5 éléments pour comprendre l’affaire Julian Assange

Le Royaume-Uni a confirmé ce vendredi l’extradition aux Etats-Unis de Julian Assange. Ce dernier va faire appel. Voici 5 éléments pour comprendre une affaire qui dure depuis maintenant presque 12 ans.

La publication de 70 000 documents confidentiels

L’affaire Julian Assange débute en juillet 2010. Sur son site WikiLeaks, le cyberactiviste publie 70 000 documents confidentiels (que la presse mondiale reprend) qui portent sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan. Quelques mois plus tard, il diffuse 400 000 rapports sur l’invasion américaine en Irak puis 250 000 câbles diplomatiques américains. Parmi ces documents, c’est une vidéo d’une bavure de l’armée américaine en Irak en 2007 qui fait le plus scandale. On y voit un hélicoptère tirer sur des civils et tuer 18 personnes dont deux journalistes de l’agence de presse Reuters.

Extrait de la vidéo de cette vidéo publiée fin 2010

Cependant, les documents sont fournis sans protection des informations sensibles, ce qui peut mettre en danger certaines sources.

Julian Assange poursuivi

Après ces révélations, les Etats-Unis reprochent au lanceur d’alerte d’avoir mis en danger des sources des services américains. Le pays ouvre une enquête pour « piratage informatique ». En novembre 2010 ensuite, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre l’Australien dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle. Les faits se seraient déroulés en août 2010. Julian Assange assure que les deux femmes dont il est question étaient consentantes. La plainte pour viol sera finalement classée sans suite en 2017 puis à nouveau en 2019.

Le 7 décembre 2010, il se livre à la police britannique puis est détenu 9 jours avant d’être assigné à résidence. Mais deux mois plus tard, la Suède formule une demande d’extradition qu’un tribunal londonien valide. Le cyberactiviste redoute dès lors l’extradition vers les Etats-Unis où il risque la peine de mort.

Réfugié puis condamné

Le fondateur de WikiLeaks, qui profite de sa liberté conditionnelle, se réfugie dès juin 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres. L’Equateur lui offre l’asile politique puis exige qu’il puisse se rendre dans le pays mais le Royaume-Uni refuse cette demande. Il reste donc confiné dans un espace de 30 mètres carrés dans l’ambassade pendant environ 7 ans.

Cet épisode prend fin en avril 2019 quand la justice britannique interpelle Julian Assange. Un tribunal britannique le condamne alors à 50 semaines d’incarcération. Celui-ci l’accuse d’avoir violé les conditions de sa liberté provisoire. L’ONU dénonce de son côté la torture subie par le fondateur de WikiLeaks. L’organisation déclare en effet qu’il a été « délibérément exposé, pendant plusieurs années, à des formes graves de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Il est depuis 2019 détenu dans la prison haute sécurité de Belmarsh, à l’est de Londres.

Monsieur Assange a été délibérément exposé, pendant plusieurs années, à des formes graves de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont les effets cumulatifs ne peuvent être décrits autrement que comme de la torture psychologique.

Nels Melzer, expert indépendant de l’ONU, dans un communiqué publié en mai 2019

Le refus d’extradition par la justice britannique

Washington décide alors de fournir des armes judiciaires. Le département de la Justice américain rend en effet publics 17 nouveaux chefs d’inculpation liés à la loi américaine sur l’espionnage. Julian Assange risque depuis cette accusation 175 ans de prison en cas d’extradition. C’est en effet ce qui est demandé par les Etats-Unis mais finalement refusé par la justice britannique en janvier 2021. La raison mise en avant est l’état de santé de l’Australien. En effet, selon la juge Vanessa Baraitser, qui a rendu la décision, « les procédures décrites par les Etats-Unis ne vont pas l’empêcher de se suicider pour des raisons de santé mentale. » Sa compagne, l’avocate Stella Morris, avait alors déclaré que le livrer aux Etats-Unis serait l’équivalent d’une « peine de mort ».

Les procédures décrites par les Etats-Unis ne vont pas l’empêcher de se suicider pour des raisons de santé mentale.

Vanessa Baraitser, janvier 2021

Assange vers les Etats-Unis ?

En octobre 2021 débute alors l’examen en appel de la demande d’extradition américaine. Ce vendredi 17 juin, le gouvernement britannique a confirmé avoir signé le décret d’extradition de Julian Assange. « Dans cette affaire, les tribunaux britanniques n’ont pas conclu qu’il serait oppressif, injuste ou un abus de procédure d’extrader monsieur Assange. Ils n’ont pas non plus conclu que l’extradition serait incompatible avec ses droits humains, y compris son droit à un procès équitable et à la liberté d’expression » a déclaré le ministère de l’Intérieur. De son côté, WikiLeaks a dénoncé « un jour sombre pour la liberté de la presse et pour la démocratie britannique ».

L’Australien dispose depuis d’un délai de 14 jours pour porter la décision en appel. Le Premier ministre australien a de son côté déclaré qu’il allait prendre position “diplomatiquement” au sujet de Julian Assange.

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