Au cours d’une conférence de presse donnée ce lundi, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à la mise en place d’un “mécanisme de contribution” européen “à l’égard des opérateurs énergétiques” réalisant de gros profits. Alors que la France peine à instaurer une taxe sur les profits des grosses entreprises, plusieurs pays en Europe ont pourtant déjà instauré ce genre d’ impôt, ou prévoient de le faire prochainement. Mais qui sont-ils ?
Une taxation sur les superprofits déjà présente à l’international
Comme l’explique France info, l’Italie, par exemple, a déjà mis en place une taxation de 10 % sur les superprofits des entreprises de l’énergie. Cette dernière a annoncé fin mai son intention de porter à 25% sa taxe sur les superprofits, égalant le taux en vigueur au Royaume-Uni. Fin mars, le pays avait décidé d’instaurer par décret une taxe de 10% sur les bénéfices des grandes entreprises du secteur de l’énergie. Le gouvernement espère tirer 11 milliards d’euros de cette taxe.
C’est le cas aussi en Grèce où les sociétés de l’électricité sont taxées à hauteur de 90 % et en Grande-Bretagne, avec une taxe exceptionnelle de 25 % imposée aux compagnies pétrolières, ce qui fait que les compagnies britanniques qui opèrent en Mer du Nord (d’ordinaire taxées à 40 %) le sont désormais à 65 %. Pour financer un plan de 15 milliards de livres (environ 17,5 milliards d’euros) pour les ménages les plus défavorisés, le pays a décidé d’instaurer une taxe temporaire de 25% sur les bénéfices des géants du pétrole et du gaz, tels que BP, après des semaines de tractation. Cette taxe temporaire doit permettre de financer une partie des nouvelles mesures sociales, en rapportant autour de 5 milliards de livres sur une année.
En Espagne, le gouvernement socialiste a créé une taxe de 25 %, mais elle n’entrera en vigueur qu’en janvier 2023, selon BFMTV . Le gouvernement espagnol espère engranger près de 7 milliards d’euros entre 2023 et 2024 grâce à ces taxes, avec des gains estimés à près de 2 milliards d’euros par an pour les compagnies d’électricité et à 1,5 milliard pour les banques. L’annonce a été faite dans le cadre d’une série de mesures sociales prises pour protéger le pouvoir d’achat face à l’inflation, qui a dépassé les 10% sur un an, en juin. Parmi elles figurent notamment des aides sur les carburants, une baisse de la TVA sur l’électricité et une hausse des pensions de retraite.
Enfin, la Roumanie a adopté un tel système de taxes tandis que des débats sont en cours en République tchèque. En Allemagne, le ministre de l’Economie Robert Habeck, membre des Verts et vice-chancelier d’Allemagne, s’est prononcé en faveur d’une taxe sur les raffineries. Cette solution est proposée par le gouvernement allemand pour contrer l’échec de la baisse des taxes sur le carburant. Le 1er juin, le chancelier Olaf Scholz annonçait une remise exceptionnelle sur le carburant pendant trois mois, pour alléger la facture des ménages face à l’augmentation des prix de l’énergie. L’inflation atteignait 7,5% sur un an au mois de juillet, soit 0,1% point de moins que le mois précédent.
En France, une éventuelle taxation sur les opérateurs énergétiques
Ce lundi lors d’une conférence de presse donnée à l’Elysée à l’issue d’un entretien par visioconférence avec le chancelier allemand Olaf Scholz sur l’énergie et la solidarité européenne pour y faire face, Emmanuel Macron s’est exprimé sur les superprofits : “Nous défendons un mécanisme de contribution à l’égard des opérateurs énergétiques pour ceux dont les coûts de production sont inférieurs aux prix de vente sur le marché”, a-t-il déclaré, alors que la Commission européenne prépare son propre plan de réforme. “Des bénéfices indus sont faits par des opérateurs de marché, la bonne approche est qu’une contribution leur soit demandée au niveau européen”, qui pourrait être reversée aux Etats membres “pour financer leurs mesures nationales ciblées”, a précisé le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron a ajouté que “si une telle approche ne [pouvait] aboutir au niveau européen, nous serions obligés de la regarder au niveau national”. “La France et l’Allemagne ont la même position : nous privilégions une contribution européenne”, a justifié le président de la République, faisant remarquer aux journalistes que la France n’était pas restée les mains croisées jusque-là. “Nous avons déjà mis plusieurs de nos entreprises à contribution, en leur demandant des efforts complémentaires”, a-t-il notifié, citant notamment Total qui a baissé les prix de son carburant à la pompe.
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