Clint Mansell et le Season Finale | Seriefonia

Un compositeur de choix, Clint Mansell, qui nous entraîne dans le requiem pour un rêve, mais aussi des bonus, nécessaires, pour ce dernier volet de la saison.

[« Twin Peaks, Fire Walk With Me – Questions in a World of Blue » – Hommage à Julee Cruise]

Elle était une partie de l’âme musicale de Twin Peaks, série comme film, de la première à la dernière saison, la chanteuse Julee Cruise nous a quitté ce 9 juin à seulement 65 ans… Nous n’oublierons jamais sa voix si envoutante et si profondément indélébile à la série la plus inclassable de toute l’Histoire de la télévision… Merci pour tout, Julee, vous allez nous manquer…

[« SérieFonia : Season IV : Opening Credits » – Jerôme Marie]

[Extrait Sonore « The Fountain »]

[« Requiem for a Dream – Summer Overture » – Clint Mansell]

Bonjour à tous et bienvenue dans la dernière de la saison 4 de SérieFonia. Un ultime numéro avant la pause estivale, que j’ai eu envie de consacrer à celui qui est devenu le compositeur-complice du réalisateur Darren Aronofsky, Clint Mansell, depuis qu’un beau jour de 1998, il se sont trouvés autour de ceci…

[« Pi – 2-pi-r » – Clint Mansell]

Premier film de l’un. Première bande originale de l’autre. Pi est un formidable thriller psychologique tourné à la façon néo-noir, qui s’est fait remarquer au prestigieux festival indépendant de Sundance en remportant le Prix de la mise en scène. En cette fin des années 90, le compositeur britannique né en 1963 à Conventry a déjà une petite carrière dans la musique électronique derrière lui mais décide de tenter l’aventure à New York. Il s’y installe donc et ne tarde pas à être présenté à Aronofsky par un ami commun. Pi est entièrement financé par les membres de la famille du metteur en scène pour un budget total de 68 000 dollars. Les deux hommes se rendent très vite compte qu’ils partagent la même passion pour la musique de John Carpenter et il n’en faut pas plus pour qu’ils décident de s’associer. Le film prend le monde par surprise et offre soudain au musicien une perspective de renouveau à laquelle il n’avait jamais vraiment songé auparavant et qui fait des étincelles dès leur projet suivant…

[« Requiem for a Dream – Lux Aeterna » – Clint Mansell]

Des étincelles, que dis-je ?  Sa partition pour Requiem for a Dream fait l’effet d’une bombe. Restant très attaché à ses racines électro-rock, il continue de s’en nourrir pour mieux proposer un son à la fois hybride et unique au sein de l’industrie. Initialement, la partition du film est imaginée autour de couleurs hip-hop, mais Clint Mansell s’entoure finalement du fameux Kronos Quartet et conçoit, pour ce qui n’est que son second long-métrage, un score d’une formidable ampleur mélodique et émotionnelle. Il se fait aider aux arrangements par le compositeur new-yorkais David Lang et, bien au-delà de son seul contexte filmique, le morceau Lux Aeterna, que vous venez d’entendre, suscite un engouement général bien mérité et se retrouve en accompagnement des bandes annonces des plus grandes productions du moment… Da Vinci Code, Je suis une légende et, surtout, celle du second volet du Seigneur des Anneaux : Les deux Tours, pour laquelle une nouvelle version, avec des chœurs et un orchestre au grand complet, a été tout spécialement assemblée… Avec Darren Aronofsky, il signera encore The Fountain en 2006. Un chef d’œuvre, ni plus ni moins…

[« The Fountain – Finish It » – Clint Mansell]

Là encore, il faisait appel au Kronos Quartet, mais aussi au groupe Mogwai. A qui on devait la série Les Revenants… Puis, vint The Wrestler, l’année suivante…

[« The Wrestler – Leaving Hospital » – Clint Mansell]

Le phénomène Black Swan, en 2010, où il se frotte en toute modestie à… Tchaikovsky.

[« Black Swan – A Swan is Born » – Clint Mansell]

Jusqu’à Noé, en 2014, où il expérimente encore de nouvelles tessitures.

[« Noah – The Spirit of Creator Moved Upon The Face of the Waters » – Clint Mansell]

Pas évident, en entendant tout cela, de se dire qu’avant de faire de la musique de film, Clint Mansell électrisait les scènes industrielles britanniques avec son groupe, Pop Will Eat Itself, et qu’entre 1981 et 1996, à travers des titres aussi évocateurs que « Poppies Say Grr ! », « Wise Up ! », « Sucker » ou encore « Can You Dig It ? », son style ressemblait à ça…

[« Can U Dig It ? » – Pop Will Eat Itself]

Ceci dit, en s’intéressant de plus en plus au courant dance/électro, il développera une influence qui reste clairement présente au cœur de ses premières pièces pour le cinéma. Durant cette période, il se lie d’amitié avec Trent Reznor, des Nine Inch Nails. D’ailleurs, il participe à leur album The Fragile, en 99, en qualité de chanteur/choriste invité. Et en toute logique, lorsqu’il est engagé sur le film Doom, adapté du célèbre jeu vidéo en 2005, c’est à son tour de leur rendre la pareille en les conviant à intégrer la bande originale avec leur titre « You Know What Your Are »…

[« Doom – You Know What You Are (Clint Mansell Mix) » – Nine Inch Nails]

Détail amusant : par la suite, Trent Reznor signera lui aussi quelques BO, tout particulièrement pour David Fincher. Et puis, lui et ses Nine Inch Nails apparaissent également dans le plus cinglé de tous les épisodes de la saison 3 de Twin Peaks en 2017. Comme quoi tout est lié… Quant au reste de la partition de Doom, Clint Mansell ne manque pas non plus d’énergie !

[« Doom – Doom » – Clint Mansell]

Parmi ses autres compositions, citons également la comédie d’action Sahara réalisé par Breck Eisner, également en 2005…

[« Sahara – Desert Trek » – Clint Mansell]

La rom-com Definitely, Maybe, d’Adam Brooks, en 2008…

[« Definitely Maybe – The Happy Ending is You » – Clint Mansell]

Le très atmosphérique Moon, de Duncan Jones, qui, comme son nom ne l’indique pas nécessairement n’est autre que le fils de David Bowie… C’était de la pure SF en 2009…

[« Moon – Memories » – Clint Mansell]

Ordure ! Non, je n’insulte personne, c’est juste le titre français de la comédie à l’humour noire 100% british, Filth en VO, de Jon S. Baird en 2013.

[« Filth – Home is the Darkness » – Clint Mansell]

Ou encore très récemment, l’horrifique In the Earth, où la Nature reprend violemment ses droits sur l’Humanité sur une partition plus que jamais proche du sound design…

[« In the Earth – Parnag Fegg » – Clint Mansell]

Comme quoi, même avec un univers musical tout de même extrêmement marqué, rien n’empêche de le décliner au gré de tous les genres possibles. Relativement discret, Clint Mansell est de ceux qui savent choisir les projets qui leur ressemblent et aime à travailler dès le début de l’entrée en production des métrages qu’ils décide de rejoindre, s’imprégnant énormément du script et de la direction artistique pour mieux en saisir l’essence. Mais il n’a pas fait que du ciné ! A la télé, on a également pu l’entendre au gré d’épisodes des Experts Miami, de Black Mirror, et de plusieurs séries DC telles que Titans, Doom Patrol et tout dernièrement Peacemaker… Le tout co-composé avec la complicité de Kevin Kiner, dont je vous parlais il y a très peu de temps pour son implication dans les séries animées Star Wars… Et Peacemaker, ça ressemblait à ça… Oui, fallait bien que je vous recase la formule une dernière fois avant de clore cette quatrième saison…

[« Peacemaker – Peacemaker Discharged » – Clint Mansell & Kevin Kiner]

Mais je ne vais pas vous quitter là-dessus ! En guise de cadeau-bonus, voici deux derniers morceaux qui n’étaient pas encore sortis au moment où j’enregistrais les épisodes de SérieFonia qui étaient pourtant consacrés à leurs thématiques respectives… Et on commence par Top Gun Maverick ! Le film est une claque… Un authentique bonbon rétro aux techniques de tournage pourtant résolument modernes. Et y a pas à dire : la musique d’Harold Faltermeyer, revisitée par Lorne Balfe, fait toujours autant d’effet, même 36 ans après…

[« Top Gun Maverick – The Man, The Legend – Touchdown » – Harold Faltermeyer & Lorne Balfe]

Quant au nouveau thème original, tout spécialement composé par John Williams pour la nouvelle série Star Wars, Obi-Wan Kenobi, il s’appréhende de manière beaucoup plus subtile. Beaucoup attendait un thème enlevé et héroïque… Seulement voilà. A ce moment de sa vie, c’est exactement ce que l’ancien Maître Jedi n’est plus. Heureusement, Williams, lui, l’a bien compris. Une fois de plus, sa musique est à la fois sublime, posée et réfléchie… Surtout en contraste avec le reste de la partition produite plus que composée par Natalie Holt. Je n’emploie pas souvent le terme, mais là, vraiment, c’est nul. Sans âme et Archi nul. Et c’est d’ailleurs pas loin d’être ce que je pense aussi de la série… Mais bon… Rien que pour 4 minutes de plus signées Papy John dans l’univers Star Wars, on va dire que ça valait le coup. Pas de doute, même à 90 ans, la Force est toujours aussi puissante en lui…

[« Obi-Wan Kenobi – Obi-Wan » – John Williams]

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