C’était en 2013 … la naissance d’une série culte : Lazy Company

Voilà (seulement ou déjà) 10 ans que la Lazy Company a débarqué sur OCS et elle reste encore l’une des meilleures comédies françaises.

C’est quoi Lazy Company ? Juin 1944. Le débarquement. L’aéroportée Américaine parachute ses meilleurs hommes au cœur de la France occupée. Les meilleurs ? Pas seulement… Quatre soldats totalement incompétents atterrissent en pleine campagne Normande. Si le monde est en guerre, eux ont bien l’intention de rester en vie, et de croiser des françaises aussi un peu… Maladroits, un peu lâches, attachants, ils sont la lie de toute l’alliance transatlantique. Alors que faire, à part les réunir pour mieux les surveiller? Ensemble, ils forment l’unité la plus spéciale de toute l’Armée américaine. Quatre abrutis qui, sans le faire exprès, vont changer le cours de l’Histoire. Ils sont la LAZY COMPANY.

Cette série OVNI est née de l’imagination de deux garçons bourrés de talent, Alex Philip et Samuel Bodin, deux amis qui offrent avec cette série une vraie bouffée d’air dans la comédie made in France. Car bien que située dans le passé (la seconde guerre mondiale), Lazy Company est peut-être l’une des séries françaises les plus référencées que l’on ait faite depuis longtemps. Une série qui vit dans son temps et qui se nourrit d’une culture populaire accessible au plus grand nombre.
Il serait vain de dresser ici la liste de toutes les références que l’on retrouve dans la série mais ça va de ce super soldat masqué, Das Némésis (qui empreinte clairement à Dark Vador), à la mode des films et séries musicales (la série se paye le luxe, comme dans beaucoup de séries américaines, d’un épisode musical, le 6ème de cette première saison, La Normandie du bonheur), en passant par l’univers des westerns (un épisode hommage à Alamo), des films de guerre que l’on connait tous, la série se joue de notre culture en faisant appel à une complicité naturelle avec le public.
Autre emprunt non négligeable: l’Histoire. Les grandes figures de la seconde guerre mondiale sont bien entendu convoquées dans cette série : Winston Churchill se lance dans un pari avec le Général Paxton, De Gaulle et Hitler se retrouvent pour « un dernier souper » des plus explosifs. Comme sur toutes les autres références, les auteurs s’amusent à détourner l’Histoire et à s’amuser avec, sans jamais oublier ce petit supplément de drame (car oui on meurt dans Lazy Company, et ce malgré le ton de la comédie).

Autre point positif de la série, c’est son casting. C’est même son élément principal tant l’écriture de Bodin-Philip laisse toute sa place au jeu des comédiens de cette série. Il est difficile de tous les citer mais on en meurt tout de même d’envie : Alban Lenoir (tellement drôle en gaffeur, misogyne et tant d’autres qualités), Antoine Lesimple (touchant), Benoit Moret (dont le personnage possède un secret… surprenant); Alexandre Philip (drôle et terriblement talentueux), Gilles Bouillon (alias le Génaral Paxton, incapable de donner un ordre sans hurler et ponctuer ses phrases d’insultes), Quentin Baillot (sosie en blond de Hitler) et véritable génie comique Antoine Gouy, Aurélie Poirier, Charlotte Ligneau ou Caroline Vigneaux, révélée par la série, ou Tiphaine Daviot,…On pourrait tous les citer car le casting est vraiment ici une grande réussite…

La saison 2 : un grand huit d’émotion

Août 1944, c’est le tournant de la guerre : les Alliés font route vers Paris. Seulement voilà, la Libération va devoir attendre. Après avoir échappé à la Lazy Company, Hitler fonce tout droit vers son château préparer dans le plus grand secret une contre attaque apocalyptique. Poussée par un désir de vengeance et aussi pour se rattraper, la Lazy se lance alors dans la plus folle des courses poursuites. Mais leurs adversaires sont au rendez-vous, plus vicieux et turbulents que jamais. Pour les quatre héros, la tâche risque d’être ardue. D’autant qu’il règne au sein du groupe, un chaos grandissant.

Maline. Inventive. Généreuse. Émouvante. Voilà quelques petits qualificatifs pour cette saison 2 de Lazy Company. Non seulement la série confirme, mais elle monte d’un cran encore. Le tout de la façon la plus difficile qui soit : en jouant sans arrêt sur la ligne rouge entre comédie délirante pure, et drame d’une intensité rare. Difficile car, en général, l’un des deux aspects est soit négligé par rapport à l’autre, soit ne fonctionne tout simplement pas. Mais ici, cela fonctionne parfaitement. Le même épisode de 20 minutes peut nous faire mourir de rire ou nous émouvoir à en pleurer (attendez de voir le final de la saison et vous comprendrez parfaitement). Mais si la série fait le yoyo avec les émotions, incontestablement la saison 2 est beaucoup plus sombre, plus âpre que ne l’était la première. Car même s’il s’agit d’une comédie, on est toujours dans la guerre et il y a des morts. Et les morts sont tragiques, la série n’hésitant jamais à faire la bascule et à tuer des personnages que l’on aimait. Une bascule qui se fait sans peine, preuve que les auteurs maîtrisent parfaitement leur écriture.

Cette saison 2 fait aussi une belle place aux femmes. Peut-être plus qu’en saison 1. Déjà parce que le Camp Neptune est désormais dirigée par une femme. La remplaçante de Paxton, la Générale Sanders est drôle et aussi vulgaire dans sa façon de parler que Paxton parlait fort.

« J’ai toujours rêvé de me faire bouffer le cul mais je n’aurais pas pensé que ce serait comme ça »

Générale Sanders

Lazy Company saison 2 fait preuve d’une inventivité qui fait non seulement très plaisir, mais qui est, quelque part aussi, très touchante.
« Ils nous ont fait confiance en nous laissant une totale liberté d’écriture, ce qui n’est quasiment jamais le cas sur les autres chaînes. Ils prennent nos scripts tels qu’on les leur livre » (Raphaël Rocher, TV Mag Le Figaro)…Cette déclaration de l’un des producteurs de la série se vérifie à chaque instant à l’antenne. Cette saison est à nouveau tellement dingue, tellement over the top qu’il est impossible de penser qu’une chaîne ait pu repasser par dessus. Les auteurs s’amusent, ça se voit, et nous aussi. Malgré une hausse sensible du budget (de 115 000 à 145 000€/épisode) que l’on retrouve à l’image, les auteurs de la série continuent de chercher la moindre idée, même complètement délirante pour s’amuser, et ce, avec les moyens du bord.
La saison 2 est une fois de plus totalement décomplexée, ça part souvent dans le grand n’importe quoi mais, bizarrement, les effets prennent à chaque fois. Samuel Bodin et Alexandre Philip aiment les séries, le cinéma et ont fait de leur série une œuvre méta comme on dit, bourrée de références à la culture populaire comme quasiment aucune autre série française ne semble capable de le faire. Dans cette saison 2, on rend hommage aux films d’évasion à l’américaine, à Law and Order, et même….oh et puis non découvrez le vous même dans l’épisode 3 de cette saison. Mais disons seulement qu’après avoir eu le culot en saison 1 de rendre hommage aux épisodes musicaux des séries américaines, la saison 2 monte d’un cran et propose un nouvel épisode spécial surprenant, audacieux et visuellement superbe.

Enfin, Alexandre Philip et Samuel Bodin aiment les séries, en connaissent les codes par cœur, et se payent le luxe fou de briser des codes que peu de séries américaines se permettent de briser. Culottés, ils jouent avec la construction habituelle des séries pour mieux la contourner et nous piéger. En cela, le final de la saison 2 est un modèle du genre. Pardonnez moi cette vulgarité mais « Putain les mecs, vous êtes de grands malades, il fallait oser faire ça!!! ».

La saison 3 : une fin en apothéose

Décembre 1944, la guerre s’enlise. À la suite de la trahison du Général Margarett Sanders, le camp Neptune n’est plus. La dissolution de la Lazy Company signe la fin d’une époque…  Dans sa base secrète de l’OSS, l’agent Jessica Sanders décide de monter un commando spécial. Ses objectifs sont les suivants : supprimer Hitler, mettre fin à la guerre et faire payer à sa mère sa trahison. Au même moment, la famille Lazy Company se retrouve autour d’une réunion qui s’avèrera décisive quant à la suite des évènements… L’équipe de choc, composée de Jeanne, Niels, Slice, Spring, Shefield et Chester, décide de troquer ses uniformes militaires pour ceux d’agents secrets. Un changement de costume qui se révèlera être plus compliqué que prévu : au « Panzernest », Hitler, prépare son ultime contre-attaque et fait enlever Jeff, le fils de Slice. L’héritier du sang du Patriot pourrait bien être la clé qui mettra fin au plus grand conflit du siècle

Ce qui apparaît d’entrée dans cette dernière saison c’est son ton résolument plus sombre. Après le final de la saison 2, il ne pouvait en être autrement. Mais Lazy Company amorce avec cette saison 3 un virage qui la rapproche de la fin de Kaamelott qui avait elle aussi basculé dans le drama sans pour autant renier l’humour. La série passe d’une série comique avec du drame à une série dramatique avec de l’humour. Tout est plus sombre, le traitement des personnages, de l’image, les destins, la musique. Toute la saison 3 est une montée en puissance qui ne peut qu’aboutir à une fin tragique. « C’est la guerre » comme le dit très justement Henri Debeurme, co-producteur de la série. 4 mots pour se préparer au pire car la guerre ne se finit pas toujours bien pour tout le monde.

Il faut voir chacune des saisons de Lazy Company comme une étape de la vie. La saison 1 c’est l’enfance, on s’amuse, on joue, on est inconscient (faire un épisode musical dès la saison d’une série relève de la brillante inconscience). La saison 2 c’est l’adolescence, le temps où l’on apprend, où l’on tente des choses (la saison 2 multiplie ainsi les hommages vibrants). Et dans le dernier épisode, « Lazy Company a 18 ans« , elle est devenue majeure. Sans tomber dans le poncif qui voudrait que la saison 3 soit « la saison de la maturité« , on est tout de même un peu dans ce registre là. Les histoires, les personnages, l’écriture, la réalisation, la musique, tout est arrivé à maturité et ça donne lieu à une saison remarquable. Cela fait mal de dire adieu à une série mais quand elle réussit à ce point sa sortie, la satisfaction l’emporte sur la tristesse.

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L’aventure Lazy Company s’est terminée mais de la plus belle manière qui soit. Durant 3 saisons, nous avons assisté à un déploiement d’énergie, de talent, d’écriture, de réalisation, de production au service d’une série certes pas parfaite de bout en bout mais qui a su ne jamais décevoir tout au long de son existence. A tous les stades de la série, on retrouve des petits génies, les talents de demain qui feront grandir notre fiction par leur audace, leur ingéniosité, leur courage. Aujourd’hui, le talent de ces petits gars de la Lazy s’est répandu un peu partout, à commencer par Samuel Bodin, qui a signé cette année son premier film américain, La Maison du Mal. Ou Alban Lenoir, roi du film d’action.

Crédits: OCS/ Empreintes digitales/ Six pieds sur terre

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