On regarde ou pas ? Les papillons noirs (deuxième avis)

On vous a déjà parlé de Les papillons noirs ; on y revient avec un autre regard pour vous dire si, oui ou non, il faut vraiment regarder cette série. 

C’est quoi, Les papillons noirs ? Après un premier roman devenu un best-seller, Adrien Winckler (Nicolas Duvauchelle) peine à trouver l’inspiration. En attendant, il couche sur le papier les souvenirs d’anonymes. C’est ainsi qu’il est contacté par Albert Desiderio (Nils Arestrup), un vieux monsieur sympathique qui lui raconte son histoire d’amour avec Solange. Mais très vite, la romance bascule dans le road trip meurtrier : dans les années 1970 / 1980, ce couple de serial killers (Axel Gramberger / Alyzée Costes) a parcouru le Sud de la France en semant les cadavres derrière lui. Si Adrien est choqué et de plus en plus déstabilisé au fil des entretiens, il voit aussi dans le récit d’Albert le sujet idéal pour son deuxième livre. Il est pourtant loin de mesurer ce qu’implique pour lui l’histoire que lui raconte Albert. 

L’essentiel 

Coécrite et réalisée par Olivier Abbou (Maroni), Les papillons noirs a fait sensation lors du dernier festival Séries Mania. Largement saluée par la critique et le public, coup de cœur de notre rédacteur en chef Alexandre Letren, la série arrive sur arte.tv le 8 Septembre, avant la diffusion sur la chaîne les 22 et 29 septembre. 

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A la lecture du pitch, on a déjà une bonne idée du genre dans lequel vont nous plonger ces six épisodes : un thriller psychologique sombre, entre passé et présent. Dès la toute première scène, on comprend aussi qu’il s’agit d’une histoire plus complexe qu’il n’y paraît, que des indices ou allusions vont être distillés ça et là pour nous permettre d’essayer de deviner le fin mot de l’histoire. On a bien dit : essayer.  

Les entretiens de Adrien avec Albert sont entrecoupés de flash-back, au fur et à mesure que celui-ci raconte son histoire ; on suit également Adrien dans sa vie de couple et son travail d’écrivain ; on découvre peu à peu des bribes de son passé tourmenté ; apparaît également un flic lancé en solitaire dans une vieille enquête qui semble le toucher de près. On se doute que tous ces arcs narratifs finiront par se rejoindre – sans savoir quand, comment et pourquoi, Les papillons noirs déjouant toutes les expectatives et jouant (visiblement avec jubilation) avec le spectateur. 

On aime

Des thrillers, des histoires de tueurs en série, des écrivains plongés dans des affaires criminelles, des allers-retours entre passé et présent : on en a vu des dizaines et des dizaines. Mais pas forcément comme Les papillons noirs.  On sent qu’il y a un grand travail d’écriture : chaque élément arrive en temps et en heure, chaque détail est de toute évidence réfléchi sans pour autant que cela se ressente à l’écran. Tout semble naturellement amené, de sorte que l’on se laisse vite emporter par le récit en oubliant de chercher à élucider tous les mystères et toutes les questions qui, pourtant, transpirent à chaque instant. Les rebondissements (certains faciles à anticiper, d’autres impossibles à deviner) et révélations s’enchaînent… jusqu’à la toute dernière image, en post-générique. 

Il faut aussi saluer la performance de l’ensemble des acteurs. On connaît le talent de Nils Arestrup et il en fait une nouvelle fois la démonstration en se glissant dans la peau d’un Albert en apparence inoffensif mais dont on sent confusément la complexité et même la vraie nature au fil de son récit.  Dans le rôle de Winckler, Nicolas Duvauchelle laisse transparaître un malaise, une confusion, une rage tout au long des épisodes. Enfin, le duo formé par Gamberger et Costes est saisissant, le couple d’Albert et de Solange dans le passé  étant aussi attachant dans son histoire d’amour que terrifiant dans ce road trip sanglant en mode Tueurs Nés. 

On aime aussi

Les papillons noirs, c’est aussi un roman. Celui de Winckler dans la série…  et celui de l’auteur (pour l’instant) anonyme qui lui prête sa plume, aux éditions du Masque en Septembre.  Attention, ce n’est pas une novélisation, mais bien le livre écrit par le héros au cours des quatre premiers épisodes. Une démarche méta-fictionnelle intrigante et séduisante. 

On aime… ou pas

Les Papillons noirs frappe aussi par sa noirceur. Dans le propos évidemment, a fortiori parce que les crimes perpétrés par le couple touchent un sujet sensible et oh combien pertinent aujourd’hui ; mais aussi dans la mise en image sombre et angoissante, intensifiée par une musique oppressante. C’est un thriller étouffant, poisseux, violent – visuellement, narrativement, psychologiquement. 

On aime moins

Justement, il y a une violence omniprésente. Certaines scènes sont même difficiles à supporter : on pense à deux séquences particulièrement sanglantes dans le deuxième et le dernier épisodes, mais ce ne sont pas seulement les meurtres…Il faut donc avoir le cœur bien accroché. C’est toutefois une réserve toute relative puisqu’il s’agit d’une caractéristique de la série, inhérente à celle-ci et indispensable dans le contexte, mais aussi parce que le malaise que l’on ressent parfois est bien la preuve que Les Papillons noirs possède une puissance immersive indéniable. 

On regarde si… on est prêt à se laisser manipuler de bout en bout par un thriller redoutablement intelligent, à plonger dans une histoire obsédante dont on ne ressort pas indemne. 

On ne regarde pas si… on est du genre à tourner de l’œil devant Esprits Criminels, on veut une histoire classique et simple dont on comprend immédiatement les tenants et les aboutissants, on n’aime pas se faire retourner la tête par des scénaristes machiavéliques…  

Les papillons noirs
6 épisodes de 55′ 
Arte.TV

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