Au conseil des ministres, Macron a condamné, sans la nommer, les propos d’Elisabeth Borne à propos du RN lors de son interview sur Radio J
Recadrage au conseil des ministres
Ce Mardi 30 mai lors du conseil des ministres, Emmanuel Macron a gentiment recadré sa première ministre Elisabeth Borne. Lors de l’interview qu’elle a donnée sur Radio J, le journaliste Frédéric Haziza lui a posé la question pressentie : “est ce que vous voyez dans le RN, un parti républicain ou le parti héritier de Pétain ?”. Ce à quoi la cheffe du gouvernement a clairement laissé entendre que le parti était était héritier de Pétain, bien que le RN y mette les formes, les idées défendues sont, selon elle, toujours les mêmes.
Les allégations contre le RN comme étant le parti “héritier de Pétain” ou qui au même titre, possède en son sein des militants xénophobes, racistes, antisémites ou fascistes, sont des invectives que le parti d’extrême droite dénigre depuis des années. Emmanuel Macron a lancé “Vous n’arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l’extrême droite que ce sont des fascistes” en présence de sa première ministre. Selon lui, “il faut décrédibiliser” le RN “par le fond et les incohérences” plutôt que par des “mots des années 90 qui ne fonctionnent plus”. S’en est suivi le déjeuner hebdomadaire entre la première ministre et le président.
Les leitmotivs contre l’extrême droite
Le RN héritier de Pétain est un leitmotiv chez les opposants de l’extrême droite. Comment oublier la fameuse histoire des chambres à gaz déclaré par JM Lepen en 1987 ? Ce dernier avait assuré au micro de RTL que les chambres à gaz sont «un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale». La justice l’avait tout de même condamné en 1991 à 1,2 million de francs d’amende (183.200 euros) pour avoir banalisé les persécutions nazies. C’est ce genre de frasque qui a terni la réputation du RN (FN l’époque) et que ses opposants continuent encore aujourd’hui de rappeler. C’est ce genre de frasque qui donne au RN l’image d’un parti originellement antisémite.
On peut également rappeler un autre évènement plus récent, qui avait eu lieu en 2014. Cette foi-ci les propos prononcés par son ancien leader, le robuste JM Lepen, avait remis en lumière la réputation raciste et xénophobe du parti. Ce dernier avait évoqué à Marseille le “risque de submersion” de la France par l’immigration, et avait lancé : “Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois”. Des propos extrêmement graves, faisant référence au virus mortel qui sévissait à l’époque en Afrique de l’Ouest. On ne compte plus le nombre de frasques que JM Lepen a commis au sein du parti, mais également d’autres cadres “border” du RN, qui ont fini par être évincés.
Quelle attitude prendre face au RN ?
Seulement aujourd’hui, comme l’explique le président, les choses ont changées. Ces accusations ne sont plus très actuelles lorsqu’on voit tout le travail effectué par Marine Lepen depuis plus de vingt ans pour adoucir l’image de son parti et paraître plus “tolérante”. Surtout quand on sait la place qu’occupe désormais l’électorat d’extrême droite. Il serait maladroit d’assigner le RN à une image de collabo ou de fasciste quand on sait que son électorat ne vote sans doute pas pour ces raisons. Un point de vue qui a été partagé par le président et ses collaborateurs lors du conseil des ministres. Il faudrait donc attaquer le parti sur des faits actuels pour mieux le combattre et non sur le passé terni du parti.
En outre, cela démontre aussi une tension, un manque de coalition entre le président et Elisabeth Borne. Serait-elle sur le point de se faire évincer ? Peut-être bien, dans tous les cas concernant l’extrême droite, Macron avait déclaré dans Le Parisien fin avril, que Marine Le Pen arrivera au pouvoir “si on ne sait pas répondre aux défis du pays et si on installe une habitude du mensonge ou du déni du réel”.
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