On regarde ou pas ? Sentinelle, le nouveau film déjanté avec Jonathan Cohen

C’est dans quelques jours que Prime proposera Sentinelle, la comédie policière d’action avec Jonathan Cohen. Qu’on a pu voir !

C’est quoi Sentinelle ? François Sentinelle mène une double vie. Le jour, il est le flic le plus médiatique de l’Île de la Réunion, connu pour ses méthodes musclées et ses chemises à fleur, poursuivant les criminels à bord de son célèbre Defender jaune. Mais en dehors des heures de service (et bien souvent pendant), Sentinelle a un autre métier : chanteur de charme. Tous les Réunionnais ont dansé sur “Le Kiki”, son tube de jeunesse aujourd’hui un peu embarrassant. Depuis quinze ans, il essaye de renouer avec le succès en préparant un nouvel album… sans succès. Mais entre la police et la musique, Sentinelle ne veut pas choisir. Alors qu’il reste affairé à ses concerts et la sortie de son album, une vague de crimes violents secoue l’île et une figure de l’élite locale est kidnappée. Pour n’importe quel flic, ce serait l’affaire d’une vie. Mais Sentinelle, tout à sa musique, n’a pas vraiment la tête à enquêter.

L’essentiel

Dans Sentinelle, Jonathan Cohen retrouve Hugo Benamozig et David Caviglioli qui avaient réalisé le film Terrible Jungle pour une nouvelle comédie d’action policière dans laquelle tout le talent comique du comédien peut se donner à 100% (voire même 1000% tant les curseurs vont très loin). Dans ce film qui a tous les contours d’un pilote de série (on le voit avec la dernière scène), on retrouve tout ce qui fait de Jonathan Cohen le héros populaire de La Flamme ou du Flambeau. Action, comédie, et musiques sont au rendez-vous, avec un casting très fort puisqu’on retrouve à ses côtés Raphaël Quenard, Emmanuelle Bercot, Gustave Kervern, et Ramzy Bedia. Sentinelle s’inscrit vraiment dans la tradition des films parodiques français et aussi anglo-saxons.

On aime ? On aime pas ?

D’ordinaire on sépare les deux mais dans le cas présent, ce qui peut fait l’attrait du film peut aussi être ce qui le “dessert” par moment. Commençons par la star du film à savoir Jonathan Cohen. Sentinelle est un écrin pour lui, pour lui permettre de se donner à fond et faire ce qu’il sait faire. Il n’a pas son pareil pour jouer les idiots du village, héros malgré eux de l’histoire quand tout autour de lui est très premier degré (même si aussi incompétents). Avec ce personnage mi flic mi chanteur, Jonathan Cohen se laisse aller à ces deux plaisirs, quiconque l’a vu sur un tournage ou le connaît dans la vie de tous les jours n’est pas plus étonné que ça de découvrir ce nouveau personnage qui lui va comme un gant. Peut-être trop sans doute ! Si il est devenu en quelques années une vraie référence du rire en France, Jonathan Cohen doit faire attention à ne pas s’enfermer dans un type de personnage. Si François s’appelait en réalité Marc et qu’on était dans la saison 3 de La flamme, on accepterait tout “sans vraiment rien dire”. Là, à univers différent, on sera en droit d’attendre quelque chose de différent, de nouveau. Au lieu de ça, on se surprend à dire qu’il fait du “Jonathan Cohen” ce qui en soit est le signe qu’il a imposé quelque chose … ou qu’il se répète. C’est selon qu’on aime ou pas ! Nous sommes ici partagés même si on ne boude jamais notre plaisir et qu’il y a des moments bien sentis, notamment son titre (et clip) “Est-ce que tu regrettes ?”, qui à n’en pas douter devrait devenir culte !

Quelque soit le réalisateur ou le producteur, il y a une patte Jonathan Cohen qui se dessine au fil des projets (il est ici coproducteur et a aussi participé à retravailler le scénario). Un humour, des références claires, un goût assumé pour le kitsch : “On s’est beaucoup amusés à créer le registre musical de Sentinelle, entre François Valéry et Herbert Léonard, qui étaient mes références et qui sont porteurs d’un âge d’or du kitsch et d’une forme d’innocence. Sentinelle est un artiste assez ringard, qui chante des chansons d’amour désuètes, très années 80, à une époque qui n’y est plus du tout réceptive“. On sait pourquoi on l’aime (ou pas) un humour qui ne fait jamais dans la finesse mais qui demande une véritable intelligence d’écriture pour assumer et maîtriser à ce point le grand n’importe quoi … sans jamais dénaturer l’intrigue principale policière qui se tient très bien. C’est la manière de la suivre et de la résoudre qui est source de comédie, mais jamais, la partie “polar” ne nous semble un prétexte.

Côté référence, Jonathan Cohen assume qu’il y a dans Sentinelle l’esprit des frères Farrelly, d’Adam McKay ou encore de OSS 117. Mais certaines scènes nous rappellent aussi fortement Frank Drebin (Les lie Nielsen) dans la saga des ZAZ, Y-a-t-il un flic … (notamment cette scène hallucinante où, alors qu’un suspect est attaqué chez lui par deux hommes, Sentinelle chante et danse en mode boîte de nuit dans sa voiture). Comment ne pas y penser quand, à peine sorti du tournage de son clip, il doit arrêter un criminel qui s’échappe, qu’il lui tire dessus et le rate. Deux fois ! Reste donc un film fun, marrant, qui ne se prend pas au sérieux et qui nous fait passer un bon moment. On aurait juste aimer voir une autre prise de risque que l’univers habituel dans lequel on aime par ailleurs voir Jonathan Cohen.

A écouter aussi : Jonathan Cohen (Le Flambeau) | La loi des séries #586 | VL Média (vl-media.fr)

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