A l’occasion de la sortie Tapie sur Netflix le 13 septembre dernier, la série revient sur la vie de Bernard Tapie, incarné par Laurent Lafitte. Chanteur, businessman, ministre et prisonnier, Tapie a tout été. Dans un échange corsé, on aperçoit Tapie face au procureur Éric de Montgolfier.
Qui est Éric de Montgolfier ?
Éric de Montgolfier est né à Lyon le 11 août 1946. C’est un descendant de la famille des frères Montgolfier, inventeurs de la montgolfière. Il devient magistrat et traite de nombreuses affaires qui ont été très médiatisées. Entre 1977 et 1985, il s’occupait d’affaires économiques et financières. Plus tard, en 1994, il confie à Télérama ” J’ai eu beaucoup de dossiers étouffés ey j’ai eu la tentation, à plusieurs reprises, de m’adresser au Canard enchaîné. Je ne l’ai pas fait parce que je travaillais pour le ministère”.
L’affaire VA-OM (Union Sportive Valenciennes-Anzin-Olympique de Marseille) éclate en 1993 et de Montgolfier, alors procureur de Valenciennes, devient la star des médias. Cette affaire implique Bernard Tapie, alors patron de l’OM et va résonner dans toute la France.
En 1999, Éric de Montgolfier devient procureur de la République du Tribunal de grande instance de Nice par décision d’Élisabeth Guigou, alors Garde des Sceaux, pour y “faire le ménage”. Malheureusement son institution se retourne contre lui. Il devient l’épicentre de critiques d’une inspection interne qu’il avait réclamé de ses vœux. Il aurait été victime d’une contre-attaque maçonne.
Le 26 juin 2009 à Bruxelles, il reçoit le prix de la fondation du Forum de Crans-Montana.
Qu’est-ce que l’affaire VA-OM ?
Décrit comme le plus grand scandale de l’histoire du football français, cette affaire de corruption de joueurs dans le championnat professionnel a agité la toile à la suite du match disputé le 20 mai 1993, opposant Valencienne à l’OM.
Le jeudi 20 mai 1993, l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie se déplace à Valenciennes en championnat et doit l’emporter pour s’assurer du titre de champion de France de Division 1. De son côté, Valenciennes ne doit pas perdre pour assurer son maintien dans l’élite.
La veille du match, Christophe Robert et Jorge Burruchaga, joueurs de Valenciennes et coéquipiers du défenseur Jacques Glassman, le convoquent dans leur chambre. Ils attendent un coup de téléphone du Marseillais Jean-Jacques Eydelie , défenseur et ex-coéquipier de Glassmann à Tours. L’OM a choisi trois joueurs de Valenciennes pour “lever le pied” le lendemain pendant le match : Robert-Burruchaga-Glassmann. Robert et Burruchaga sont prêts à accepter les 200 000 francs (environ 30 000 euro) proposés par le directeur délégué de l’OM, Jean-Pierre Bernès. Glassman est scandalisé par cette proposition. Il décide de ne pas lever le pied contre l’OM même pour 200 000 francs.
Le jeudi 20 mai 1993, le match se joue et c’est l’OM qui l’emporte 1-0. Robert et Burruchaga ont fait preuve de passivité et Glassmann s’est battu. Glassman évoque la corruption dans les vestiaires en vain. Vendredi 21 mai, les accusations de Glassmann parviennent jusqu’aux rédactions parisiennes. Cependant, sa déclaration faite la veille auprès d’Olivier Rey de France 2, un ami de Bernard Tapie, est introuvable. Au journal de 20h de France 2, le samedi 22 mai, il déclare : “Oui , c’est Jean-Pierre Bernès qui m’a proposé 200.000 francs pour laisser gagner l’OM. Somme que j’ai refusée !”.
Quelles sont les retombées de cette affaire ?
Face à ce scandale qui monte, la Ligue Professionnelle, présidée par Noël Le Graët, porte plainte contre X. En même temps, le procureur de Valenciennes, Eric de Montgolfier, ouvre une information judiciaire. C’est le juge Bernard Beffy qui mène l’enquête, et de Montgolfier rajoute de l’huile sur le feu. Bernard Tapie prend les choses en main et souhaite rencontrer ce procureur de province, pour lui assurer qu’il n’y a aucune corruption. On découvre cette scène dans l’épisode 7 de la série Netflix.
Tapie ne s’arrête pas là et tente d’acheter le silence de l’entraîneur de Valenciennes, Boro Primorac. En même temps, les gendarmes retrouvent l’argent de la corruption dans une enveloppe, dans le Périgord, dans le jardin de la belle-mère de Christophe Robert. On découvre des billets au siège de l’OM, identiques à ceux de l’enveloppe remise la veille du match sur le parking du Novotel de Valenciennes, par Jean-Jacques Eydelie, à l’épouse de Christophe Robert.
Bernès, Eydelie, Robert et Burruchaga avouent tout et sont mis en examen pour corruption passive le 7 juillet. Le 6 septembre 1993, l’UEFA exclut l’OM des Coupes d’Europe. Les Marseillais voient leur titre de champion de France suspendu. Enfin, en mars 95, c’est le procès de l’affaire VA-OM. Le verdict est sans appel. Bernard Tapie part en prison à la Sante puis à Luynes pour un an ferme en février 1997. Il retrouve la liberté le 25 juillet mais en conditionnelle. Bernès, lui, est condamné à deux ans avec sursis, Eydelie à un an avec sursis, Robert et Burruchaga à six mois avec sursis. Tandis que Jacques Glassmann n’a eu le droit qu’à un franc de dommages et intérêts pour préjudice moral.
Tapie face à de Montgolfier
Sur RTL, Éric de Montgolfier revient sur sa rencontre avec Tapie lors de cette affaire. “Il était plutôt conquérant, comme un dompteur qui rentre dans l’arène, avec l’idée qu’il va manger le lion”, confie-t-il.
Éric de Montgolfier explique ne pas regretter cette confrontation que l’on peut voir dans la série Netflix, dans un bureau sombre, où la lumière éclaire seulement le visage des personnages. “C’est plutôt stimulant d’avoir quelqu’un qui résiste. Je ne me plains pas d’avoir eu Bernard Tapie en face de moi, c’est bien d’avoir un justiciable qui a du répondant, ça vous stimule”. Pour lui, “ce dossier était une merveille d’informations pour le néophyte que j’étais dans le monde du football”, souligne Éric de Montgolfier.
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