Hier, mardi 9 mai 2023, l’actrice Adèle Haenel a annoncé, dans lettre adressée à Télérama, vouloir mettre fin à sa carrière dans le cinéma. On vous explique pourquoi.
L’actrice française Adèle Haenel a annoncé dans une lettre adressée à Télérama qu’elle mettait fin à sa carrière dans le cinéma en raison de la complaisance généralisée du milieu vis-à-vis des agresseurs sexuels et de la manière dont l’industrie cinématographique collabore avec un monde qui, selon elle, est « mortifère », « écocide » et « raciste ». Elle a déclaré que les personnes impliquées dans cette industrie préféraient que les victimes de harcèlement et d’abus sexuels disparaissent et meurent en silence plutôt que de faire du bruit.
Adèle Haenel a également déclaré qu’elle rejoindrait ses camarades pour qui la recherche de sens et de dignité est plus importante que celle de l’argent et du pouvoir, et qu’elle avait décidé de politiser son départ pour dénoncer ces problèmes.
« Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. (…) De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l’argent et du pouvoir ».
Féministe engagée, Adèle Haenel n’a jamais hésité à dénoncer « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels ». En novembre 2019, Médiapart avait publié un article dans lequel l’artiste révélait avoir été victime d’attouchements et de harcèlements sexuels par le réalisateur Christophe Ruggia, alors qu’elle avait entre douze et quinze ans. Elle y exprimait « la honte », « la colère » : « Je suis vraiment en colère » confiait-elle à Mediapart, « Mais la question, ce n’est pas tant moi, comment je survis ou pas à cela. Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. La poursuite du silence était devenue insupportable, le silence joue toujours en faveur des coupables. »
Sa désapprobation de la façon dont l’industrie du cinéma français traite les allégations d’abus sexuels et de harcèlementl’avait déjà amenée à réagir vivement lors de la consécrationde Roman Polanski, pour le prix du meilleur réalisateur, à la cérémonie des César du 28 février 2020. Roman Polanski, sous le coup d’accusations de viols, les a toujours niées. En guise de protestation contre cette victoire, Adèle Haenels’était alors levée et avait quitté la salle Pleyel, en criant « C’est une honte, la honte ! ».
La lettre de l’actrice apparaît ainsi à la fois comme une condamnation de l’industrie du cinéma et comme un cri d’alarme :
« Il est urgent de vocaliser cette alarme le plus fort possible. »
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