Attendue depuis des mois, la mini série Tapie avec Laurent Lafitte arrive sur Netflix le 13 septembre et est l’un des événements de la rentrée séries.
C’est quoi Tapie ? De chanteur à businessman, de ministre à prisonnier, Bernard Tapie a tout connu. À travers ses réussites comme ses échecs, la série retrace le destin romanesque d’une personnalité publique hors du commun.
L’essentiel
“La réalité dépasse la fiction” ! Tout dans la vie de Bernard Tapie est bigger than life. L’homme d’affaires et politicien est aussi un personnage à part entière. Difficile d’imaginer une série qui soit proche du réel sans paraître “over the top”. Dans une interview à Première sortie en 2022, Tristan Séguéla (co-créateur) expliquait : « La série est née dans la loge de ce film que je tournais avec Laurent. On se disait tous les deux qu’il ressemblait incroyablement à Bernard Tapie. On s’est fait la réflexion à peu près au même moment. Je lui ai dit à ce moment-là que je voulais travailler sur un projet de fiction consacré au mythe, Bernard Tapie. Et il se trouve que lui aussi, c’était un truc qu’il rêvait de faire ! Alors on s’est tapé dans la main. On a gardé en tête cette envie de retravailler ensemble. Entre temps, avec Olivier Demangel et Bruno Nahon, on a travaillé sur un autre projet et c’est là où l’on a parlé concrètement de faire une série autour de Bernard Tapie. » La série en 7 épisodes commence donc dans les années 60 avec le concours de chant que Tapie remporte, jusqu’à son emprisonnement à la prison de la Santé après l’affaire OM.VA. Elle fonctionne par sauts de puce dans le temps mais en gardant une certaine cohérence au long court dans le portrait qui est fait de lui.
“Je vais vous raconter l’histoire d’un petit gars de banlieue qui se prenait pour un grand révolutionnaire mais qui n’était qu’un tout petit vendeur de tapis”
On aime
Tapie est une grande et très bonne série. C’est simple mais avant de davantage expliciter, il nous semblait nécessaire de poser cette base. L’exercice du biopic est toujours périlleux mais la série s’en sort haut la main à coup de dialogues très bien sentis, des punchlines qu’un communiquant avisé n’aurait pas mieux réussi (on reconnaît la “patte” Séguéla) et de temps forts, marquants qui embarquent le spectateur et ne le lâche pas, tel le meilleur des pages tuner.
De Bernard à Tapie ! Tant dans le la marge de manœuvre de l’acteur que dans le plaisir du spectateur, la première partie de la série (épisodes 1 à 3) constitue vraiment un moment très intéressant. On y découvre tout une partie de sa vie qui nous était quasiment inconnue, de ses débuts en musique à ses premières activités professionnelles où se dessinent déjà le redoutable businessman qu’il sera. Lafitte semble dans cette partie être plus libre de proposer des choses, de créer une “facette” du personnage qui n’est pas télescoper par son image public. Il y a des moments forts comme sa rencontre avec Dominique – sublimée par Joséphine Jappy, incroyable de bout en bout – ou ses premiers “arrangements” pour racheter des entreprises. La force dont il fait preuve pour se relever après être tombé est parfaitement rendu par le jeu tout en finesse de Laurent Lafitte, impérial (et pas encore “prisonnier” de la gouaille de Tapie). On aime aussi ses rapports compliqués avec un père dont il cherche en permanence l’admiration, le respect, la validation et à qui il pourrait dire tout bas “Love me, please love me“. L’amour des autres semble d’ailleurs être le moteur qu’il a cherché toute sa vie, dans toutes ses actions et qu’il ne voulait pas perdre.
De Tapie … à Dominique. Une fois que la série bascule dans la partie que le grand public connaît, celle du Tapie médiatique, où les images s’imposent à nous par la télévision, la liberté de création de Lafitte rétrécie et c’est l’ogre Tapie qui mange un peu le comédien. Il se retrouve à devoir plus “imiter” l’homme d’affaires que de créer sa propre incarnation. Et ce, même si Laurent Lafitte le fait très bien. Et dès lors, un autre personnage monte en puissance, celui de Dominique. Cette dernière s’affirme, prend de plus en plus de place et montre le rôle déterminant qu’elle a eu à ses côtés et que son fils Stéphane a très bien résumé à la mort de son père sur les plateaux télé : “Elle l’a accompagné jusqu’au bout !“. C’est vrai et clairement montré dans la série. Cette femme a tout subi, tout en encaissé mais elle a parfaitement su aussi être à ses côtés et prendre les décisions quand il le fallait. La composition de Joséphine Japy est à ce titre absolument remarquable et il convient de ne pas l’oublier au profit de la prestation “unique” de Lafitte. Un moment l’illustre parfaitement, c’est l’épisode 4 de la série dans les coulisses de son émission “Réussite” (Ambitions en vrai ndlr) où Dominique devient littéralement le second personnage central de la série.
De très grands moments. En fonctionnant par sauts dans le temps, la série pourrait se perdre en faisant l’impasse sur des moments importants. Si sa construction paraît plus linéaire au début, elle n’évite pas ces écueils mais ce n’est jamais préjudiciable à l’histoire. La narration a imaginé de grands moments qui caractérisent la vie du personnage, le représente et disent une part de cette vérité. On évitera de parler de “sa vérité” car Tapie serait surement en profond désaccord avec le résultat de la série, comme il l’était avec le projet initial. Certains moments, qu’on vous laissera découvrir, ne laissent que peu de doutes quant à son implication dans certains scandales ou certaines affaires. Mais le coté humain de Tapie n’est jamais oublié, ce qui rend le personnage de la série complexe et donc intéressant.
Le point culminant de la série, celui qui est vraiment remarquablement écrit et mis en scène, vous le découvrirez dans l’épisode 7, dans un face à face anthologique absolument brillant. On se croirait dans Garde à vue de Claude Millier dans ce moment dantesque entre Laurent Lafitte et l’incroyable, le remarquable David Talbot, un duel au sommet long de 25 minutes et qui restera dans les mémoires, et que l’on aimera se repasser encore et encore.
Tapie
7×55 minutes
Sur Netflix dès le 13 septembre
“Vous pouviez faire beaucoup plus et beaucoup mieux.
Vous avez choisi la corruption, les magouilles, les bassesses.
Vous auriez pu être un météore et vous n’avez été qu’une nébuleuse.
Vous avez vécu par l’image et vous périrez par l’image !”
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