On regarde ou pas ? Reboot, sitcom et auto-parodie

Comme son titre l’indique, Reboot raconte le … reboot d’une sitcom fictive des années 90. Avec une bonne dose d’humour et de satire.

C’est quoi, Reboot ? Jeune scénariste, Hannah (Rachel Bloom) propose à Hulu de rebooter Step right in, une sitcom familiale ringarde mais qui a connu le succès dans les années 1990. Le casting d’origine – Reed (Keegan-Michael Key), Clay (Johnny Knoxville), Bree (Judy Greer) et l’ancien enfant star Zack (Calum Worthy)  – accepte de faire partie du nouveau projet. Mais si Hannah compte remodeler le ton de la série pour la rendre plus acerbe, c’est compter sans le showrunner de la série originale, Gordon (Paul Reiser)… qui est aussi son père et a abandonné sa famille quand elle était petite. Querelles d’ego, anciennes rivalités, évolution de l’industrie audiovisuelle et règlements de compte entre père et fille : le reboot s’annonce mouvementé. 

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L’essentiel

Reboot est née de l’imagination de Steven Levitan, co-créateur de Modern Family et scénariste vétéran des sitcoms. De son propre aveu, sa nouvelle série est un moyen de raconter de manière parodique et humoristique son expérience à la télévision, mais aussi d’ironiser sur les travers de l’industrie télévisuelle actuelle et notamment sur la vague de… reboots. 

Tout est dans le titre : Reboot raconte l’histoire… d’un reboot. Celui d’une sitcom fictive des années 90, Step right in, que Hannah, scénariste mainstream, décide de relancer avec un ton plus acerbe et réaliste. Ce qui n’est pas du goût du créateur de la série originale, Gordon. Or, celui-ci est aussi le père de Hannah et leur relation est loin d’être au beau fixe. Tandis que le père et la fille tentent de surmonter leurs différends, les  acteurs originaux dont la carrière a périclité, acceptent de reprendre leurs rôles respectifs. 

On aime

Reboot est une bonne comédie, légère et rythmée. Elle alterne entre humour potache, touches d’ironie et petites scènes touchantes, en s’appuyant sur sa galerie de personnages. En particulier les acteurs de la série originale qui font leur retour – principalement parce que leur carrière a tourné court.  Reed, formé à l’actors studio, n’a pas eu les rôles de prestige auxquels il aspirait (sa performance la plus récente ? Voix off dans  une publicité pour une crème contre les hémorroïdes) ; son ex Bree qui a épousé un aristocrate scandinave complexe sur son âge ; Clay est tombé dans la drogue et l’alcool ; à 24 ans, Zack joue les ados attardés dans des films improbables.  Ajoutez les auteurs de la série, entre vétérans de la comédie et jeunes scénaristes de la génération Z, et surtout le duo entre Hannah et Gordon. 

La dynamique la plus percutante reste celle qui s’établit tout de suite entre eux.  On découvre rapidement que Hannah est la fille de Gordon et que rebooter la sitcom est pour elle un moyen de raconter sa version de leur histoire familiale. Lorsque Gordon décide de s’impliquer dans la série, la tension monte entre le père et la fille non seulement à cause de leur histoire commune, mais aussi parce qu’ils ont deux visions radicalement différente de la comédie. Lui en revient aux gags classiques vieux d’il y a vingt ans, elle veut dépoussiérer la série en lui donnant un ton sarcastique.  

Reboot est à son meilleur lorsqu’elle se moque de l’industrie de la télévision. Le directeur des programmes de Hulu se vante de son incroyable audace (c’est lui qui a renouvelé The Handmaid’s Tale pour une cinquième saison) ; son équipe liste la litanie de reboots récents et vérifie que les acteurs de Step right in sont toujours vivants ; la vice-présidente de la section comédie avoue qu’elle a été nommée à ce poste grâce au rachat de la Fox par Disney et qu’elle n’a jamais regardé une sitcom de sa vie. Reboot est alors drôle et incisive, s’amuse avec son concept et raille sa propre plate-forme de diffusion. En guise de clin d’œil, les épisodes reprennent d’ailleurs les titres d’autres comédies comme New Girl,  Growing Pains ou Who’s the boss ?

On aime moins

Les personnages sont drôles… mais stéréotypés et ne réservent guère de surprise. Ils ne s’écartent pas vraiment de la caricature et, quand ils le font, c’est de manière attendue : leurs failles, leurs doutes sont ceux auxquels on s’attend dès le début. Et il faut accepter que certains acteurs surjouent, même si c’est de toute évidence ce qu’on attend d’eux. L’humour ne brille pas toujours par sa subtilité, certains gags sont faciles et typiques de ceux qu’on attend d’une sitcom. 

Et c’est finalement tout le paradoxe de Reboot. S’inscrivant en théorie dans la lignée de séries comme Episode, The comeback ou même BoJack HorseMan, elle n’est pas aussi percutante dans son ironie. On se moque de Hulu et des reboots .. mais c’est un reboot diffusé sur Hulu, et la série ne pousse pas les curseurs à fond, se contentant d’être gentiment taquine et bon enfant. Reboot finit par s’éloigner de la satire pour devenir précisément une série comme celles qu’elle semblait vouloir brocarder au départ : c’est une très bonne sitcom, mais il ne faut pas chercher plus loin. 

On regarde si… on aime les bonnes comédies simples et efficaces ; les dialogues enlevés nous font rire aux éclats ; on est attiré par le casting qui réunit des acteurs tels que Rachel Bloom, Keegan-Michael Key, Johnny Knoxville ou Paul Reiser ; on en a marre des reboots. 

On ne regarde pas si… on s’attend à une comédie mordante qui n’a pas peur de se fâcher avec tout le monde ; on préfère les dramédies subtiles qui poussent à réfléchir; on est président de Hulu et on est très susceptible. 

Reboot
8 épisodes de 25′ environ.
Le 2 Novembre sur Disney+.

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