Des manifestants anti-extrême droite ont affronté le groupuscule “Ligne dure” en Suède ce weekend, faisant plusieurs blessés. L’homme à la tête du groupuscule, Rasmus Paludan, est connu pour ses positions anti-immigrations et anti-islamiste. Explications.
Depuis quatre jours, la Suède est agitée par des manifestations violentes qui ont fait au moins 3 blessés civils et 12 blessés dans les forces de l’ordre. Environ 150 manifestants anti-extrême droite se sont opposés à “Ligne dure”, un mouvement anti-Islam et anti-immigration dirigé par Rasmus Paludan.
Mode opératoire : brûler des Corans
Rasmus Paludan et son parti Ligne dure, créée en 2017 au Danemark se sont fait connaître pour leurs agissements haineux relayés sur YouTube. La principale action du groupuscule : se rendre dans des quartiers populaire à forte population musulmane pour y brûler des exemplaire du Coran, parfois entourés de bacon. Le tout en prononçant des propos raciste et islamophobes. La chaîne YouTube du leader du parti comptait plus de 300 vidéos lorsqu’elle a été bannie du site en 2020. Certaines avaient été visionnées des centaines de milliers de fois. Ces provocations avaient déjà déclenchées de vives manifestations au Danemark.
En 2019, le parti de Rasmus Paludan a réunit 1,8% des suffrages lors des élections législatives du Danemark, trop peu toutefois pour gagner des députés. Le parti a par ailleurs été suspendu pour fraude. Les revendications de Ligne dure? Expulser toutes les personnes non-occidentales du pays, y compris celles qui en ont la nationalité et interdire l’Islam. Des arguments justifiés par la théorie du grand remplacement, théorie bien connue de l’extrême droite française.
Objectif : gagner la Suède
Cette année, c’est en Suède que Rasmus Paludan cherche à implanter ses idées. En effet, il a reçu la citoyenneté suédoise en 2020, ce qui lui permet d’entrée en politique dans ce pays. C’est pour récolter les signatures nécessaires pour candidater aux élections législatives que l’ancien avocat a démarré une nouvelle tournée d’autodafés, tournée autorisée par l’administration suédoise. A chaque étape de son circuit, les rassemblements organisés par Ligne dure ont provoqué des heurts. Face à la pression des manifestants, Rasmus Paludan a du renoncer au rassemblement prévu ce dimanche 17 avril.
Néanmoins, ces affrontements ont accru la visibilité du groupuscule d’extrême droite en Suède. Et même au-delà des frontières du pays. La première ministre suédoise Magdalena Andersson a réagit :
“C’est exactement le genre de réactions violentes qu’il [Rasmus Paludan] veut voir. Le but même est d’inciter les gens à s’opposer les uns aux autres.”
Magdalena Andersson, Première ministre de Suède
Rasmus Paludan, le dano-suédois fiché S
Rasmus Paludan est déjà bien connu des services de renseignements européens. Fiché S en France, il a été arrêté à Paris et reconduit à la frontière le 11 novembre 2020. Il prévoyait en effet de brûler des Corans à proximité de l’Arc de Triomphe lors des cérémonies de comémorations de la Première Guerre mondiale. La même année, il est interdit de territoire en Belgique. Le “prêcheur de haine”, comme l’appellent les médias danois, a déjà été condamné en 2019 pour racisme.
Paludan a été mis sous protection à de nombreuses reprises à cause de ses actions. En effet, il a été plusieurs fois menacé de mort. Et ce avant même de se lancer en politique, notamment lorsqu’il était avocat pour l’association islamophobe For Frihed (“Pour la liberté”). En septembre 2020, il est ajouté à la liste des personnes menacées de mort par Al-Qaïda.
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