Laurent Jalabert peut nourrir des regrets à l’évocation des championnats du monde. En 1992, alors qu’il semblait en position idéale pour décrocher le maillot arc-en-ciel, Laurent Jalabert avait en effet dû se contenter de la deuxième place, piégé par Gianni Bugno. Et s’il créa la surprise en 1997 en remportant le titre du contre-la-montre, le Mazamétain n’entra par la suite qu’une seule autre fois dans le Top 10, grâce à septième place en 1996.
Mais c’est surtout en tant que sélectionneur de l’équipe de France que le bilan de Jalabert vire à la catastrophe. L’ancien vainqueur de la Vuelta, resté cinq ans à la tête des Bleus (2009-2013) est ainsi le seul sélectionneur tricolore de l’histoire du cyclisme français à ne pas compter le moindre podium à son crédit. Que ce soit lors des championnats du monde ou lors des Jeux Olympiques de Londres. Pire, sous ses ordres, les Bleus n’ont décroché que deux maigres Top 10: Romain Feuillu grâce à une dixième place à Melbourne en 2010 et Thomas Voeckler avec une septième place à Valkenbourg en 2012.
« Je n’avais pas ce problèmes de riches car la génération que j’avais sous la main n’avait ni le physique ni le mental pour avoir des ambitions. Ces coureurs gagnaient très occasionnellement des courses durant le reste de la saison. Jamais au niveau des championnats du monde. Alors j’avais beau y croire… Pas eux… », a-t-il expliqué par le passé. Seul Sylvain Chavanel trouvait grâce à ses yeux. « Il connaissait la musique, il était toujours capable d’un coup de génie. » Il était beaucoup moins emballé par Yoann Offredo, avec qui il partage désormais l’affiche à France Télévisions. « C’était un grand angoissé, il avait toujours mal quelque part avant la course. »
Laurent Jalabert, un cas unique…
Les propos de l’ancien coureur de la Once peuvent être facilement étayés par des chiffres. Durant les cinq saisons de son mandat, aucun coureur français ne s’est en effet invité sur le podium d’un Monument ou n’a terminé l’année dans les vingt premiers du classement UCI. Certaines années, il fallait même descendre au-delà de la 40e place pour trouver le premier Tricolore.
Ce zéro pointé est d’autant plus terrible pour Laurent Jalabert que ses prédécesseurs, Charly Bérard et Frédéric Moncassin, qui ont, eux aussi, officié en pleine période de vaches maigres, sont parvenus à décrocher des médailles de bronze grâce à Jean-Cyril Robin en 1999 et Anthony Geslin en 2005. Deux coureurs qui n’étaient pas nécessairement habitués à jouer les premiers rôles mais avaient su déjouer les pronostics.
A l’inverse, Thomas Voeckler multiplie les coups d’éclat depuis sa prise de fonction à la tête des Bleus en 2019. La meilleure illustration en est évidemment les deux titres remportés en 2020 et 2021 par Julian Alaphilippe. Le leader de la Quick-Step comptait alors parmi les meilleurs coureurs de la planète. Mais la France a également remporté l’argent en 2022 avec Christophe Laporte, ce dernier décrochant le titre de champion d’Europe l’été dernier après les deux médailles d’argent signées par Arnaud Démare et le bronze de Benoit Cosnefroy. Et aux derniers Jeux, il a également fait deux et trois grâce à Valendin Madouas et Christophe Laporte, les premières médailles olympiques dans l’épreuve depuis 1948.