laisse emporter par le tourbillon de cet amour qui n’avait rien d’évident au début mais qui ne manque jamais de nous toucher. Et puis, sur un coin de plage, le drame se noue devant nous avec une brutalité jamais esthétisé et qui nous ramène toujours du côté de Solange. Brutalité, sauvagerie et protection de l’être aimé se mélangent pour poser les bases de ce qui se jouera ensuite sous nos yeux. La force de l’histoire est telle que l’empathie que l’on a pour Solange n’est jamais oublié malgré l’horreur qui se répète été après été. L’horreur des actes qui se répètent tranche avec le calme absolu dont fait preuve quelques 50 années plus tard Albert quand il raconte son histoire. Et c’est ce calme qui rend l’histoire encore plus troublante. Une histoire horrible par ce qu’elle dit mais aussi par ce qu’elle ne dit pas … encore. Et cette question essentielle : où est Solange ?

On aime … et c’est tout

En projetant les deux premiers épisodes, Séries Mania n’avait laissé apparaître qu’une simple ébauche de ce que sont ces papillons noirs. La narration avance, s’emballe mais se révèle toujours maîtrisée. Du début à la fin ! Chacun joue une partition au service de l’histoire dans son ensemble. Toutes les pièces sont là comme le précisent Olivier Abbou : “Au second visionnage, vous verrez que les éléments sont biens présents. A vous de choisir de les voir ou pas“. Au fil de la série, l’horreur laisse place au drame, le drame d’hommes et de femmes qui vont mieux apprendre à se connaître eux-mêmes. La quête d’identité et la transmission, autant de thèmes au service d’une histoire puissante qui ne se galvaude jamais et qui sait parfaitement maîtriser des effets jamais gratuits. Tout trouvera une réponse en fin de série et la garantie de ne pas ressortir indemne de cette expérience sérielle unique.

Brillamment écrite (par Bruno Merle et OlivierAbbou) et mise en scène (Olivier Abbou), Les papillons noirs sont une réussite de tous les instants. Une série qui va rejoindre le club très fermé des plus grosses et belles réussites de la fiction françaises de ces 10 dernières années. Comment le public va-t-il réagir ? L’expérience est si radicale que les avis seront tranchés. Mais il ne faut en aucun cas passer à côté de cette série qui résonne encore en nous après l’avoir fini. Et comme une furieuse envie de la revoir encore !

On regarde si … on veut voir une série redoutable, prenante, envoûtante, qui vous attrape pour ne plus vous lâcher depuis le moment où elle déroule sa palette de couleurs jusqu’aux toutes dernières scènes post générique de fin du 6ème épisode.

On regarde aussi si … on veut voir la prestation bluffante de nos deux jeunes héros Axel Granberger et Alyzée Costes, aussi fascinants que terrifiants dans le rôle de ce couple d’assassins. Sans oublier la magistrale interprétation de Lola Creton

On écoute enfin si … on veut se laisser percuter par l’excellente bande son de Clément Tery qui sait aussi bien rendre hommage à la musique pop des années qu’à Bernard Herrmann quand il envoie Marion Crane sur les routes à la rencontre de Norman Bates.

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Les Papillons noirs
Une série créée et écrite par Olivier Abbou et Bruno Merle
Réalisation : Olivier Abbou
Avec Nicolas Duvauchelle, Niels Arestrup, Axel Granberger, Alyzée Costes, Alice Belaïdi, Sami Bouajila, Marie Denarnaud, Lola Créton
Coproduction : ARTE France, GMT Productions (Mediawan), Jack n’a qu’un œil et Pictanovo
(France, 2021, 6×50’)

En intégralité sur arte.tv du 8/09 au 12/10/22
Sur ARTE les jeudis 22 et 29 septembre 2022 à 20h55

Le 4ème mur se brise totalement avec la parution en librairie le 7 septembre du roman écrit par Adrien / Mody dans la série, intitulé “Les papillons noirs” (Les Editions du Masque – Arte Editions)

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