Intégrer l’une des plus prestigieuses écoles du pays, l’École Normale Supérieure Paris-Saclay. C’est le rêve de Martin (prénom modifié), jeune étudiant en classe préparatoire grandes-écoles spécialité maths/physique dans la région Rhône-Alpes.
Pour VL., nous avons pu assister à un oral d’admission du concours pré–master en première année. Une épreuve stressante, c’est la dernière ligne droite pour les centaines de candidats triés sur le volet et qui ont passé deux ou trois ans sur les bancs de classe préparatoire aux grandes écoles.
Après des épreuves écrites, déjà très sélectives, les candidats restants sont admissibles aux oraux. Ils ont tout juste 20 ans et viennent de classes prépa aux quatre coins de la France. En plein mois de juillet, alors que la majorité des camarades de son âge sont en vacances et qu’un soleil de plomb tape sur la banlieue parisienne, Martin, 21 ans, attend sagement devant l’une des salles du bâtiment F de l’ENS.
“Ça fait trois ans que j’attends ça”
“Ça fait trois ans que j’attends ça…“, nous glisse-t-il avec un grand sourire. Le jeune étudiant replace soigneusement ses mèches blondes avant de rentrer dans la salle d’examens. Il boit une dernière gorgée dans sa bouteille d’eau, puis franchit le seuil de la porte.
Après avoir obtenu l’autorisation d’assister à ces entretiens qui ont pour but d’évaluer les connaissances et la motivation des candidats, nous nous glissons silencieusement au fond de la pièce. La présence d’un étranger lors de l’un des moments les plus importants de sa scolarité rassure-t-elle ou inquiète-t-elle l’étudiant ? Toujours est-il que ces oraux sont publics et que tout le monde, après inscription, peut venir voir l’élite scientifique française en pleine action.
Martin nous précède, il rappelle son nom et son sujet à l’examinateur. Le silence s’installe. La chaleur de l’été se fait ressentir dans la salle. Ce dernier s’assoit et fait signe au candidat de commencer. “Alors, avant tout, je vais reformuler notre sujet..” dit-il d’un ton assuré. Son sujet traite d’une question en lien avec l’énergie verte et le développement durable.
L’Oral d’admission est un T.I.P.E (Travail D’Initiative Personnel Encadrée). Il s’agit d’une démonstration de suites mathématiques pour répondre à une thèse. D’une voix calme et posée, Martin déballe un ensemble de théories sur les calculs d’angles notamment, dont il est difficile à des novices d’en comprendre le sens mais qui semblent faire mouche dans l’esprit de l’examinateur.
L’excellence des normaliens : la capacité d’analyse et de résolution de problèmes
Après 15 minutes d’explications, l’étudiant finit par proposer une manière de résoudre le problème qu’il avait posé. L’examinateur se gratte le visage, “Comment auriez-vous pu arriver à ces résultats d’une autre manière”, lui demande-t-il ? Martin regarde son tableau pendant une longue minute. On pourrait s’attendre à ce qu’il ne sache pas répondre. Mais non, il poursuit son raisonnement scientifique. La suite de l’entretien est un échange ping-pong de questions toutes plus précises les unes que les autres.
Puis, l’alarme iPhone de l’examinateur sonne, Martin finit sa phrase. C’est la fin… Dans un silence encore plus pesant que la chaleur ambiante, il débranche son ordinateur et quitte la salle. “J’ai fait au moins deux erreurs, c’est sûr !”, explique-t-il dans le couloir, tandis que nous essayons de le rassurer.
Mais contrairement au début de son oral, son sourire laisse place à un visage froid et fermé. C’est la deuxième fois que ce candidat est admissible aux oraux de l’ENS. L’année dernière, déjà, il a tenté sa chance pour intégrer cette prestigieuse école. Toutefois, c’est bien aujourd’hui que se décidera le futur de Martin. Le futur des meilleurs élèves-ingénieurs de France.
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