On regarde ou pas ? Diane de Poitiers (France 2)

C’est un projet très attendu que diffuse France 2 ce soir, Diane de Poitiers avec isabelle Adjani et réalisée par Josée Dayan. Forcément attendue ?

C’est quoi Diane de Poitiers ? Dans l’épopée royale des Valois-Angoulême, en pleine Renaissance, une femme chevauche en tête dans la course aux honneurs : elle s’appelle Diane de Poitiers, chasseresse émérite dont la beauté inaltérable alimente rumeurs et légendes de son vivant… et bien après sa mort. Malgré son ascendant sans partage sur Henri, le fils cadet de François Ier, sa position à la cour reste fragile face à la puissante Anne de Pisseleu, la favorite du Roi, qui lui voue une haine féroce. Le mariage d’Henri avec Catherine de Médicis ne va-t-il pas compromettre définitivement les rêves de Diane qui n’hésite pas à se comparer à la déesse Artémis ? Le grand Nostradamus lui-même peut-il prédire l’avenir de Diane ? Une simple courtisane, aussi cultivée et politique soit-elle, peut-elle échapper aux soupçons de l’inquisition qui traque sans relâche protestants et sorcières ?

L’essentiel

Diane de Poitiers marque le grand retour de Josée Dayan à la fresque historique qu’elle connaît bien pour l’avoir pleinement réussi dans les années 90 avec Le comte de Monte-Cristo (TF1). C’est aussi une mini-série qui s’inscrit dans la grande tradition des fresques historiques françaises portées par une distribution majestueuse ici Isabelle Adjani, Samuel Labarthe, Virginie Ledoyen, Hugo Becker, Joeystarr, ou encore Jean-François Balmer et Jeanne Balibar. Avec Bruno Coulais à la musique, la mini-série a tout pour emporter avec un public avide de retrouver ce qui a fait les grandes heures de la télévision française et que l’on aime tant ! Ce portrait de Diane de Poitiers s’inscrit dans une collection de portraits de femmes importantes dans l’Histoire de France, « Les ambitieuses« , que France Télévisions présentait ainsi : elle « raconte l’histoire de femmes qui, par leur parcours, leur courage ou la transgression, sont parvenues à sortir du rôle qui leur était assigné« . Dans la même collection, on retrouvera le biopic sur Bardot et prochainement La dernière reine de Tahiti (très belle réussite tout en sobriété et en force).

On aime

Une nouvelle fois, Josée Dayan démontre un savoir-faire indéniable pour monter de puissantes fresques comme elle le fit dans le passé. Elle est celle qui sait fédérer autour d’elle une distribution incroyable pour les faire travailler ensembles. Avec Monte-Cristo, elle était parvenue à faire revenir à la télévision des talents qui n’y venaient plus, sans doute car ce qu’on leur offrait ne les satisfaisait pas assez (c’est amusant au passage de voir tant d’artistes refuser de faire de la télévision et se précipiter pour faire du Marleau qui est l’archétype du polar TV comme on en voit beaucoup). Une fois encore ici, les costumes sont sublimes, majestueux et démontrent à eux seuls la « grandeur » du projet. Associés à des décors somptueux, ils confirment que rien n’a été laisser de côté pour faire de cette mini-série une réussite totale … sauf que ça ne prend jamais !

On aime moins

Diane de Poitiers est la démonstration parfaite que la série télévisée ne peut pas se contenter de la forme, quand bien même elle serait très réussie, mais doit avant tout raconter une histoire. Le problème est ici qu’on a l’impression de ne jamais saisir ce que la série veut nous raconter et qu’on assiste à un enchaînement de scènes collées les unes les autres sans qu’elles ne racontent quelque chose. Et ça commence dès la première séquence, sortie de nulle part, où un groupe de personnes de nos jours visitent la crypte où repose Diane de Poitiers et la visite est assurée … par un robot … C’est mis là, on ne sait pas à quoi ça sert et on ne le saura jamais. Cette première scène pose d’ailleurs les bases de ce que devrait être la série à savoir « répondre au mystère de Diane de Poitiers, comprendre pourquoi elle devint à ce point un symbole » et bien qu’établissant ce postulat de départ, jamais la série n’y répondra. Pas même dans une ultime scène à la fin de la seconde partie, une scène virant au grotesque où l’on devine parmi les visiteurs de la crypte deux visiteurs joués par Hugo Becker et Isabelle Adjani (mais de nos jours) avec cette phrase prononcée par le robot : « Diane est morte d’avoir voulu rester éternellement jeune » et Adjani de répondre « La beauté n’a pas de prix » … Comme pour nous offrir un « grosssss » clin d’œil appuyé en fin de série ?

Il faut dire que si la distribution est parfaitement soignée, on ne peut pas dire qu’ils soient tous bien dirigés – Hugo Becker et Samuel Labarthe s’en sortent très bien – mais pour les autres, c’est problématique. Y compris Adjani qui ne nous permet jamais de croire qu’elle est Diane de Poitiers (outre la différence d’âge problématique entre l’actrice et le personnage qu’elle incarne), ni au début quand le personnage « démarre » dans cette vie, et encore moins dans ses derniers souffles où on a l’impression de voir la parodie qu’en a fait Florence Foresti dans On n’est pas couché.
En réalité, on a la sensation que cette mini-série est avant une démonstration dénuée d’émotion. Un peu comme une chanteuse à voix qui ne ferait qu’une démonstration vocale sans donner de corps au texte qu’elle chante. Josée Dayan donne davantage l’impression d’avoir voulu faire un coup en faisant tourner Adjani, comme Netflix avait fait un coup en faisant tourner Depardieu dans Marseille. C’est beau, c’est prestigieux mais ça ne dit rien !

Et un tel constat est dur à dire car on sait que Dayan est capable de produire de grandes et belles histoires, on y revient mais son Monte-Cristo était formidable à tous points de vue … à ceci près que c’était il y a 25 ans et que son style ne s’est visiblement pas « modernisé » avec les années et c’est vraiment dommage.
En 1972, l’ORTF proposait une série ambitieuse sur la grande Histoire à savoir Les rois maudits. Si Diane de Poitiers peut par moment nous la rappeler, elle n’en a pourtant ni la modernité, ni la puissance !

Diane de Poitiers
2×90 minutes
« La presque reine » le 7 novembre
« La plus que reine » le 14 novembre

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