Complots, réalité virtuelle et voyage dans le temps sont quelques-uns des éléments de Périphériques, la nouvelle série de science-fiction des créateurs de Westworld.
C’est quoi, Périphériques ? En 2032, dans une petite ville rurale du Texas, Flynne Fisher (Chloë Grace Moretz) travaille dans un magasin d’impression 3D ; son frère Burton (Jack Reynor), ancien militaire, vit dans une caravane à côté de la maison et joue à des jeux de réalité virtuelle pour gagner de quoi payer les soins de leur mère malade. Lorsqu’une mystérieuse entreprise propose à Burton une forte somme d’argent pour tester un nouveau casque virtuel, c’est Flynne, plus expérimentée, qui commence la partie. Elle se retrouve dans une histoire d’espionnage et de courses poursuites, dans une Londres futuriste en 2100. Mais elle comprend vite que cette « réalité virtuelle » est plus réelle qu’il n’y paraît et qu’elle vient de plonger dans un vaste complot technologique aux multiples ramifications qui risque de mettre toute sa famille en danger.
L’essentiel
Créée par Scott Smith, The Peripheral (Périphériques : les mondes de Flynne en VF) est tirée d’un roman de William Gibson, auteur de science-fiction prolifique et fer de lance du mouvement cyberpunk. Ce sont toutefois deux autres noms qui vont attirer l’attention des amateurs de séries : ceux de Lisa Joy et Jonathan Nolan, créateurs de Westworld, qui apparaissent en tant que producteurs. Et en l’occurrence, on comprend vite pourquoi ils se sont investis dans le projet, tant l’histoire et les nombreux thèmes sous-jacents qu’elle brasse rejoignent précisément ceux de Westworld.
On aime
The Peripheral offre d’emblée un mélange efficace entre science-fiction, thriller et action. Spectaculaire et visuellement impressionnante, la série jongle entre deux lieux et deux périodes : la petite ville texane où vivent Flynne et sa famille en 2032, et le Londres futuriste de 2093 qui fonctionne comme une sorte de réalité parallèle à laquelle Flynne accède via le dispositif qu’elle accepte de tester. Soit d’un côté, l’Amérique rurale en pleine crise économique au cœur des Blue Ridge Mountains, et de l’autre une Londres dystopique spectaculaire et élégante, hyper technologique, où les bâtiments anciens voisinent avec les monuments du futur grâce à d’excellents effets spéciaux.
Bien que d’emblée, la série introduise de nombreux personnages, elle le fait avec suffisamment d’habileté pour qu’on les situe rapidement. Flynne, est interprétée par une Chloë Grace Moretz (vue dans Kick-Ass 1 et 2) aussi convaincante dans les moments d’émotion que dans les scènes d’action ; à ces côtés, Gary Carr (The Deuce) joue le rôle essentiel de Wilf, sorte de guide de l’héroïne dans la Londres de 2100. Surtout, l’alchimie entre les deux fonctionne parfaitement. Citons aussi la présence à l’écran de Jack Reynor (Midsommar), Charlotte Riley (Peaky Blinders) ou T’Nia Miller (Bly Manor).
Si l’action est extrêmement présente dans la série, se dessine en toile de fond un mystère qui ne concerne pas seulement le futur, mais dont les répercussions impactent aussi l’existence actuelle de Flynne. A ce titre, The Peripheral se révèle vite dense et complexe. Et comme toute bonne série de science-fiction, elle utilise les éléments à sa disposition pour élaborer une métaphore capable de nous interroger sur un futur beaucoup plus proche ou même d’agir comme un miroir de notre époque. On y parle de transhumanisme, de réalité virtuelle, de la possibilité de s’incarner dans un avatar numérique ; mais aussi des répercussions que peuvent avoir les nouvelles technologies, la mainmise des grandes compagnies, le contrôle qu’exerce une poignée de puissant sur le destin de tous les autres, ou plus concrètement encore la crise économique, les difficultés de l’Amérique profonde, l’accès au système de santé, ou les traumatismes de guerre d’anciens soldats livrés à eux-mêmes après une énième guerre.
On aime moins
Les deux premiers épisodes de The Peripheral regorgent d’informations et ne lésinent pas sur les détails technologiques. C’est donc une série qui peut paraître complexe à appréhender, qui demande du temps et de l’attention pour s’imprégner de ce qu’elle propose, de la façon dont elle met en place ses intrigues et ses personnages et de sa mythologie. Sur ce plan, on ressent la patte de Nolan et Joy , et plus précisément de Westworld. Non seulement parce qu’on y retrouve des thèmes similaires (transhumanisme, incarnation dans un autre « corps », dérives de la technologie) mais aussi dans certain aspects visuels qui font écho aux créatures peuplant l’univers de la série HBO.
Si on s’attache rapidement à Flynne et si le personnage de Wilf a immédiatement quelque chose d’intrigant, les autres sont moins bien définis. Le frère de Flynne, par exemple, est l’ex-soldat classique qui tire avant de réfléchir ; l’antagoniste principale a des airs de méchante archétypale ; ceux qui tirent les ficelles dans le Londres du futur frôlent la caricature.
Enfin,comme dans … Westworld, il faut accepter de ne pas tout comprendre dès le début. S’il s’agit de toute évidence d’un choix, on a tout de même l’impression de voir les ficelles d’un scénario qui s’ingénie à compliquer les choses – par exemple en enchaînant une succession d’événements surprenants et difficiles à relier entre eux, ou en cachant volontairement un élément important pour empêcher le spectateur d’avoir une vision complète de ce qui se passe réellement.
On regarde si… on est fan de science-fiction et de dystopie; on est sensible aux ambiances et aux séries qui créent leur propre univers ; on accepte de se laisser porter quitte à ne pas tout comprendre d’emblée.
On ne regarde pas si… on préfère les histoires réalistes et on décroche dès qu’on nous parle réalités virtuelles et paradoxes temporels ; on aime les récits simples où tout est immédiatement accessible ; on est légèrement paranoïaque en ce qui concerne les nouvelles technologies.
Périphériques ; les mondes de Flynne.
2 épisodes puis un épisode par semaine – 8 X 70′ environ.
Sur Amazon Prime Video.
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