Vincent Labrune, le coup de théâtre

Le football français est en pleine crise, de confiance et de conscience. Les difficultés d’organisation et d’exploitation du football professionnel par la LFP dans son modèle actuel sont devenues un sujet politique. Avec une mission d’information menée ces derniers mois dans le cadre du Sénat pour aboutir à des propositions législatives concrètes.

Les conclusions de Laurent Lafon, président de la commission culture, de l’éducation, de la communication et du sport au Sénat, en ce sens sont claires: la Fédération française de football doit reprendre la main en termes de gouvernance, quitte à menacer l’existence même de la Ligue. « Nous donnons cette possibilité à la Fédération de supprimer la Ligue qui a montré toutes ses défaillances depuis quelques mois », tonne ainsi le sénateur.

« C’est brutal », dénonce la LFP

Laurent Lafon, dans son projet qui devrait être présenté au Sénat d’ici la fin mai pour gagner ensuite les bancs de l’Assemblée nationale, prévoit d’offrir à la FFF la possibilité de récupérer une grande partie des prérogatives déléguées à la LFP sans toucher pour autant à la société commerciale gérant les questions économiques et notamment la commercialisation des droits TV. Le deal conclu entre ladite société commerciale LFP Médias et le fonds d’investissement CVC ne laissant de toute façon aucune marge de manœuvre au politique.

« Aujourd’hui on a un mariage à trois: Ligue, société commerciale et FFF. Les mariages à trois, c’est compliqué en général. L’idée c’est de retrouver un mariage à deux avec la fédération et la société commerciale », résume-t-on du côté de la FFF, où l’on approuve volontiers les conclusions sénatoriales selon RMC. Bien évidemment, du point de vue de la Ligue, l’analyse est tout à fait différente. « Sur le fond, la possibilité d’avoir un modèle alternatif est plutôt intéressant. Tendre vers le modèle anglais peut avoir du sens. Mais ensuite il y a la forme. Et là, c’est clairement une agression caractérisée contre la Ligue et ses dirigeants. C’est brutal », dénonce une source interne à la LFP citée par la radio susmentionnée.

« A quoi sert la Ligue ? »

Mais encore: « A-t-on vraiment besoin de cette loi dans le contexte actuel ? Nous n’avons qu’un seul problème aujourd’hui, un seul. C’est l’exploitation de nos droits domestiques et le positionnement de DAZN dans les mois à venir. L’unique sujet des clubs concerne leur trésorerie. Vont-ils bien toucher leur argent ? Il faut arrêter de croire que cette loi pourrait solutionner cette question et nous apporter des diffuseurs sur un plateau ! »

« Qui a décidé de l’attribution des droits TV ? Est-ce l’organe de gouvernance de la société commerciale censée les commercialiser ou le conseil d’administration de la Ligue ? C’est confus », conclut Laurent Lafon, avant de porter le coup de grâce à la LFP: « Si la société commerciale peut gérer toutes les questions liées aux droits TV et aux revenus commerciaux et la fédération le régalien et l’organisation des compétitions, à quoi sert la Ligue ? »