Leader des “loups guerriers”, l’ambassadeur de Chine en France a remis en cause la souveraineté des anciennes républiques soviétiques
Une nouvelle frasque diplomatique
Dans une interview donnée à LCI lundi 24 avril, Lu Shaye a affirmé “que les pays de l’ex-URSS n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain”. Cela met ainsi en cause l’appartenance de la Crimée à l’Ukraine. Ce litige a contraint la Chine, qui n’aime guère agir sous pression ou perdre la face, à contredire son ambassadeur en poste à Paris. Mao Ning, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré à la presse que “La Chine respecte le statut d’Etat souverain des républiques» nées après la dissolution de l’Union soviétique fin 1991. Un revirement qui risque de pousser l’ambassadeur hors circuit.
Une carrière en flèche
Lu Shaye est né dans une famille instruite, avec des parents médecins. Petit, il échappe de peu aux camps de rééduction lors de la révolution culturelle de Mao. Il se prend de goût pour la culture francophone et bon étudiant, il est vite remarqué. Il commence sa carrière à l’Ambassade de Chine en Guinée, il a beaucoup travaillé sur les relations de la Chine avec l’Afrique, au sein du ministère des Affaires étrangères ou en temps qu’ambassadeur au Sénégal. Il devient maire adjoint en 2014 et 2015 dans la désormais tristement célèbre ville de Wuhan. Puis en 2017 il devient ambassadeur au Canada, avant d’arriver à la prestigieuse ambassade de France en 2019.
Un diplomate provocateur et incisif
Lu Shaye est le leader de ce qu’on appelle les “loups guerriers” ou loups combattants” de la Chine. On se rappelle le tacle au gouvernement canadien en 2019, qu’il avait accusé de faire preuve “d’égotisme occidental et de suprématie blanche”, il avait conseillé aux autorités canadiennes de négocier un accord de libre-échange avec la Chine plutôt que de “se prosterner devant les journalistes canadiens préoccupés par les droits de l’homme”. En France pendant la pandémie, il avait également expliqué que le personnel soignant des Ephad avait “abandonné leurs postes du jour au lendemain (…) laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie”. Il s’était plus tard justifié en rétorquant qu’il parlait du personnel soignant espagnol et non français.
Enfin, lors de son arrivée en France il était rentré en conflit avec un chercheur français Antoine Bondaz, au sujet d’un un projet de visite de parlementaires français à Taïwan. L’ambassadeur avait qualifié le chercheur de “Petite frappe”, “hyène folle”, “troll idéologique”, un vocabulaire qui a poussé le Quai d’Orsay a convoqué tout de suite l’ambassadeur, évènement qui n’était pas arrivé depuis les manifestations de Tian’anmen depuis 1989. Ainsi Lu Shaye est considéré comme un diplomate expérimenté et habile, mais il est également critiqué pour sa rhétorique parfois agressive et sa défense intransigeante des politiques chinoises. Une diplomatie à double tranchant, car cette fois-ci la France pourrait expulser le diplomate si la Chine ne le rappelle pas.
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