Kevin Mayer, la triste annonce

Dimanche dernier, Kevin Mayer a perdu son record d’Europe de l’heptathlon, qu’il détenait depuis presque huit ans. Le Norvégien de 22 ans Sander Skotheim lui a chipé pour cinq points (6484 contre 6479) lors du meeting en salle de Tallinn. Et ce n’est pas cette année que le Français tentera de reprendre son bien. Kevin Mayer annonce en effet ce vendredi dans les colonnes de L’Equipe qu’il renonce à la saison en salle. Celui qui fêtera ses 33 ans ce lundi n’est toujours pas guéri complètement de la blessure (rupture quasi-totale du muscle semi-membraneux, dans les ischio-jambiers gauches) qu’il a subie lors du 110m haies du meeting de Paris le 7 juillet dernier, qui l’avait privé des Jeux Olympiques quelques semaines plus tard. L’Héraultais ne veut prendre aucun risque et prendra le temps nécessaire pour se soigner.

« Ça évolue bien, mais lentement. On va dire que je ne sens plus le nerf, ce qui était le souci, confie le recordman du monde du décathlon au quotidien sportif. Il y avait de la fibrose (épaississement des tissus, ndlr) entre mon nerf et mon muscle. On a identifié le problème et on sait qu’il y a une grosse rééducation à faire. Beaucoup font des opérations pour ça, mais je sais que je peux y arriver autrement. Je préfère ne pas prendre de risques avec l’opération, qui n’est pas anodine, et employer la manière longue et fastidieuse. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux.  »

Des minimas fixés à 8550 points

L’épreuve des haies est celle qui pose le plus de problèmes avec ce genre de blessures. « Sans les haies, c’est sûr que j’aurais pu faire la saison hivernale, assure d’ailleurs Mayer. Les haies, c’est comme si on faisait un grand écart, donc au moindre petit souci, tu ne peux pas y aller à fond. » L’objectif est désormais de revenir pour la saison en plein air, dont le point d’orgue sera les championnats du monde de Tokyo, au mois de septembre. Kevin Mayer espère bien être au rendez-vous et donc réussir les minimas, fixés à 8550 points (son record du monde est de 9126pts), entre le 25 février et le 24 août.

« Au vu de l’évolution, depuis que j’ai trouvé l’exercice qui améliorait, je dirais que ce serait quand même décevant de ne pas faire cette saison en plein air. Mais cette fois-ci, on ne veut vraiment pas faire comme l’année dernière avec Paris, on s’est dit que tant que ce n’est pas réglé, on ne fait pas. Je ne peux pas certifier à 100 % que je pourrai faire les minima pour Tokyo, mais ce serait décevant », admet Mayer. Déjà sacré champion du monde à deux reprises (en 2017 et 2022), le décathlonien ne voudra pas mettre en péril la fin de sa carrière, lui qui espère décrocher un premier titre olympique à Los Angeles en 2028.