Tadej Pogacar a écrit un nouveau moment d’histoire du cyclisme, dimanche, à Zurich. En décrochant le titre de champion du monde, devenant le troisième coureur de l’histoire à gagner la même année le Giro, le Tour et le maillot arc-en-ciel, le Slovène est entré dans la légende. Et plus que le résultat, somme toute attendu, c’est la manière, avec une première attaque à plus de 100 km de l’arrivée et pas moins de 51 km en solitaire, qui a marqué les esprits.
La démonstration de force du leader de la Team UAE-Emirates a été telle que certains voient désormais en lui le plus grand coureur de l’histoire, devant même Eddy Merckx. Le Cannibale a d’ailleurs lui-même adoubé le triple vainqueur du Tour. « C’est évident que Tadej Pogacar est maintenant au-dessus de moi. Je le pensais déjà un peu au fond de moi-même quand j’avais vu ce qu’il avait fait sur le dernier Tour de France mais ce soir il n’y a plus de doute », a-t-il ainsi confié dans les colonnes de L’Equipe, ajoutant : « Évidemment, on ne peut jamais comparer les époques, mais là on a affaire à un coureur incroyable. Moi, je n’attaquais pas à 100 kilomètres de l’arrivée sur un Championnat du monde, ce qu’il a réalisé aujourd’hui (dimanche) est inimaginable. C’est là qu’on comprend que Pogacar est un immense champion, il est hors norme. »
Tadej Pogacar doit encore attendre
Les propos du Belge ont fait grand bruit, notamment outre-Quiévrain. Et c’est peu dire que les déclarations du quintuple vainqueur du Tour ne passent pas. En témoignent la réaction de Rodrigo Beenkens, l’emblématique présentateur de la RTBF. « Je connais l’humilité d’Eddy. Venir dire qu’il est plus grand que lui… Eddy a le droit, de temps en temps, de dire une bêtise. Qu’on compare Pogacar à Merckx parce que sans doute, dans la quantité, dans le ratio entre le nombre de courses disputées et le nombre de courses gagnées, c’est le dernier qui a fait mieux. Ça, je le comprends, a-t-il commencé dans un podcast de la télévision belge. Mais c’est impossible de comparer les époques. Allez voir simplement le nombre de courses d’Eddy par an en comparaison à celles de Pogacar. Eddy ne passait pas son Nouvel an à manger au restaurant avec la maman d’Axel. Il était sur les pistes, il faisait les Six jours. Eddy a gagné des sprints massifs et il était plus fort dans le contre-la-montre. Il faut savoir de quoi on parle. »
« Chapeau à Tadej Pogacar. On peut comprendre la comparaison. Venir dire que c’est l’égal de Merckx, c’est une bêtise. Venir dire qu’il est mieux que Merckx, c’est une connerie monumentale, a-t-il renchéri. Regardez les archives, à la fin des années 60, du Tour des Flandres, de Liège-Bastogne-Liège ou de Paris-Roubaix. On fait les étapes en intégralité aujourd’hui. Mon prédécesseur Théo Mathy, il prenait l’antenne, une course sur trois, à trente kilomètres de l’arrivée et il disait ‘il y a un homme en tête depuis 50 kilomètres, c’est Eddy Merckx. »