Claire Danes et Tom Hiddleston affrontent une créature dans les eaux troubles des marais de l’Essex, entre science, légende et surnaturel.
C’est quoi, The Essex serpent ? En 1893, la jeune veuve Cora Seaborne (Claire Danes) est une passionnée de zoologie. Apprenant qu’un serpent géant terrorise un petit village de l’Essex, elle décide de s’y rendre pour étudier ce mystère. Sur place, à Aldwater, elle est hébergée par le Révérend William Ransome (Tom Hiddleston) et son épouse. Cora découvre alors une communauté en pleine psychose, persuadée que le serpent est responsable de la disparition d’une jeune fille. Tandis que le révérend tente vainement de raisonner ses ouailles en expliquant que le serpent n’est qu’une légende, Cora essaye de démontrer qu’il s’agit d’un simple animal. Malgré leurs visions opposées, tous les deux sont confrontés à des villageois de plus en plus incontrôlables , déterminés à punir ceux qui ont attisé la colère de Dieu et du serpent venu punir les pécheurs.
L’essentiel
Tirée d’un roman de Sarah Perry, The Essex Serpent met en vedette Clare Danes (Homeland) et Tom Hiddleston (Loki). Une mini-série en six épisodes, entre fiction historique, drama, fantastique et romance. Un peu comme si Jane Austen avait écrit Frankenstein ou Mary Shelley, Raisons et sentiment. Ou si les deux avaient écrit Le chien des Baskerville à quatre mains…
L’histoire commence lorsque Cora, tout juste veuve d’un homme violent et abusif, reprend le contrôle de sa vie et se consacre à sa passion ; les sciences et plus précisément la zoologie. En parcourant la presse, elle prend connaissance d’une rumeur selon laquelle un serpent terroriserait un petit village de pêcheurs de l’Essex, Aldwater. Elle décide de se rendre sur place avec son jeune fils et sa dame de compagnie, où les rejoint bientôt un ami, le docteur Garrett (Frank Dillane), qui ne cache pas avoir des sentiments pour elle. Sur place, hébergée par le Révérend William Ransome et sa femme (Clémence Poesy), Cora découvre une région en proie à la terreur. Le révérend a beau répéter que le serpent n’est qu’une légende, la population impute la disparition d’une jeune femme à la créature, qui serait une malédiction voire un châtiment bien réel. De sorte que les villageois ne tardent pas à chercher des responsables – sorcières, impies ou pécheurs – qui auraient provoqué le courroux divin.
On aime
Esthétique et même somptueuse, la réalisation nous emmène alternativement dans les tableaux de Constable et les toiles de Turner. En pleine époque victorienne, The Essex Serpent nous plonge dans la lande brumeuses et oppressante de l’Essex, avec ses étendues marécageuses à perte de vue qui s’évanouissent dans le brouillard ; à Londres, c’est une atmosphère plus industrielle et forcément urbaine, avec trottoirs pavés, maisons cossues mais aussi quartiers pauvres et hôpital. Elle comporte aussi son lot de moments forts, comme le final du deuxième épisode avec une scène d’hystérie collective terrifiante.
Si le point de départ de l’intrigue – l’existence présumée du fameux serpent – est clairement surnaturelle, on bascule vite dans un drame psychologique plutôt que dans l’horreur. On ne voit jamais le serpent en question, et le propos repose sur la confrontation entre science, superstition et religion, entre le regard scientifique de Cora, l’interprétation psychologique du Révérend et la terreur mystique des habitants. De sorte que The Essex Serpent est une série pleine de réflexions et de métaphores. A commencer par le serpent lui-même, symbole de punition divine mais aussi de savoir – c’est lui qui a provoqué l’exclusion d’Adam et Eve du Paradis en les incitant à manger le fruit de l’arbre de la connaissance.
Enfin, si le talent de Claire Danes et Tom Hiddleston n’est plus à démontrer, on est quand même saisi par leurs excellentes performances. Danes est brillante dans le rôle de cette femme forte et indépendante, singulière pour son époque ; Hiddleston est tout simplement exceptionnel dans la moindre scène où il apparaît. Et l’alchimie entre eux est parfaite.
On aime moins
Avec son approche très « cérébrale », The Essex Serpent prend en outre le temps de poser ses personnages, de faire monter l’angoisse et d’explorer ses thématiques. Elle le fait intelligemment et avec finesse, mais il n’en reste pas moins que ce n’est pas une série d’action et que le rythme est volontairement lent. Et dans la seconde moitié des six épisodes, la série prend des airs de romance victorienne, Cora se retrouvant au centre d’une triangle amoureux, courtisée par le docteur Garrett mais également attirée par le Révérend.
Mais le principal défaut de la mini-série, c’est sans doute qu’en seulement six épisodes, elle rajoute des intrigues secondaires qui n’étaient pas forcément nécessaires – comme celle dédiée à la dame de compagnie de Cora, par exemple. Lorsqu’on est focalisé sur les événements liés au serpent ou sur les relations sentimentales de Cora, le récit est fort et convaincant ; il est plus brouillon dès qu’on s’en écarte.
On regarde si… on est adepte des histoires qui prennent le temps de développer des thématiques riches, qui incitent à la réflexion. Si on aime les séries avec une ambiance et un esthétisme gothique. Si on est fan de Tom Hiddlestone, aussi brillant qu’à l’accoutumée.
On ne regarde pas si… on attend une histoire fantastique, pleine d’horreur et d’action. Si on a envie d’un divertissement léger et sans prise de tête. Si on est ophiophobe – c’est-à-dire qu’on a peur des serpents.
The Essex Serpent
6 épisodes de 50′
Disponible sur Apple TV.
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