Depuis juillet 2022, le réalisateur iranien Jafar Panahi est enfermé dans une prison à Téhéran où il utilise sa vie pour protester contre le régime
Le réalisateur iranien a récemment transmis à ses avocats ce communiqué «Je déclare fermement qu’en signe de protestation contre le comportement illégal et inhumain de l’appareil judiciaire et sécuritaire et leur prise d’otage, j’ai entamé une grève de la faim depuis le matin du 12 Bahman (1er février). Je refuserai de manger et de boire toute nourriture et tout médicament jusqu’au moment de ma libération. Je resterai dans cet état jusqu’à ce que peut-être mon corps sans vie soit libéré de la prison.» Le cinéaste est accusé de « collusion contre la sécurité d’État et de propagande contre la République islamique » est en prison depuis Juillet 2022, soit plus de 200 jours.
Un cinéaste reconnu
Jafar Panahi est un réalisateur qui n’a cessé de gagner des prix depuis qu’il fait des films. A commencer par son premier long métrage Le ballon blanc, réalisé en 1995, pour lequel il reçoit la caméra d’or du festival de Cannes. S’ensuit un Lion d’or en 2000 à Venise pour Le Cercle, le Prix du scénario à Cannes en 2018 avec Trois visages ou bien l’Ours d’or à Berlin pour Taxi Téhéran, reçu 3 ans plus tard. Son dernier film Aucun ours met en scène Jafar Panahi, témoin d’une histoire d’amour, le film combine les thèmes de la tradition et de la politique, des sujets chers à ce réalisateur qui a une grande influence sur la nouvelle génération de cinéastes en Iran.
Un passionné qui persévère
Jafar Panahi a été à plusieurs reprises sanctionné par le régime iranien. En 2010, il a été arrêté et condamné à une interdiction de travailler en tant que réalisateur et a écopé d’une peine de prison, cependant il a continué à faire des films clandestinement. Jafar Panahi est connu pour diriger plusieurs équipes de tournage en même temps, c’est grâce à ce stratagème que les forces de l’ordre ne sont pas parvenues pas à interrompre ses tournages. Ses films traitent de la condition de la femme en Iran, la justice sociale ou encore la liberté d’expression et les droits de l’homme. Il a par ailleurs tourné son dernier film Aucun ours dans l’illégalité, s’efforçant de mettre en scène des gens qui s’aiment face au fléau étatique.
Jafar Panahi, le cinéaste révolté
« Aujourd’hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n’ai d’autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j’ai de plus cher : ma vie. » a déclaré Jafar Panahi à 62 ans. Le réalisateur compare son arrestation «à du banditisme et à une prise d’otages». Un juge avait pourtant déclaré sa peine obsolète car prononcé il y a plus de dix ans. Ce passionné de cinéma a été interdit d’écrire des scénarios, de tourner des films et de sortir du pays depuis 2010. Pourtant Jafar Panahi n’a jamais cessé de tourner des films, déjouant parfois les autorités du régime iranien en mettant en scène de fausses équipes de tournage. Jafar Panahi a la soif de tourner des films, il vit pour le cinéma. Ce réalisateur pourrait vivre ailleurs mais il n’a jamais voulu vivre en dehors de son pays, un pays qu’il aime et qui reste une source d’inspiration majeure dans ses films.
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