Dans le business, il n’y a bien souvent pas de sentiments. C’est en tout cas comme ça que les choses fonctionnent dans la famille Parker. Tony, propriétaire de l’ASVEL, n’a ainsi pas hésité à limoger son frère cadet T.J. de son poste d’entraîneur en octobre 2023, pour installer Pierric Poupet sur le banc du club de Betclic Elite. Une décision difficile à vivre pour le coach de 40 ans, qui retrouve peu à peu la flamme en tant qu’assistant de Gordon Herbert au Bayern Munich.
« C’est une nouvelle étape. C’était important de pouvoir me relancer, confie-t-il à L’Equipe. Cela n’était pas facile tous les jours d’être coach à Villeurbanne, malgré ce qu’on peut penser. Et également de devoir avancer avec cette étiquette de ‘frère de Tony Parker’, à laquelle on me renvoyait en permanence. » T.J. Parker a pourtant gagné des titres avec l’ASVEL, réalisant notamment un doublé championnat de France-Leaders Cup quelques mois avant son départ.
T.J. Parker « déçu par la manière »
« Les accomplissements devraient parler d’eux-mêmes, dit-il. La reconnaissance en France, à plusieurs niveaux, n’a pas été celle que j’aurais cru mériter. » Pour lui, ce nouveau challenge chez le cador allemand est comme « une bouffée d’oxygène », qui lui permet d’avaler un peu la pilule du choix effectué par Tony Parker de se séparer de lui il y a un an, à une époque où, rappelons-le, l’équipe rhodanienne restait sur une série de 17 défaites consécutives en Euroligue.
« J’ai été déçu par la manière. Je sais ce qu’est le métier de coach, on ne signe pas à vie, on est toujours sur la sellette, et on se l’est dit dès le début avec Tony. Mais ne pas être tenu au courant, je l’ai mal vécu, regrette-t-il. Je prépare un match contre le Fenerbahçe, on ne m’informe pas et j’apprends sur les réseaux et dans les journaux, dans L’Équipe, avant la rencontre, que la décision est prise. » Et ce, alors que l’ancien meneur de jeu des Bleus l’avait assuré du contraire.
Le mensonge de Tony Parker à son frère
« Tony a démenti, m’a d’abord dit: ‘On continue comme ça’. Mais le lendemain à 17 heures, c’était fini. Comment peut-on faire ça à quelqu’un qui, sans même parler des trophées, sacrifie tout depuis onze ans dans un club ? », enchaîne-t-il, avouant que ses rapports avec son frère aîné ont été « un peu » affectés par cette douloureuse séparation. « On ne se voit plus trop, admet-il. Mais c’est comme ça, c’est la vie. Et les calendriers font que c’est compliqué de toute façon. »
« Maintenant, chacun avance de son côté. Lui est toujours président de l’ASVEL, il a une vie XXL, il est partout. Et moi je suis très occupé ici. On reste en contact de différentes manières, mais évidemment beaucoup moins que quand j’étais là-bas », poursuit T.J., qui ne trouve pas d’excuse au quadruple champion NBA, pas même l’éventuelle pression des actionnaires: « Tony est majoritaire. Au final, c’est sa décision. Il est président. C’est comme ça, je le comprends et je l’accepte. »