Entre histoire d’amour improbable et quête de vengeance, The English nous offre un western qui reprend les codes du genre avec brio.
C’est quoi, The English ? Cornelia Locke (Emily Blunt), une aristocrate anglaise, arrive au Kansas dans un but précis : se venger de l’homme qui a tué son fils. De son côté, Eli Whipp (Chaske Spencer) est un Indien Pawnee qui a servi comme éclaireur dans l’armée américaine ; il a désormais l’intention de retourner dans son Nebraska natal pour réclamer une parcelle de terre qui, en théorie, lui revient en tant que vétéran. Leurs chemins vont se croiser par hasard et, dans un far west cruel où la violence et la mort les guettent à chaque instant, ils vont unir leurs destins pour se rendre à Hoxem, une ville tout juste fondée dans le Wyoming.
L’essentiel
Si le genre connaît un nouveau souffle dans le monde des séries, les derniers mois ont été particulièrement prolixes en westerns. Après 1889 dédiée aux origines de l’installation de la famille Dutton de Yellowstone dans le Montana, le Billy the Kid de Stephen Knight et That dirty black bag entre thriller et western spaghetti, voici maintenant la mini-série The English, sur Amazon Prime Video.
The English est une création de Hugo Blick, scénariste britannique qui aborde souvent des sujets sensibles par le biais de la fiction. Dans Black Earth Rising par exemple, il retraçait le parcours fictif d’une jeune britannique née au Rwanda qui enquêtait sur le génocide ethnique. Dans The English, il aborde à nouveaux des thèmes délicats, cette fois en s’emparant du western dont il reprend les codes avec intelligence, dans un hommage aux classiques du genre.
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On aime
The English puise du côté des western spaghetti ou crépusculaire, rend hommage à Sergio Leone, John Ford et emprunte même directement au Django Unchained de Tarantino. D’abord dans sa réalisation, la série exploite parfaitement les paysages sauvages du far west (ou plutôt, de la Castille où a eu lieu le tournage). Prairies à perte de vue, déserts écrasants de chaleur, forêts denses et sombres : des images sublimes qui traduisent aussi à quel point cette nature sauvage peut être hostile. Au passage, mentionnons le générique, magnifique.
L’histoire reprend aussi un classique du genre, avec comme axe central la vengeance que poursuit Cornelia, et qui va l’amener à affronter de multiples ennemis, toujours plus sinistres et dangereux. Le cynique Richard Watts (Ciaran Hinds, toujours parfait) fait pâle figure comparé à Black Eyed Mog (Nichola McAuliffe), sorte de Ma Dalton cauchemardesque aux agissements terrifiants – à la mesure de ce qu’elle a vécu.
La plupart des personnages font preuve d’un individualisme qui les rend amoraux, et la violence est omniprésente. Mais il y a aussi l’histoire d’amour entre Cornelia et Eli, qui se dessine progressivement bien qu’on la devine d’emblée ; elle apporte une touche de douceur et de romanesque nécessaires pour contrebalancer la barbarie sauvage dans laquelle ils évoluent. Et c’est peu de dire que Emily Blunt et Chaske Spencer font des merveilles. L’actrice britannique est formidable dans le rôle de Cornelia, cette aristocrate atypique qui contre toute attente s’adapte vite à cet environnement grâce à sa ténacité et sa détermination. Quant à Spencer, c’est la révélation de la série : dans le rôle de cet indien Pawnee qui a servi dans l’armée américaine et qui sait être aussi touchant que impitoyable, il éclate de charisme et illumine toutes les scènes où il apparaît.
En arrière-plan, The English traite aussi de la façon dont l’expansion occidentale des États-Unis s’est effectuée au détriment des populations indigènes exterminées dans un véritable génocide, des immigrés européens attirés par la promesse d’une terre et d’une nouvelle vie les spoliant de leurs biens et éradiquant leur mode de vie par la violence systématique – en vertu de la phrase attribuée au général Jones selon laquelle « un bon indien est un indien mort ».
On aime moins
Avec six épisodes durant pour certains plus d’une heure, la série souffre parfois de longueurs. Une impression accentuée par la construction de l’intrigue : chaque épisode confronte Cornelia et Eli à un antagoniste principal, de sorte qu’on a parfois l’impression que les intrigues sont un peu répétitives et reprennent le même schéma.
De la même manière, les différentes péripéties auxquelles sont confrontés nos deux héros n’ont pas forcément le même intérêt – et celui-ci dépend beaucoup des personnages auxquels ils font face. L’arc narratif consacré à la fameuse Black Eyed Mog est par exemple extrêmement réussi ; paradoxalement, l’aboutissement de la quête de vengeance de Cornelia est moins prenant, alors qu’il aurait dû faire figure de climax dans la série.
Enfin, The English tombe parfois dans un travers inhérent à sa nature même d’hommage aux grands westerns : en s’emparant des grands codes du genre autant dans la réalisation que dans les personnages ou le récit (les ennemis archétypaux, la vengeance, les fusillades, les scalps, les longues chevauchées, les couchers de soleil…), la série bascule parfois dans le stéréotype et dans le prévisible.
On regarde si… on est un inconditionnel des westerns ; on aime les personnages forts et charismatiques car il y en a un paquet ; on est partant pour une histoire d’amour et de vengeance qui tient en haleine jusqu’au bout.
On ne regarde pas si… on ne supporte pas les scènes de violence ; on préfère une série au rythme frénétique sans temps mort ; si on déteste les western (mais ça, vous l’aviez compris)
The English.
6 épisodes de 60′ environ.
Disponible sur Canal+
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