On regarde ou pas ? Cœurs Noirs, la nouvelle claque de Prime

Lancée sur Prime Vidéo le 3 février, la série Cœurs Noirs prouve la très grande forme de la fiction française en ce début d’année.

C’est quoi Cœurs Noirs ? Les Forces Spéciales françaises sont déployées en Irak, à la veille de la bataille de Mossoul, en octobre 2016. Les membres de ce commando 45 ont pour mission de retrouver et exfiltrer la fille et le petit-fils d’un important Emir français de Daech qu’ils ont capturé et qui ne coopérera avec eux qu’à cette condition.

L’essentiel

Après Sentinelles diffusée l’an dernier sur OCS (et qui prend place au Mali), Cœurs Noirs est la nouvelle coproduite entre Prime Vidéo et France Télévisions (qui la diffusera dans plusieurs mois). Le challenge est de proposer une véritable série d’action – genre peu répandu à la télévision française – tout en ayant un vrai propos politique façon Fauda, écrite par Sophie Maurer, Thomas Rio, Duong Dang-Thai et Corinne Garfin, le tout réalisé par Ziad Doueiri (à qui l’on doit l’excellent Dérapages sur Arte, mais aussi Baron Noir et qui a travaillé sur la très réussie Sleeper Cell). Côté casting, c’est du 5 étoiles avec Nicolas Duvauchelle, Marie Dompnier, Nina Meurisse, Thierry Godard, ou encore Moussa Masskri. Six épisodes pour cette saison 1 et se confronter aux très difficiles activités de ces forces spéciales, mais également au quotidien dans un pays secoué par la guerre et le terrorisme.

On aime

Quelle claque et quel résultat ! On attendait une vraie série d’action politique comme on en voit à l’étranger depuis des années. On l’a !! Sorte de croisement entre Fauda et 24, Coeurs Noirs nous prend et ne nous lâche plus jusqu’au final du 6ème épisode impossible à anticiper. Chaque épisode contient sa scène forte, puissante, sur le terrain au plus près du groupe 45 embarqué à chaque fois dans des missions de la « dernière chance », comme à la veille de la bataille de Mossoul, pris dans ce souterrain ; ou encore dans ce petit village pour libérer une otage. Si la série nous épargne des scènes trop gores, elle n’oublie jamais de nous maintenir en apnée, tremblant pour cette équipe dont on sait que tout peut lui arriver. Comme dans 24, le propos politique très fort (dans les meilleures saisons) n’oublie jamais de favoriser des moments intenses de pure action, en maintenant un équilibre qui pourrait être casse-gueule mais ne l’est finalement jamais. Mais comme on l’avait vu dans Engrenages, la série n’oublie jamais ces moments, longs, de surveillance, à traquer ses « proies » avant d’intervenir et de « foncer » sur elles.

Autre point fort de la série, son casting ! Chaque comédien est parfaitement à sa place donnant la bonne émotion au bon moment, qu’il s’agisse de Thierry Godard, Quentin Faure (Les invisibles), ou surtout Nicolas Duvauchelle en commandant du groupe 25, que l’on devine pétri d’idéal mais que la guerre a abîmé au point qu’il se « JackBauerise » tout au long de cette première saison. Mais la vraie réussite de cette série de guerre comme on dit c’est d’avoir bâti deux personnages féminins aussi forts et puissants, à l’égale des personnages masculins et opérant sur le même registre : Marie Dompnier et Nina Meurisse sont les deux très belles réussites de cette série. Les auteurs sont également parvenus à faire de Farès une véritable menace sans qu’on ne le voit véritablement jamais. Mais il convient de souligner l’incroyable présence de Moussa Masskri (Zaïd) qui tisse sa toile tout au long de la série jusqu’à un dénouement incroyable : « Maintenant on va pouvoir parler« !

Au milieu de cette horreur permanente (ou quasi permanente), la série se laisse aller à des moments où l’émotion explose, comme lorsque le groupe 45 part en mission et se met à écouter la sublime chanson de Bachelet, « Elle est d’ailleurs » ; ou dans l’épisode 5 quand le sort de l’un des membres du groupe 45 est « suspendu », livré à lui même avec en fond l’incroyable « Knockin’ On Heaven’s Door » qui ne laisse que peu de doute quant au destin qui l’attend. Ce jeu, brillant avec la musique, donne à la série des moments de pure poésie, brefs mais puissants.

A écouter aussi : Sentinelles (7×52 minutes – OCS) | La loi des séries #568 | VL Média (vl-media.fr)

On aime moins

Que c’est court ! Seulement 6 épisodes !? On aimerait tellement en voir plus. Si l’ensemble est très cohérent, les intrigues dites plus secondaires ne sont du coup que survolée alors qu’il y aurait tant à en dire. Si la comparaison avec 24 impose un rythme soutenu dans l’action, les personnages sont suffisamment bien bâtis pour que l’on ait envie d’en voir plus sur eux. En tout cas plus qu’on en voit ici. Comme les moments trop rares entre Martin et son épouse où on le voit fendre la carapace comme quand il est obligé de lui annoncer une tragique nouvelle. Ces petites saisons, assez typiques de la production française, ne permettent que trop peu d’exploration des situations. En tout cas trop peu quand on voit le résultat …

Mais c’est bien histoire de « pinailler » car face à une telle réussite de séries, on a plutôt envie d’en saluer le résultat que de pointer les défauts ici et là. Et on a hâte de voir Prime renouveler la série afin de ne pas nous laisser sur cette fin de saison.

Cœurs Noirs
6×52 minutes
Depuis le 3 février 2023 sur Prime

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