Wecrashed, Super pumped, The dropout : 3 séries tirées d’événements réels se penchent sur l’ascension et la chute de start-up et de leurs créateurs.
Wework, Uber et Theranos : trois start-up américaines lancées par des jeunes gens inspirés, visionnaires qui ont connu une ascension spectaculaire… avant d’échouer avec fracas. Des histoires tirés de faits réels retracées dans Wecrashed, Super pumped et The dropout.
WeCrashed
C’est quoi, Wecrashed ? Adam Neumann (Jared Leto) est un jeune entrepreneur qui a réussi, avec l’aide de sa compagne Rebekah Paltrow (Anna Hathaway), à construire un empire à partir de rien. Son idée, Wework, passe rapidement d’un espace de co-working unique à une marque mondiale valorisée à hauteur de 47 milliards de dollars… avant de chuter de façon tout aussi vertigineuse en quelques semaines. Que s’est-il passé ?
WeCrashed retrace l’irrésistible ascension puis l’effondrement de l’entreprise de co-working WeWork, portée par ses fondateurs Adam Neumann et Rebekah Paltrow, un couple uni par un amour profond. Lui est un « entrepreneur en série » autoproclamé qui galère, jusqu’au moment où il trouve l’idée géniale de WeWork ; elle tente de percer en tant qu’actrice, sans grand succès contrairement à sa célèbre cousine Gwyneth. Le succès de WeWork est fulgurant, mais l’entreprise est ce qu’on appelle une «licorne » : une société de capital-investissement qui repose sur une « bulle » et dont la valorisation explose avant même l’entrée en bourse. Scandale de harcèlement sexuel, erreurs de communication, mauvais investissements… En quelques semaines, la start-up perd l’essentiel de sa valeur et Neumann est viré par son propre conseil d’administration.
L’histoire ne méritait pas forcément d’être développée sur huit épisodes de près d’une heure chacun. Ceci dit, plusieurs éléments compensent les longueurs et les circonvolutions répétitives du scénario, en particulier les performances remarquables de Jared Leto et de Anne Hathaway qui portent véritablement la série. Et la manière dont WeCrashed ausculte l’échec retentissant de la start-up et de son créateur aussi charismatique qu’excentrique en fait une série prenante et très intéressante.
Super Pumped
C’est quoi, Super pumped ? En 2009, l’entrepreneur Travis Kalanick (Joseph Gordon-Levitt) a une idée géniale : mettre en contact les utilisateurs avec des conducteurs particuliers réalisant des services de transport moins chers que les taxis. Agressif et sans scrupule, il convainc l’investisseur Bill Gurley (Kyle Chandler) d’entrer au capital. Uber se développe de façon exponentielle et rien ne semble pouvoir entraver l’ascension de son PDG, Kalanick. Rien… si ce n’est les controverses et scandales qui entachent l’entreprise : pratiques commerciales douteuses, harcèlement sexuel, conflits avec les chauffeurs de taxi, corruption et environnement de travail toxique. Ce qui conduira au limogeage de Kalanick, évincé de sa propre entreprise par son conseil d’administration.
Série d’anthologie dont chaque saison traitera d’une entreprise différente, Super Pumped s’attaque d’abord à Uber. Basée sur un livre du journaliste Mike Isaac, elle raconte l’histoire de l’entreprise à l’origine de l’application mobile mettant en relation les passagers avec des chauffeurs particuliers, et de son fondateur Travis Kalanick. Super Pumped le présente comme un visionnaire… mais surtout comme un sale type arrogant, désagréable, sans scrupule et mégalomane, qui n’hésite pas à enfreindre la loi et n’engage que des « connards » (sic) prêts à tout. Il est incarné par un Joseph Gordon-Levitt qui fait très bien le job – c’est-à-dire qu’il est détestable – secondé par l’excellent Kyle Chandler ou encore Uma Thurman (dans le rôle de Ariana Huffington, co-fondatrice du Huffington Post et membre du conseil d’administration.) Oh, et un certain Quentin Tarantino assure la voix off.
L’histoire est tirée de faits réels qu’aucun auteur de fiction n’aurait osé imaginer par peur d’être accusé d’aller trop loin. Les événements racontés sont hallucinants… et la manière dont ils sont relatés n’est pas loin de l’être autant. Créée par le duo derrière Billions, Brian Koppelman et David Levien, la série reprend les mêmes éléments à la puissance 10. Dialogues extravagants lancés avec un débit de mitraillette, contexte abscons pour les non-initiés à la finance, abondance de références musicales et cinématographiques pointues, personnages hors normes et histrioniques… Autant de caractéristiques qui font de Super Pumped une série très intéressante mais un peu difficile à suivre car complexe et parfois épuisante à regarder. Et à cause de laquelle on hésite un peu, désormais, à appeler un Uber.
The dropout
C’est quoi, The dropout ? Au grand dam de ses parents, la jeune Elizabeth Holmes (excellente Amanda Seyfried) arrête ses études à Stanford pour fonder sa start-up baptisée Theranos. Son idée, révolutionnaire, consiste en un dispositif capable de fournir des analyses complètes avec une seule petite goutte de sang. Soutenue par son compagnon Sunny Balwani (Naveen Andrews), un entrepreneur qui a revendu sa propre société, Elizabeth présente son appareil à des investisseurs et des entreprises pharmaceutiques qui se lancent dans le projet. Il y a juste un problème : la technologie ne fonctionne absolument pas. Ce qui n’empêche pas Holmes de lever des milliards de dollars de financement, en s’enferrant dans ses mensonges.
The Dropout raconte l’histoire de Elizabeth Holmes qui, avec son entreprise Theranos, promettait de révolutionner l’industrie médicale. La jeune femme a convaincu des dizaines d’investisseurs, au point qu’à son apogée, la start-up était évaluée à dix milliards de dollars. Sauf que sa technologie n’a jamais existé. C’est une enquête journalistique qui a révélé le pot-aux-roses et mis au jour les mensonges de la jeune femme, déclenchant une enquête fédérale. En janvier dernier, Elizabeth Holmes a été condamnée à une peine qui sera fixée en Septembre prochain, et qui pourrait aller jusqu’à vingt ans de prison.
Sans mauvais jeu de mots, la série essaye d’être aussi… clinique que possible dans son approche, c’est-à-dire très factuelle. Et ce, même si elle prend le parti de présenter Elizabeth Holmes comme une idéaliste,dont les intentions initiales sont (seraient?) nobles. Les huit épisodes retracent son parcours de façon chronologique : son départ de l’université, sa rencontre avec Sunny, le démarchage des investisseurs, le moment-clé où elle décide de falsifier les résultats et de mentir pour la première fois, l’engrenage qui suit, la manière dont la jeune femme est persuadée de la validité de son idée au point d’utiliser tous les moyens pour obtenir la reconnaissance… jusqu’à la chute, irrémédiable. Et même si la série étend un peu trop le récit (6 épisodes auraient sans doute suffit) et que l’on connaît le dénouement dès le début (la première scène montre l’interrogatoire de Elizabeth par le FBI), l’ensemble tient la route et maintient la tension jusqu’au bout.
WeCrashed, Super pumped et The dropout : trois séries pour trois sociétés créées à partir de rien par de jeunes entrepreneurs inventifs mais dépassés par les événements. Toutes les trois partagent en outre les mêmes qualités et les mêmes défauts : des acteurs formidables mais un récit qui tire un peu en longueur. Basées sur des faits réels, elles sont toutefois intéressantes dans la manière dont elles mettent en lumière la fragilité du système financier, la facilité avec laquelle les bulles gonflées autour du vide finissent par éclater et les ambitions fracassées de dirigeants charismatiques qui sont des Icare des temps modernes.
WeCrashed
8 épisodes de 55′ environ
Disponible sur Apple TV
The Dropout
8 épisodes de 50′ environ
Disponible sur Disney+
Super Pumped : The battle for Uber
7 épisodes de 60′ environ
Prochainement sur MyCanal
Cet article Wecrashed, Super pumped, The dropout : start up… and down est apparu en premier sur VL Média .